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MERLEAU-PONTY: PHILOSOPHIE, HISTOIRE ET VIE

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

merleau
Car il est inutile de contester que la philosophie boite. Elle habite l'histoire et la vie, mais elle voudrait s'installer en leur centre, au point où elles sont avènement, sens naissant. Elle s'ennuie dans le constitué. Étant expression, elle ne s'accomplit qu'en renonçant à coïncider avec l'exprimé et en l'éloignant pour en voir le sens. Elle peut donc être tragique, puisqu'elle a son contraire en soi, elle n'est jamais une occupation sérieuse, L'homme sérieux, s'il existe, est l'homme d'une seule chose à laquelle il dit oui. Les philosophes les plus résolus veulent toujours les contraires : réaliser, mais en détruisant, supprimer, mais en conservant. Ils ont toujours une arrière-pensée. Le philosophe donne à l'homme sérieux - à l'action, à la religion, aux passions - une attention peut-être plus aiguë que personne, mais c'est là justement qu'on sent qu'il n'en est pas. [...] Le philosophe de l'action est peut-être le plus éloigné de l'action : parler de l'action, même avec rigueur et profondeur, c'est déclarer qu'on ne veut pas agir, et Machiavel est tout le contraire d'un machiavélique : puisqu'il décrit les ruses du pouvoir, puisque, comme on l'a dit, il « vend la mèche ». Le séducteur ou le politique, qui vivent dans la dialectique et en ont le sens ou l'instinct, ne s'en servent que pour la cacher, C'est le philosophe qui explique que, dialectiquement, un opposant, dans des conditions données, devient l'équivalent d'un traître. Ce langage-là est juste le contraire de celui des pouvoirs ; les pouvoirs, eux, coupent les prémisses et disent plus brièvement ; il n'y a là que des criminels. Les manichéens qui se heurtent dans l'action s'entendent mieux entre eux qu'avec le philosophe : il y a entre eux complicité, chacun est la raison d'être de l'autre, Le philosophe est un étranger dans cette mêlée fraternelle. Même s'il n'a jamais trahi, on sent, à sa manière d'être fidèle, qu'il pourrait trahir, il ne prend pas part comme les autres, il manque à son assentiment quelque chose de massif et de charnel... Il n'est pas tout à fait un être réel.MERLEAU-PONTY

DIRECTIONS DE RECHERCHE    • En quoi peut-on soutenir que « parler de l'action... c'est  déclarer qu'on ne veut pas agir « ?  • Que signifie « dialectique « ici ?  • Quelles « prémisses « « coupent les pouvoirs « ?  En quoi le langage « des pouvoirs « est-il juste le contraire de celui du « philosophe « qui explique que, dialectiquement, un opposant, dans des conditions données, devient l'équivalent d'un traître ?  • En quoi y a-t-il « complicité entre les manichéens qui se heurtent dans l'action ?  • En quoi (et pour qui ?) « le philosophe « «n'est pas tout à fait un être réel « ?  • En quoi peut-il apparaître que la différence entre la philosophie et l'homme est la même que celle « entre celui qui comprend et celui qui choisit « ?  • Ce texte est-il une réflexion sur ce qu'est la philosophie ? Sur ce qu'est la philosophie de l'action ? Sur le philosophe de l'action et l'homme d'action ? Ou ce texte est-il une tentative de penser — à partir de l'écart philosophe de l'action et homme d'action — une particularité essentielle de l'homme ?  • Apprécier l'intérêt philosophique de ce texte.

merleau

« choses et l'état des choses mêmes.

Il y a une sorte de dévaloriser de la parole qui au lieu de réinsérer le philosophedans le monde de l'action, l'en éloigne encore davantage puisqu'elle reproduit la séparation dont parler l'auteur aupremier paragraphe, entre l'exprimé et l'expression.

En tant que le langage est toujours système de signe, il s'ordonne autour de l'idée d'arbitraire, de sorte que le signe est plutôt ce qui tend à séparer le sensible etl'intelligible.

3.

Le philosophe ne fait pas parti de la "mêlée"La dialectique peut être défini comme un art de la discussion, dans lequel des éléments opposés s'affrontent.

C'estpour cela que les hommes d'actions qui se heurtent sont à chacun leur raison d'être.

S'il n'y a plus d'opposant, il n'ya plus de dialectique et toutes l'action des hommes de pouvoir semblent s'effondrer.

Le philosophe n'a pas de placeparmi les hommes d'actions, parce qu'il refuse de trancher, d'adopter une position définie, manichéenne mais commele laisse à penser la phrase " dialectiquement, un opposant, dans des conditions données, devient l'équivalent d'un traître", refuse la généralité et réfléchit sur les conditions de vérité de la définition( " dans des conditions données"signifie qu'elles sont à définir et qu'il n'y a pas d'absolu).Dès lors, le philosophe peut trahir, non pas tant parce qu'il pourrait s'opposer mais parce qu'il ne respecte pas lesrègles du jeu de l'action et qu'il n'est pas impliqué dans le sensible et l'acte et dans les conséquences de celui-ci.

Lephilosophe n'engage pas sa personne dans un sens physique mais fait valoir la pensée, l'accession au vrai.C'est pour cela que Merleau-Ponty affirme que le philosophe "n'est pas tout à fait un être réel", il se vit dans unmonde détaché du sensible, qui d'ailleurs souvent est pensé par lui comme au-dessus du sensible.

Ainsi, Merleau-Ponty ici dessine deux mondes bien distincts, celui de la philosophie qui est expression, constructionde signes, et l'exprimé, le sensible ou encore le vécu.

Il met à mal l'idée que la philosophie peut tout penser, toutréfléchir et peut même avec Marx transformer le monde et la réalité.

Certes, c'est le désir de la philosophie mais quiest contradictoire avec son exigence de retrait, mise à distance de ce qu'il y a à penser.

Il remet aussi en cause lepouvoir de la parole, du langage qui ne fait que reproduire et accroitre cette distance avec l'action, le spontané, leconcret.

Dès lors, dès qu'il parle, le philosophe se retire du monde et se coupe toute possibilité d'action.

Il n'est pasalors reconnu par l'opinion publique comme faisant parti des siens, mais est vu comme celui qui ne respecte pas lesmêmes règles qu'elle et qui vit dans un monde étranger au sien.Il faut cependant savoir que loin d'approuver cet état de fait, le philosophe dans ses oeuvres cherche à s'endétacher pour créer une nouvelle voie.

Beaucoup ont été influencé par sa pensée, notamment Laruelle qui a crée leconcept et la discipline qu'il appelle la "non-philosophie". MERLEAU-PONTY (Maurice).

Né à Rochefort-sur-mer en 1908, mort à Paris en 1961.Il fut professeur à l'Université de Lyon, à la Sorbonne, et, à partir de 1952, au Collège de France.

Disciple deHusserl, il fonda avec Sartre Les temps modernes.

Il s'est surtout occupé de philosophie psychologique, et s'estintéressé à l'existentialisme dans ses rapports avec le marxisme. Oeuvres principales : La structure du comportement (1941), Phénoménologie de la perception (1945), Humanisme et terreur (1947), Sens et non-sens (1948), Eloge de la philosophie (1953), Les sciences de l'homme et laphénoménologie (1953), Les aventures de la dialectique (1955), Signes (1961).. »

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