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Montesquieu: L'esprit des lois

Publié le 04/02/2010

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Paradoxalement, les deux ouvrages, qui valent sa gloire à Montequieu, sont l’un et l’autre « anonymes « : Les Lettres persanes paraissent en 1721, sans que soit mentionné le moindre nom d’auteur. Quant à L’Esprit des Lois qu’édite, à Genève, l’éditeur Barrillot, en 1748, il paraît sans nom d’auteur encre et sans même la date. Reste que ces œuvres d’un homme qui a pour parrain un mendiant, parce que son père veut qu’il se souvienne toujours que les pauvres sont ses frères, reste que cet homme, qui est reçu conseiller au Parlement de Bordeaux le 24 février 1714, qui a publié des Mémoires sur l’écho comme sur les maladies des glandes rénales ou sur la transparence des corps, change fondamentalement le regard que le siècle porte sur lui-même, sur son temps, sur la civilisation. Les Orientaux imaginaires des Lettres persanes mettent en pratique un regard qui commence d’être celui de la sociologie. Quant à L’Esprit des lois, que le libraire réédite à vingt-deux reprises, en à peine un an, il devient le livre de chevet du roi de Prusse, Frédéric II, la justification pour Catherine II de Russie pour sa politique autocrate, le président américain Jefferson l’annote et Marat en fait l’éloge. Vingt ans de rencontres, des années de voyage, de Naples à Augsbourg, de Cologne à La Haye, de Venise à Londres, lui ont permis d’élaborer le traité qui établit que le despotisme repose sur la crainte, la monarchie sur l’honneur, et la République sur la vertu ; ce traité préconise encore la séparation des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Cette exigence est inscrite dans La Constitution des Etats-Unis d’Amérique. Les textes qui ont tenté d’établir une monarchie constitutionnelle en France s’en inspire. Quel pressentiment a poussé le roi Louis XV à refuser à Montesquieu son agrément, lorsqu’il a été élu à l’Académie française ?

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« liberté des citoyens.

Mais il est aussi trop averti pour ne pas savoir que le pouvoir tend par nature à l'abus.

Aussifaut-il que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.

Telle est en substance la fameuse théorie dela séparation des pouvoirs dont Montesquieu admire le fonctionnement en Angleterre.

Il y a tyrannie lorsque le roijuge ou que le juge légifère ou exécute.

Le but de Montesquieu dansDe l'esprit des lois est de dégager le principe qui préside à existence des lois gouvernant une société.

PourMontesquieu, la forme du gouvernement est le facteur déterminant des lois dans tous les domaines (politiqueintérieure et étrangère, éducation, droit civil et criminel, etc.). Les trois régimes politiques et leurs principesLa tripartition des régimes politiques dégagés par Montesquieu est différente de celle que la tradition a reçue dePlaton et d'Aristote.

Il s'agit, en effet, non plus de classer les régimes en fonction du nombre des dirigeants (lamonarchie, gouvernement d'un seul; l'aristocratie, gouvernement de quelques-uns; la démocratie, gouvernement detous) mais en fonction du principe qui y préside: l'honneur est le principe du régime monarchique; la crainte est le principe du régime despotique; la vertu est le principe du régime républicain, lequel se divise en aristocratie et en démocratie selon que lasouveraine puissance est entre les mains d'une partie du peuple ou du peuple tout entier. Avec Montesquieu, la vertu prend un sens politique: elle signifie l'amour de la patrie ou l'amour des lois.

Lesrévolutionnaires de 1793 (Robespierre, Saint-Just) seront sur ce point les meilleurs disciples de Montesquieu —lequel pourtant n'était pas un républicain. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent.

— Montesquieu Préférer le monde à son paysUn homme politique français contemporain, sinistre sire qui a mis sur la place publique les injures et les plaisanteriesque l'on réservait autrefois aux murs des toilettes de gare, a un jour lancé qu'il préférait ses filles à ses cousines,ses cousines à ses voisines et ses voisines aux étrangères — et tous les braves électeurs d'applaudir une telleévidence.

Montesquieu avait dit à peu près le contraire: si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fûtpréjudiciable à ma famille, écrit-il, je le rejetterais de mon esprit.

Si je savais quelque chose qui fût utile à ma familleet qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l'oublier.

Et si je savais quelque chose utile à la patrie et qui fûtpréjudiciable à l'Europe et au genre humain, je le regarderais comme un crime.Il est étrange et désolant, sans même accorder trop d'importance à l'imbécile évoqué plus haut, comme en ce tempsde construction européenne et de mondialisation, pas un seul homme politique français, pas un seul intellectueln'ose plus parler comme le faisait Montesquieu il y a presque trois siècles de cela!. »

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