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Merleau-Ponty et le marxisme

Publié le 01/04/2009

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Si le marxisme, après avoir pris le pouvoir en Russie et s'être fait accepter par un tiers du peuple français, semble incapable aujourd'hui d'expliquer dans son détail l'histoire que nous vivons, si les facteurs de l'histoire qu'il avait dégagés sont aujourd'hui mêlés dans le tissu des événements à des facteurs nationaux et psychologiques qu'il considérait comme secondaires, et recouverts par eux, n'est-ce pas la preuve que rien n'est essentiel en histoire, que tout compte également, qu'aucune mise en perspective n'a de privilège, et n'est-ce pas au scepticisme que nous sommes conduits ? La politique ne doit-elle pas renoncer à se fonder sur une philosophie de l'histoire, et, prenant le monde comme il est, quels que soient nos voeux, définir ses fins et ses moyens d'après ce que les faits autorisent ? Mais on ne se passe pas de mise en perspective ; nous sommes, que nous le voulions ou non, condamnés aux voeux, aux jugements de valeur, et même à la philosophie de l'histoire. Merleau-Ponty

• Quelle est l'idée générale du texte ? Totalisation historique et jugements de valeurs doivent guider la politique, qu'on ne saurait abandonner ni à une vision sceptique, ni à un pur et simple «réalisme«, coupé des valeurs éthiques.  • Le problème soulevé par ces lignes concerne l'idée de totalité historique : est-il possible de voir dans l'histoire humaine une totalité en mouvement vers un état privilégié donnant sens à l'ensemble ?  • Le plan des lignes proposées à notre étude est le suivant : dans la première partie («Si le marxisme [...] conduits ?■>), Merleau-Ponty pose la question de savoir si le relativisme et le scepticisme historiques n'apparaissent pas comme les fruits de la situation politique de 1945. Dans la seconde («La politique [...] autorisent ?«), il en vient également à l'idée de la légitimité de l'abandon d'une philosophie de l'histoire, comme conséquence de celte même situation. Dans la troisième'partie(4Aais[...] histoire«), enfin, Merleau-Ponty remet en question son hypothèse sceptique, en revenant à la nécessité des valeurs morales, mais aussi des vues globalisantes, si l'on veut comprendre l'histoire et le devenir humain et donner un sens à la politique.

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« continuellement et de se résoudre en même temps que réside précisément le mouvement » [Anti-Dühring, p.150].Le deuxième emprunt à Hegel est celui de « la loi d'après laquelle de simples changements dans la quantité,parvenus à certain degré, amènent des différences dans la qualité » [Le Capital, I.

I, t.

1, p.

302].

Lesexemples les plus classiques d'application de cette loi sont le passage de l'eau à l'état solide au-dessous de 0°C, sous pression atmosphérique normale, ou son passage à l'état gazeux au-dessus de 100 °C.

D'autresexemples peuvent être pris en chimie, en physique ou ailleurs.

Dans l'histoire, la transformation descommerçants en capitalistes ou le passage de la manufacture à la grande industrie, ou bien encore la naturede la coopération dans le travail, illustrent la permanence de cette loi.Enfin, le troisième emprunt à Hegel est celui de la négation de la négation, constitutif de la contradiction et deson dépassement.

Là aussi, Marx et Engels transfèrent la loi de la seule sphère de la pensée telle qu'ellefonctionne dans la logique de Hegel vers le monde réel.

Engels prend l'exemple simple du cycle d'un grain d'orgepour illustrer son propos : un grain d'orge qui germe « disparaît en tant que tel, il est nié, remplacé par laplante née de lui, négation du grain.

Mais quelle est la carrière normale de cette plante ? Elle croît, fleurit, seféconde et produit en fin de compte de nouveaux grains d'orge et aussitôt que ceux-ci sont mûrs, la tigedépérit, elle est niée pour sa part.

Comme résultat de cette négation de la négation, nous avons derechef legrain d'orge du début, non pas simple, mais en nombre dix, vingt, trente fois plus grand » [Anti-Dühring, p.165].Dans l'histoire, les exemples ne manquent pas de négation de la négation conduisant chez Marx et Engels auconcept de dépassement signifiant la transformation d'un extrême en son contraire, c'est-à-dire l'avènementd'une nouvelle situation issue de la contradiction précédente.Pour Marx, la négation de la négation est le fondement même de l'inéluctabilité du communisme, expropriant lesexpropriateurs : dans la phase d'accumulation primitive du capital, les producteurs immédiats (petite propriétéprivée reposant sur le travail personnel) sont expropriés et dessaisis de leurs moyens de production.

