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Marx et les pouvoirs de l'argent

Publié le 16/04/2009

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marx
« Ce qui grâce à l'argent est pour moi, ce que je peux payer, c'est-à-dire ce que l'argent peut acheter, je le suis moi-même, moi le possesseur de l'argent. Les qualités de l'argent sont mes qualités et mes forces essentiels — à moi son possesseur. Ce que je suis et ce que je peux n'est donc ement déterminé par mon individualité. Je suis laid, mais je peux m'acheter la plus belle femme. Donc je ne suis pas laid, car l'effet de la laideur, sa force repoussante, est anéanti par l'argent. De par mon individualité, je suis perclus, mais l'argent me procure vingt-quatre pattes; je ne suis donc pas perclus; je suis un homme mauvais, malhonnête, sans conscience, sans esprit, mais l'argent est vénéré, donc aussi son possesseur, l'argent est le bien suprême, donc son possesseur est bon, l'argent m'évite en outre la peine d'être malhonnête; on me présume donc honnête; je suis sans esprit, mais l'argent est l'esprit réel de toutes choses, comment son possesseur pourrait-il ne pas avoir d'esprit? De plus, il peut acheter les gens spirituels et celui qui possède la puissance sur les gens d'esprit n'est-il pas plus spirituel que l'homme d'esprit? Moi qui par l'argent peux tout ce à quoi aspire un coeur humain, est-ce que je ne possède pas tous les pouvoirs humains? Donc mon argent ne transforme-t-il pas toutes mes impuissances en leur contraire? » MARX

• Comment Marx s'efforce-t-il de démontrer « que ce que je suis et ce que je peux n'est ement déterminé par mon individualité «? • Mais à quelle(s) condition(s)? • Marx se fait-il l'apologiste, dans ce texte, de cette ou ces citations? • Que cherche-t-il à faire apparaître? • En quoi ce texte présente-t-il un intérêt proprement philosophique ?

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« b) Ainsi l'argent se définit comme le bien suprême ; on pourrait dire le souverain bien c'est-à-dire ce vers quoi il fauttendre et ce que tout le monde désir.

C'est ce qui explique que l'argent soit un veau d'or, une idole dans un mondemarchand, c'est-à-dire un monde de la matérialité.

Ainsi, même le plus imbécile est vénéré parce qu'il possèdel'argent.

C'est en ce sens que puisque l'argent est bon, dans cette morale consumériste, le possesseur de l'argentest celui qui a été récompensé donc il est bon.

Il n'est nullement question de la valeur intrinsèque de la personne.Elle n'est pas utile et l'on se moque bien de savoir comment est advenu cette fortune dans la mesure où la finjustifie les moyens et que puisque l'argent est le bien suprême il peut bien valoir tous les sacrifices.c) Dès lors l'argent est « l'esprit de toute chose ».

Cette spiritualisation de l'argent est tout à fait extraordinairedans la mesure où il s'agit avant tout d'un moyen matériel.

Il y a donc un paradoxe voire une antinomie dans ce rôlesociétal de l'argent.

Il y a manifestement ce que l'on pourrait appeler un renversement moderne des valeurs.

L'espritest crée par le matériel et peut être remplacé par ce dernier tandis qu'il est impossible à l'esprit de se hisser àhauteur de la valeur de l'argent.

L'opposition voire l'antagonisme entre l'argent et l'esprit est reversée.

La dichotomiene se fait plus au profit de l'esprit.

Bien au contraire, c'est encore l'argent qui permet à l'homme riche de se parerd'esprit.

Transition : Véritable veau d'or, l'argent introduit un renversement des valeurs et établit dans les sociétés capitalistes lasanctification et la spiritualisation de l'argent comme valeur suprême, comme souverain bien.

III – L'argent ; puissance du contraire a) L'argent en tant que puissance sociale et capacité à acheter tout permet aussi d'acheter et de consommer cequi n'est pas matériel à savoir l'esprit d'autrui.

Et c'est bien ce que l'on peut voir dans le mécénat.

L'argent permetde se créer un cour d'individus ayant un esprit fin et formé sans nécessairement que l'on soit soi-même un espritlumineux et cela dans la mesure où l'argent incarne la puissance sociale.

Dès lors ce que l'esprit ne peut pas enversl'argent, l'argent le peut envers l'esprit.

Le renversement est plus que complet.

Autrement dit, l'argent a la capacitéd'attirer à lui l'esprit.

L'esprit, l'intelligence et le savoir deviennent alors de nouveaux consommables.

Et c'est pourcela que l'argent a tant de force.

Il permet de mettre une valeur et d'acheter même ce qui pourtant n'a pas devaleur puisque immatériel.

Et c'est en ce sens que l'on peut alors parler d'une véritable puissance des contraires.b) L'argent résout l'antinomie de l'esprit et de l'argent par le bas, c'est-à-dire que l'argent permet à l'homme sous lecouvert de sa magnificence de passer pour un homme d'esprit en tant qu'il a le choix d'élire un esprit plutôt qu'unautre.

L'homme devient un objet, une propriété : un consommable.

Il est alors un homme de goût de par la sélectionqu'il effectue.

C'est pourquoi il est encore par l'argent un homme d'esprit.

En effet, on peut dire et croire que seull'homme d'esprit sait reconnaître les siennes.

Or en tant que l'argent lui en donne les moyens, l'homme riche estnécessairement un homme d'esprit, fin et raffiné et qui plus honnête puisqu'il n'a aucune nécessité de ne pas l'être.Les vertus qui sont difficiles à obtenir et maintenir ne sont pour lui que l'effet de l'argent qui lui apportent ses vertusou les lui rendent plus faciles à observer.

Le pouvoir de l'argent est en ce cas quasi miraculeux.

Il permet dechanger une chose en une autre.

L'homme riche apparaît alors comme la nouvelle figure messianique des tempsmodernes.

Conclusion : Nos sociétés modernes tournées vers la consommation glorifie l'argent et fonde l'être non pas sur sesvaleurs et ses individualités mais bien sur son argent dans un monde de concupiscence.

L'argent est alors cetteidole, ce veau d'or qui peut tout et veut tout.

Rien ne peut lui résister ni même l'esprit qu'il peut s'offrir.

Leretournement des valeurs est alors flagrant : l'argent est spiritualisé voire sacralisé.

Il est le Souverain bienmoderne : la valeur étalon et supérieure de toute chose.

Il est puissance des contraires ; quasi magique etmiraculeux.

Comme pourrait le dire Baudelaire : l'auréole est tombée dans la « fange du macadam ».. »

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