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Ma liberte passe-t-elle par ma relation à autrui ?

Publié le 17/07/2009

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- Nous appelons « ma liberté « la capacité que j’ai à faire ce que je veux, c'est-à-dire à être moi-même le principe de mes propres actes. Cette liberté suppose deux choses : tout d’abord,  l’absence d’entraves extérieures à mon action. Pour être libre, je dois être capable de mettre à exécution mes volontés sans que rien ne m’en empêche. Cependant, cette condition n’est pas suffisante : avant même de chercher à mettre en œuvre ma volonté, encore faut-il que je dispose d’une volonté qui soit mienne, qui me soit propre. Pour être libre, je dois posséder une faculté de vouloir indépendante de toute contrainte extérieure.

- Quel rôle joue alors autrui, et la relation que j’entretiens avec lui, sur chacune de ces deux conditions ?

Tout d’abord, il semble qu’autrui soit justement à compter parmi les entraves extérieures à certaines de mes actions. De même qu’un obstacle physique, autrui s’oppose parfois à ma volonté. Ainsi, il limite ma liberté puisqu’il m’empêche de mettre en œuvre toutes mes volontés. C’est le cas par exemple lorsque ma volonté entre en conflit avec celle de l’autre ou lorsqu’il possède la faculté de m’interdire certains actes (représentant de la loi, parent, etc.). En ce qui concerne l’autonomie de la volonté, elle semble relever uniquement d’un travail du sujet par lui-même. Autrui ne peut pas m’aider à l’acquérir. Au contraire, il peut lui nuire (lorsqu’il me séduit, par exemple ou me persuade). Dans ce cas, autrui doit plutôt être considéré comme un obstacle à ma liberté : je ne suis jamais totalement libre, justement parce que j’ai toujours rapport avec autrui.

- Cependant, cette conception ne repose-t-elle pas sur une illusion ? Il existerait un sujet constitué, déjà doté de conscience, de désirs et de volontés, avant tout rapport à l’autre. Ainsi autrui ne pourrait venir qu’entraver l’expression de mon individualité. Mais il semble au contraire qu’autrui joue un rôle plus profond et plus fondamental au sein de la formation du sujet libre. Si le rapport à l’autre était indispensable à la formation de la conscience, alors il serait aussi nécessaire à ma liberté. La liberté ne devrait alors plus être pensée en terme d’indépendance par rapport à l’altérité et aux contraintes qu’elle m’impose.

  • Problématique :

Doit-on penser la liberté comme la capacité d’un individu à accomplir comme bon lui semble chacun de ses désirs ? L’idéal de cette liberté serait alors l’indépendance totale, et toute relation avec autrui impliquerait sa limitation.

Ou bien, doit-on concevoir un rôle plus profond d’autrui dans la formation même de la conscience et du sujet libre ? Il faudrait alors redéfinir la liberté qui en résulte, puisqu’elle ne peut plus être pensée en terme d’indépendance. Peut-être devons-nous lui substituer une liberté comme « autonomie «.

 

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« reconquérir sa volonté propre, en se libérant de toutes les influences extérieures.

Il s'agirait d'appliquer sur soi unedémarche analogue à celle que propose Descartes dans la première partie du Discours de la méthode à propos de la connaissance : après avoir fait de longues études et avoir acquis une culture importante dans de nombreuxdomaine, Descartes ne parvient à aucune certitude.

En effet, les conclusions des uns et des autres se contredisent,toutes leurs propositions ne sont pas rigoureusement démontrées et il ne peut donc en comprendre véritablementaucune.

Pour posséder une véritable connaissance, il convient de se débarrasser une bonne fois pour toute de cesinformations qui ne constituent pour l'instant qu'une somme de préjugés, et de reconstruire seul et pas à pasl'intégralité de son savoir.

Avec Descartes, nous pouvons appeler « préjugés » tout ce qui s'impose à nous demanière extérieure, sans que nous l'ayons examiné et repris consciemment à notre propre compte (aussi bien dans ledomaine du savoir que dans celui de la morale, des préférences esthétiques, etc.).

Etre libre signifie alors, dans unpremier temps, faire retour sur soi, rompre tout lien avec l'extérieur, y compris avec autrui, pour pouvoir différencierle préjugé de ce qui est réellement mien.

Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons acquérir une volonté véritablementnôtre.

Transition : Dans cette première partie, nous avons montré que la liberté ne passe pas par la relation avec autrui.

Autrui enconstitue au contraire un obstacle, et ce à deux niveaux : il entrave ma capacité d'agir et il nuit à l'indépendancede ma volonté.

Cependant, pour cela, nous nous sommes appuyés sur un présupposé : le sujet possèderait uneconscience formée, une volonté et des désirs, avant tout rapport avec autrui.

Ainsi, autrui serait susceptibled'entraver l'expression de cette individualité toute constituée.

Cependant, ce présupposé doit maintenant être remisen question.

