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MARX: Salaire et temps de travail

Publié le 27/02/2008

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Le salaire n'est donc pas la part du travailleur dans la marchandise qu'il a produite. Le salaire est la part de marchandise déjà existantes avec laquelle le capitaliste achète, pour son usage, une certaine somme de travail productif. Le travail est donc une marchandise que son possesseur, le salarié, vend au capital. Pourquoi le vend-il ? Pour vivre. Mais le travail est aussi l'activité vitale propre au travailleur, l'expression personnelle de sa vie. Et cette activité vitale, il la vend à un tiers pour s'assurer les moyens nécessaires à son existence. Si bien que son activité vitale n'est rien sinon l'unique moyen de subsistance. Il travaille pour vivre. Il ne compte point le travail en tant que tel comme faisant partie de sa vie ; c'est bien plutôt le sacrifice de cette vie. C'est une marchandise qu'il adjuge à un tiers. C'est pourquoi le produit de son activité n'est pas le but de son activité. Ce qu'il produit pour lui-même, ce n'est pas la soie qu'il tisse, l'or qu'il extrait de la mine, le palais qu'il élève. Ce qu'il produit pour lui-même, c'est le salaire ; et la soie, l'or, le palais se réduisent pour lui à une certaine quantité de moyens de subsistance, tels qu'une veste de coton, de la menue monnaie et le sous-sol où il habite. Voilà un ouvrier qui, tout au long de ses douze heures tisse, file, perce, tourne, bâtit, creuse, casse ou charrie des pierres. Ces douze heures de tissage, de filage, de perçage, de travail au tour ou à la pelle ou au marteau à tailler la pierre, l'ouvrier les considère-t-il comme une expression de son existence, y voit-il l'essentiel de sa vie ? Non, bien au contraire. La vie commence pour lui quand cette activité prend fin, à table, au bistrot, au lit. Les douze heures de travail n'ont pas de sens pour lui en ce qu'il les passe à tisser, à filer, à tourner, mais en ce qu'il gagne de quoi aller à table, au bistrot, au lit. Si le ver à soie filait pour joindre les deux bouts en demeurant chenille, il serait le salarié parfait.MARX

Au XIXème siècle apparaît un tournant dans la production et dans le travail. Les nouveaux moyens de production changent considérablement les données. Marx est un des premiers à réfléchir sur la situation des ouvriers. Son ouvrage sur le capital réfléchit sur la valeur du produit et sur la valeur du travail. Les nouvelles techniques de travail, notamment le taylorisme, font de l’ouvrier un simple automate à répéter une même tâche. Bien sûr, cela vise l’efficacité et la productivité. Mais que devient le travail pour l’ouvrier ? Marx prend ici à rebours les conceptions traditionnelles du travail selon lesquelles celui-ci serait l’activité la plus noble de l’homme et un moyen pour lui de s’humaniser. Il s’agit de voir pourquoi les données changent pour l’ouvrier. Qu’est-ce que son salaire ? Pourquoi travaille-t-il ? Pourquoi son travail ne fait plus partie intégrante de sa vie ?

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« un salaire pour pouvoir jouir de son temps de repos, de loisir.

« Les douze heures de travail n'ont pas de sens pourlui en ce qu'il les passe à tisser, à filer, à tourner, mais en ce qu'il gagne de quoi aller à table, au bistrot, au lit ».- Cette situation décrite par Marx semble dramatique.

Il n'est pas sûr que cela se soit réellement amélioréaujourd'hui.

Or, ne faire du travail qu'un moyen de gagner de l'argent, c'est faire une société d'hommes malheureuxmais appauvrir l'humanité tout entière.

Il faut pouvoir retrouver un travail qui puisse apporter quelque chose auxindividus.

Il ne s'agit, dès lors, non plus uniquement de produire mais d'accomplir des actions intelligentes etépanouissantes, c'est-à-dire de faire vivre le travail sur le mode du loisir. Ainsi, le travail de l'ouvrier ne devient une marchandise comme une autre.

Il perd toute sa valeur, tout son potentield'épanouissement pour n'être plus qu'un moyen de subsister, de gagner de l'argent.

Le travail devient donc uneparenthèse dans la vie de l'ouvrier qui lui permet de vivre en dehors.

Mais ce travail est en même temps un sacrificepuisqu'il y perd ses forces et son temps.

