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Marx: les économistes et la societe bourgeoise

Publié le 19/04/2009

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Les économistes ont une singulière manière de procéder. Il n'y a pour eux que deux sortes d'institutions, celles de l'art et celles de la nature. Les institutions de la féodalité sont des institutions artificielles, celles de la bourgeoisie sont des institutions naturelles. Ils ressemblent en ceci aux théologiens, qui, eux aussi, établissent deux sortes de religions. Toute religion qui n'est pas la leur est une invention des hommes, tandis que leur propre religion est une émanation de Dieu. Soi-disant que les rapports actuels - les rapports de la production bourgeoise - sont naturels, les économistes font entendre que ce sont là des rapports dans lesquels se crée la richesse et se développent les forces productives conformément aux lois de la nature. Donc ces rapports sont eux-mêmes des lois naturelles indépendantes de l'influence du temps. Ce sont des lois éternelles qui doivent toujours régir la société. Ainsi il y a eu de l'histoire, mais il n'y en a plus. Il y a eu de l'histoire, puisqu'il y a eu des institutions de féodalité, et que dans ces institutions de féodalité on trouve des rapports de production tout à fait différents de ceux de la société bourgeoise, que les économistes veulent faire passer pour naturels et partant éternels. MARX

QUESTIONNEMENT INDICATIF • Que signifient précisément « art « et « nature « dans la phrase : « Il n'y a pour eux que deux sortes d'institutions, celles de l'art et celles de la nature «? • Quel rapport existe-t-il entre d'une part « les institutions artificielles « et « les institutions naturelles « et d'autre part « religion, invention des hommes « et « religion, émanation de Dieu « ? • Quelle peut être la fonction de cette comparaison? Que cherche à faire apparaître Marx en comparant « les économistes « aux  « théologiens «? • De quels économistes s'agit-il? • Expliquer « il y a eu de l'histoire mais il n'y en a plus «. • Quel est l'enjeu de ce texte? — Déterminer ce qu'est l'histoire? Comparer l'économie à la théologie? Discréditer « les économistes «? Penser les rapports économiques comme non éternels mais temporels? Avec quel(s) corollaire(s)?

  • Dans ce texte très dense, Marx nous fait part des intuitions les plus fondamentales de sa théorie, depuis la critique des thèses de l’économie classique jusqu’aux bouleversements qu’entend introduire le marxisme notamment par l’introduction d’un matérialisme dialectique d’inspiration hégélienne. Cependant, avant de nous payer de grands mots, examinons précisément la progression de l’argumentation : Marx entame son propos par la distinction entre « art « et « nature «, c’est-à-dire entre les productions humaines et les institutions divines ou entre le temporaire et l’éternel. Par-là se trouve cautionné un certain type de rapports : ceux de la production bourgeoise, c’est-à-dire capitaliste et qui tendent à s’assimiler aux seuls valables ou naturels. Enfin, l’évocation de l’histoire sous l’espèce du seul passé – « il y a eu de l’histoire, puisqu’il y a eu des institutions de féodalité… « – permet de s’interroger sur la nécessité d’introduire l’idée d’un processus historique dynamique, propre à dissoudre l’illusion de rapports éternels : c’est le matérialisme dialectique. Après avoir mis à nu ses articulations, décortiquons maintenant le texte et ses arguments, en nous référant aux concepts marxiens (NB : nous disons « marxiens «, plutôt que « marxistes «, pour ne pas confondre la doctrine elle-même de Marx avec tout ce qui a pu en être dit par la suite).
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« de la société.

Qu'est-ce que cela signifie ? L'infrastructure désigne tout ce qui a un rapport concret à l'économie :les moyens de production (outil, machine), les conditions de production (climat, ressources naturelles), les rapportsde productions (aliénation, domination) ; elle désigne les conditions matérielles de l'existence.

La superstructure,quant à elle, désigne toutes les réalités spirituelles (discours moral, religieux, idéologique, etc.) issus del'infrastructure et qui ont pour but de la garantir.

Ainsi, les rapports de productions capitalistes enrichissent lesbourgeois et appauvrissent les ouvriers, donnant lieu à un discours idéologique de la part de la bourgeoisie (du type« le système capitaliste est naturel, c'est-à-dire dans l'ordre des choses »), qui cautionne et masque la réalitémisérable de la production capitaliste. Dès lors les économistes politiques, lorsqu'ils parlent d'art et de nature, ne font que proférer un discours idéologique, c'est-à-dire un discours masquant l'aspect véritable de la réalité économique.