Puis, enraison de la concurrence et du développement des forces productives, le capital se concentre tandis que larésistance et les luttes de la classe ouvrière se renforcent.

« Le monopole du capital devient une entrave pourle mode de production qui a grandi et prospéré avec lui et sous ses auspices.

La socialisation du travail et lacentralisation de ses ressorts matériels arrivent à un point où elles ne peuvent plus tenir dans leur enveloppecapitaliste.

Cette enveloppe se brise en éclats.

L'heure de la propriété capitaliste a sonné.

Les expropriateurssont à leur tour expropriés.

L'appropriation capitaliste, conforme au mode de production capitaliste, constituela première négation de cette propriété, privée qui n'est que le corollaire du travail indépendant et individuel.Mais la production capitaliste engendre elle-même sa propre négation avec la fatalité qui préside auxmétamorphoses de la nature.

C'est la négation de la négation » [Le Capital, 1.

I, t.

3, p.

205].La démonstration par la négation de la négation de la nécessité historique de la fin du capitalisme (d'ailleursannoncée dans le même texte comme plus rapide que sa genèse, en raison du caractère collectif de laproduction) peut laisser perplexe en cette fin de siècle.

Si la loi conserve sa validité, l'application qu'en faitMarx à l'échelle macrohistorique ne tient pas compte des tendances et des capacités que possède lecapitalisme A ri provisoirement ses crises.

Marx avait pourtant fait état de celles-ci, comme à propos de labaisse tendancielle du taux de prolo, en insistant sur le fait qu'il ne s'agissait que d'une tendance puisqueexistaient des solutions limitées et provisoires à cette baisse du taux de profit.

Mais surtout, Marx n'a pasenvisagé toutes les ressources que pouvait retirer le capitalisme pour sa survie des processus de production deplus-values relatives, c'est-à-dire de réduction des prix des marchandises conduisant à une élévation desniveaux de vie des salariés et au ouatage des contradictions sociales. L'histoire est alors avant tout l'histoire de la lutte des classes, comme le précise Marx et Engels dans le "Manifestedu parti communiste".

Les individus agissent ainsi dans l'histoire en fonction des forces sociales (ou infrastructures)qui les déterminent et non des idéaux ou des buts qu'ils se fixent lucidement (ou superstructures).

Les facteurspsychologiques ne sont alors considérés que comme des produits des rapports de classes et des modes deproduction.

C'est donc une pensée de l'histoire qui préside à une compréhension du monde.

Merleau-Ponty montrealors que cette pensée de l'histoire n'a pu permettre de penser vraiment le monde ou a négligé des facteursimportants.

De là, il s'agit de se questionner si on peut se passer d'une philosophie de l'histoire.

Ne faut-il passeulement prendre le monde tel qu'il est.

Or, il s'agit de se demander si une telle attitude qui consiste à en resteraux faits et à les constater, ne conduit pas à refuser tout jugement de valeur.

Agir, n'est-ce pas toujours se fixerdes fins auxquelles nous accordons une valeur ? Vivre, agir et penser le monde implique une philosophie de l'histoireque l'on peut penser au plus proche et attentive à la réalité. L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes de classes...

MARX A l'occasion de l'édition de 1883 du Manifeste du parti communiste, Friedrich Engels souligne, pour en attribuerd'ailleurs la paternité à Marx, ce qui avait été l'idée maîtresse de cet ouvrage.

Puisque « la production économiqueet la structure sociale qui en résulte nécessairement forment, à chaque époque, la base de l'histoire politique etintellectuelle de l'époque », le Manifeste affirme que « toute l'histoire a été une histoire de luttes de classes ».

Maisla démonstration à laquelle se livre Marx ne s'arrête pas là : rendant intelligible le passé de l'humanité, elle enannonce également l'inéluctable avenir.

En effet :« Cette lutte a actuellement atteint une étape où la classe opprimée et exploitée (le prolétariat) ne peut plus selibérer de la classe qui l'exploite et l'opprime sans libérer en même temps et pour toujours la société entière del'exploitation, de l'oppression et des luttes de classes.

». »

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