Le travail est ce qui distingue l'homme de l'animal.

C'est par lui que noussommes humains, parce que nous sommes conscients de notre activité.

L'homme se contemple dans le monde qu'il acréé.

C'est dans la transformation que l'homme s'affirme comme homme.

Autrement dit, si le travail apparaît commeétranger, l'homme perd son essence.

La vie de l'ouvrier se trouve ainsi totalement réduite. SUPPLEMENT: C'est dans la phase initiale de sa pensée que Marx écrit : « Ce qui est animal devient humain, ce qui est humain devient animal ». Ce qui est humain, c'est le travail.

Or, dans les « Manuscrits de 1844 », encore marqués par l'influence de Hegel , si le travail est principiellement formateur, sa forme contemporaine (le travail à la chaîne) devient aliénante,abêtissante, inhumaine.

En clair, le travail de vient animal. Les « Manuscrits » appartiennent à la phase initiale de la pensée du jeune Marx .

Notre auteur n'y est pas encore en possession des principales catégories de sa pensée.

Le matérialisme historique n'est pas parvenu à la formulationqu'il acquerra dans la maturité.

D'une part, Marx s'y montre plus proche d'une réflexion proprement politique, qui passera ensuite au second plan (ou se verra réélaborée après les analyses économiques du « Capital »).

D'autre part, Marx y est encore tributaire d'une lecture essentialiste, moins historienne que par la suite.

C'est ainsi qu'il prétend définir une essence du travail qui se voit pervertie par les formes modernes de production. Marx est alors très marqué par un passage de la « Phénoménologie de l'esprit » de Hegel , la dialectique du maître & de l'esclave.

Dans ce mouvement, qui fait suite à l'épisode de la lutte à mort pour la reconnaissance, Hegel montre que la libération véritable de l'humanité ne vient pas du maître, qui ne domine que symboliquement le monde, mais de l'esclave.

C'est par la discipline qu'impose le travail que l'homme s'éduque etdomine, réellement cette fois, la matière. Si le travail, qui est humain, devient animal, c'est tout d'abord que seul l ‘homme, au sens propre, travaille.

Certes,certains animaux « fabriquent » ; castors, abeilles « construisent ».

Mais cette activité est instinctive, la règle de construction est, si l'on veut, donnée par la nature.

Le travail spécifiquement humain est tout autre.

Comme le ditMarx dans le « Capital » : « Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la celluledans sa tête avant de la construire dans la ruche .

» La perfection de la ruche n'est que la contrepartie d'une activité instinctive, « machinale », non pensée, non voulue. Le travail spécifiquement humain n'émerge que lorsque est en jeu la totalité de nos capacités.

Il faut imaginer etconcevoir ce que l'on va produire.

L'existence de l'objet est tout d'abord idéelle, c'est un projet, une anticipation,quelque chose qui vient bien de l'homme et non de l'instinct, cad de la nature.

A partir de ce projet, il faut aussi lavolonté effective de fabriquer, de manière ordonnée, planifiée, rigoureuse.

Enfin il faut mettre en branle unehabileté, une force, un talent physique. Dans le moindre objet fabriqué est donc investie la totalité de nos capacités (imagination, conception, déduction,volonté, habileté, force).

Cet investissement fait de l'objet fabriqué un objet humain, qui objective nos capacité, etcela confère de la valeur à l'objet et le rend respectable.

Si l'objet fabriqué –même mal- par le plus mauvais artisan,vaut mieux que la cellule la plus réussie de l'abeille la plus experte, c'est que, dans le premier, on contemple del'humain, l'activité humaine objectivée.

En ce sens, le travail est humain, et même uniquement humain. Il s'ensuit deux choses.

D'abord, par le travail l'homme s'éduque, se forme, s'humanise.

Que le travail soit pénible,astreignant, fastidieux, n'y change rien.

Face à l'étymologie du terme « travail » (« tripalium » = instrument de torture) ou de la malédiction biblique (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »), les modernes, et surtout Hegel puis Marx , rétorquent que c'est par le travail que l'homme se fait homme, passe d'une activité instinctive à une activité pensée, d'une spontanéité animale à une discipline rationnelle. Mais ce premier point est corrélatif du second.

Le travail humain requiert la discipline et la mise en œuvre de toutesnos capacités intellectuelles & physiques.

On ne sépare pas ici la conception du travail de son exécution ; l'esprit se. »

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