En effet, l'individu est-il bien cet être conscient et désirant, naissant de lui même et par lui seul ? Ilsemble au contraire qu'il existe un rôle plus profond du rapport à autrui : il est l'occasion de la naissance même dema conscience, de mon désir et de ma volonté.

Ma liberté passerait alors nécessairement pas un rapport à autrui,puisque ce n'est que par ce rapport que je peux naître à moi-même comme être conscient et donc libre.

Dans cecas, la liberté ne peut plus être assimilée à cette indépendance dont nous parlions en première partie, elle doit bienplutôt être comprise comme « autonomie ».

II) Ma liberté, comme autonomie, passe nécessairement par un rapport à autrui.

- Tout d'abord, seul un être conscient peut être libre.

Or, la conscience ne naît que dans la rapport à l'autre.

Lesujet ne possède pas d'abord une conscience toute constituée, qui entrerait ensuite en rapport avec d'autres.

C'estau contraire dans et par ce rapport qu'elle voit le jour.

La dialectique du maître et de l'esclave de Hegel(Phénoménologie de l'esprit , I ;4), illustre bien cette situation : la conscience ne s'éprouve pas elle-même spontanément, elle doit pour cela se prouver sa propre existence à travers la destruction d'objets qu'elle désire.

Laconscience « consomme la vie universelle ».

Cependant, aucun objet ne résiste à ce désir et la conscience doitsans cesse en chercher de nouveaux.

C'est pourquoi elle finit par porter son désir vers un objet indestructible : uneautre conscience, autrui.

Elle cherche alors à posséder l'autre.

Mais l'autre cherche également, de son côté, à laposséder elle.

S'engage alors une lutte pour le pouvoir.

Il s'agit de se prouver mutuellement la dimension spirituellede notre existence, c'est-à-dire celle qui transcende la vie et la survie biologique.

Cette preuve prend la forme d'unelutte à mort : celui qui abandonne le premier est celui qui tient le plus à la vie, qui refuse de la risquer pour gagnerla reconnaissance de l'autre.

Il devient ainsi esclave et l'autre devient son maître.

Ce que nous montre ce rapportfondamental, c'est que la conscience a essentiellement besoin du rapport à autrui, puisqu'elle ne vit que d'êtrereconnue par l'autre.

Le roman de Tournier, Vendredi ou les limbes du pacifique , vient confirmer cette thèse a contrario.

En effet, il illustre la vie d'un homme sur une île déserte, absolument coupé de toute altérité.

Loin deprofiter librement de son indépendance ou d'une quelconque liberté, il est au contraire en proie à la déliquescencede sa conscience et de sa volonté, qui confine à la folie.

Si bien qu'il se voit obligé, pour préserver sa santé d'esprit,de réintroduire artificiellement la présence de l'autre en s'imposant lui même des lois et des règles de conduite.

Maliberté passe donc nécessairement par un rapport à l'autre, au sens où sans autrui, ma conscience s'effondre surelle-même.

- Mais, dans une telle situation, à quelle liberté pouvons-nous alors prétendre ? Il semble que notre liberté aitessentiellement besoin de ce qui la limite (un autre être conscient et, lui aussi, libre).

Elle en doit plus être compriseen terme d'indépendance, mais d'autonomie.

En effet, alors que l'indépendance consiste à pouvoir faire absolumenttout ce que l'envie ou le désir me dicte, l'autonomie signifie, pour la volonté, la capacité à se donner à elle même sapropre loi, c'est à dire à être le seul principe de mes actes.

Qu'est-ce à dire ? La volonté peut être influencée pardifférents facteurs : l'intérêt personnel, les passions et les désirs.

Or, dans ce cas elle n'est pas autonome.

Je nesuis donc pas libre lorsque je cède à tous mes désirs : au contraire, ma volonté se laisse infléchir par le plaisir queme procurera la possession de l'objet désiré et agit ainsi sous influence, autrement dit par « hétéronomie » (loi del'autre, ici celle du désir).

Par exemple, je peux vouloir guérir et donc vouloir suivre le régime prescrit par monmédecin, mais en même temps désirer m'empiffrer de sucreries.

Si je me jette sur les bonbons, je cède à mon désiret n'agit pas librement : je n'ai pas réussi à faire ce que je voulais vraiment.

Comment reconnaître alors une volontéautonome ? La volonté est autonome lorsqu'elle est à elle même sa propre loi, lorsqu'elle peut mettre à distance lesintérêts et les désirs susceptibles de l'influencer.

Et dans cette mise à l'écart, la présence de l'autre est requise.

- En effet, pour être autonome, la volonté ne doit tenir compte d'aucun élément extérieur à elle-même.

Elle ne peutdonc prendre pour principe que la forme logique et vide de la loi.

Comme l'explique Kant dans les Fondements de la métaphysique des mœurs , elle doit alors agir en prenant pour principe que « la maxime de mon action doit pouvoir en même temps être érigée en loi universelle ».

L'action libre est donc celle que tous pourrais reproduire, en tout. »

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