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Merleau-Ponty: Communication et langage

Publié le 08/05/2005

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Il est vrai que la communication présuppose un système de correspondances tel que celui qui est donné par le dictionnaire, mais elle va au-delà, et c'est la phrase qui donne son sens à chaque mot, c'est pour avoir été employé dans différents contextes que le mot peu à peu se charge d'un sens qu'il n'est pas possible de fixer absolument. Une parole importante, un bon livre imposent leur sens. C'est donc d'une certaine manière qu'ils le portent en eux. Et quant au sujet qui parle, il faut bien que l'acte d'ex-pression lui permette de dépasser lui aussi ce qu'il pensait auparavant et qu'il trouve dans ses propres paroles plus qu'il ne pensait y mettre, sans quoi on ne verrait pas la pensée, même solitaire, chercher l'expression avec tant de persévérance. La parole est donc cette opération paradoxale où nous tentons de rejoindre, au moyen de mots dont le sens est donné, et de significations déjà disponibles, une intention qui, par principe, va au-delà et modifie, fixe elle-même en dernière analyse le sens des mots par lesquels elle se traduit. M. MERLEAU-PONTY

QUESTIONNEMENT INDICATIF    • Que « présuppose la communication «?  • Pouvez-vous donner des exemples illustrant l'affirmation :  « C'est la phrase qui donne son sens à chaque mot «?  • D'où vient le sens d'un mot selon Merleau-Ponty ?  • Est-ce que, pour Merleau-Ponty, « l'acte d'expression « se réduit à une simple traduction d'une pensée préexistante à l'acte d'expression ?  • Qu'est-ce qui est « traduit « par les mots ?  • Quelles sont les « preuves « avancées par Merleau-Ponty ?  • Quel est l'enjeu de ce texte ? Contre qui (ou quoi) polémique-t-il implicitement ?  • En quoi ce texte présente-t-il un intérêt philosophique ?

 

Voici un sujet consacré à la communication, conçue ici comme l'acte de transmettre et d'échanger des signes linguistiques. Plus précisément, c'est la parole, acte d'expression individuel, qui se trouve ici envisagée et analysée, il y a du paradoxe et de l'énigme en elle : si le sens des mots est fixé, la parole transcende néanmoins des significations préexistantes. Un texte que vous ne pourrez expliquer et décrypter que si vous définissez avec précision le stock de termes présents : phrase, mot, parole, expression, intention, sons, etc. Notez bien qu'aux yeux de Merleau-Ponty, c'est la globalité de l'intention et du langage qui prévaut par rapport aux éléments. Le tout du langage éclaire la partie.

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« modernes : langue et parole.3 - L'analogie avec l'expression esthétiqueLe troisième axe se situe dans le prolongement logique des deux précédents.

Le sens n'est pas dans la langue, dumoins en son intégralité, mais à l'extérieur, dans la volonté de celui qui parle, comme dans la démarche esthétique,dans celle de celui qui crée.

D'où l'analogie développée par Merleau-Ponty entre le peintre et le sujet derenonciation : ils produisent du sens et ne le transcrivent pas.

Le sens n'est pas entièrement séparable de l'intentionsignifiante, il lui est au moins partiellement coextensif.

(Voir ici les premières pages de Qu'est-ce que la littérature ?de J.

P.

Sartre où l'on trouvera des développements voisins.) Éléments de discussion 1 - D'où provient le sens ?Le texte est tout entier construit autour de l'idée que le sens n'est pas déposé dans la langue, mais résulte d'unerencontre entre elle et la volonté d'expression d'un sujet qui se l'approprie.

Quelle origine est-il possible d'assigner àcette intention de signification ? Ne s'agit-il pas en réalité d'une illusion, d'une méconnaissance ? A la mêmequestion, le surréalisme répond qu'il faut faire rendre au langage ses potentialités occultées par le quotidien ; lesens est à redécouvrir dans les plis de la langue.

Pour la psychanalyse, l'enracinement de la signification n'est pas àrechercher dans une volonté consciente, mais dans la structuration de l'inconscient.

« ça parle » dit Lacan, voulantindiquer par là que nous sommes soumis au discours de l'inconscient (le ça) et que nous ne maîtrisons pas notreparole. 2 - Structure et paroleDans la plupart des théories linguistiques contemporaines, issues des recherches de Saussure, la parole, productionindividuelle, n'est pas l'objet d'étude, parce qu'elle échappe par principe à l'approche scientifique.

Seule la langue,susceptible de généralisation, peut être analysée.

Cette dichotomie fausse les rapports entre le linguiste et lephilosophe, dans la mesure où le projet de ce dernier se situe à l'articulation des deux notions.

Comme le faitremarquer Paul Ricœur, loin d'être satisfait du rejet de la parole hors de la linguistique, le philosophe s'assigne pourtâche de comprendre comment elle est possible, à partir de l'existence du code.

C'est précisément ce que tented'expliquer Merleau-Ponty. 3 - La place du sujetMerleau-Ponty nous conduit au centre d'un problème philosophique qui occupe aujourd'hui encore les recherches surle langage : la notion de sujet.

La perspective du texte suppose un sujet auquel est rapporté l'acte d'expression.C'est à son existence que l'on doit ce débordement du donné initial, cette élaboration d'un matériau qui, par lui-même, ne signifie pas encore complètement.

L'analogie proposée par l'auteur avec le processus de la productionpicturale, nous rapproche en fait, du problème de la création.

Le sujet parlant se comporte à l'égard de la languecomme l'artiste face à ses matériaux ; il crée à partir de matériaux préexistants et de règles.

Il nous semble qu'untel point de vue est conciliable avec les conceptions de la grammaire générative de Chomsky, mais non avec lalinguistique structurale.

Cette dernière, en effet, ne pose jamais la question du sujet, elle l'exclut de sa réflexion,alors que Chomsky le réintègre, mais il faut postuler, pour cela, une forme de transcendance. Conclusion Le langage et les mots furent définis par les dictionnaires et le sens commun.

Chaque être pouvait donc s'y référer.Mais la psychanalyse et la linguistique soulignent un point de vue assez différent.

D'une part, l'inconscient s'exprimeet nous n'arrivons pas toujours à contrôler la parole.

T)'autre part, le sujet fonde une relation, produit un code.Merleau-Ponty insiste sur l'intention qui unit celui qui parle à un système général de mots.

MERLEAU-PONTY (Maurice).

Né à Rochefort-sur-mer en 1908, mort à Paris en 1961.Il fut professeur à l'Université de Lyon, à la Sorbonne, et, à partir de 1952, au Collège de France.

Disciple deHusserl, il fonda avec Sartre Les temps modernes.

Il s'est surtout occupé de philosophie psychologique, et s'estintéressé à l'existentialisme dans ses rapports avec le marxisme. Oeuvres principales : La structure du comportement (1941), Phénoménologie de la perception (1945), Humanisme et terreur (1947), Sens et non-sens (1948), Eloge de la philosophie (1953), Les sciences de l'homme et laphénoménologie (1953), Les aventures de la dialectique (1955), Signes (1961).. »

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