Ils présentent lesrapports capitalistes de production comme naturels, alors qu'ils ne sont que le fruit de la domination d'une classe surune autre.

L'évocation de la religion comme exemple est remarquable : d'une part, parce que le rappel del'intolérance religieuse vis-à-vis des autres religions est le signe par excellence d'un discours de type idéologique, et,d'autre part, parce que le discours idéologique de la bourgeoisie vise précisément à se donner l'allure d'uneinstitution divine, éternelle, appelée, par un ordre surnaturel, à régner sur terre. II – Capitalisme et aliénation Dans le second mouvement du texte, Marx prolonge l'argument par l'évocation du contenu du discours idéologique de la classe dominante : ainsi, les rapports de production capitalistes sont naturels, puisque « ce sont(…) des rapports dans lesquels se crée la richesse et se développent les forces productives.

» Or, voilà ce quel'auteur entend mettre en question.

En effet, nous avons dit que tout discours idéologique masquait une misère et lacautionne, car elle est la condition d'existence de la classe qui justement profère ce discours idéologique.

Commeles analyses marxiennes, qui traitent des rapports de production bourgeois, sont très nombreuses, nous nousconcentrerons sur les mécanismes de l'aliénation. Dans le système capitaliste, une opposition règne entre les détenteurs du capital, c'est-à-dire de la richesse et, surtout, des moyens de production (machine, outil, entrepôt, etc.), et les ouvriers, réduits à vendre leur forcede travail.

Dès lors, dans ce processus, les ouvriers se trouvent doublement aliéné vis-à-vis de leur travail.Premièrement, puisqu'ils n'obtiennent pas le fruit de leur travail : ce qu'ils fabriquent ne leur appartient pas et on secontente de leur remettre un salaire en contrepartie.

Ainsi, certains ouvriers sur des chaînes de montage ignorentquel produit fini sort de l'usine. Deuxièmement, les ouvriers sont aliénés vis-à-vis d'eux-mêmes : en effet, si l'on considère que le travail est l'accomplissement de l'homme et de ses besoins, la manière qu'il a de prendre conscience de ses capacités encontemplant son esprit inscrit dans l'objet qu'il produit, le salaire que l'on verse au travailleur le réduit à sa simpleforce de travail.

Il n'est plus un homme qui travaille et modèle la nature pour y inscrire sa présence, mais il est unefonction dans une usine, un vecteur de force indifférent (que l'on peut remplacer par un autre), c'est-à-dire toutsauf un homme. Le développement des forces productives, sous la forme de lois naturelles, telles que les évoquent les économistes politiques, ne sont donc rien d'autre que la négation de la réalité spirituelle de l'homme, réalité sensées'accomplir dans le travail.

Or, on voit que rien moins que les rapports de productions bourgeois ne permettent cetaccomplissement. III – De Hegel à Marx : la dialectique L'idée d'accomplissement nous permet d'introduire le troisième mouvement du texte, celui où Marx aborde de front le problème de l'histoire.

En effet, l'histoire telle que la conçoit Marx, à la suite de Hegel, implique l'idée d'unaccomplissement, d'une réalisation progressive et rationnelle des potentialités humaines.

Cependant, Marx remarqued'emblée l'aspect figé et à jamais mort de l'histoire selon les économistes politiques.

Pour eux, les rapports deproductions sont passés des institutions féodales à la société bourgeoise comme d'un état primitif à un état final.Or, il faut certes reconnaître que la féodalité, qui reposait sur le clivage seigneur/serf, n'était guère productive parrapport à la société bourgeoise, grande accumulatrice de richesse.

Toutefois, il serait faux de penser que le clivageentre les classes fut supprimé par le passage de l'un à l'autre, en sorte qu'il faut dire que la société bourgeoiseaccumule de plus en plus de richesse, mais au profit d'une classe toujours moins nombreuse, tandis que la masseouvrière s'appauvrit dans les mêmes proportions.

Les bourgeois ne sont donc que les seigneurs d'aujourd'hui, enbeaucoup plus riches. Or, pour Marx, l'histoire est un processus dialectique : en cela, il suit Hegel, qui montrait comment la réalité contient une négativité propre à la faire évoluer et qu'il faut pour cela nier (négation de la négation).

Par exemple,. »

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