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Lucrèce et le témoignage des sens

Publié le 23/03/2005

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Quel témoignage a plus de valeur que celui des sens ? Dira-t-on que s'ils nous trompent, c'est la raison qui aura mission de les contredire, elle qui est sortie d'eux tout entière. Nous trompent-ils, alors la raison tout entière est mensonge. Dira-t-on que les oreilles peuvent corriger les yeux, et être corrigées elles-mêmes par le toucher et le toucher, sera-t-il sous le contrôle du goût. Est-ce l'odorat qui confondra les autres sens. Est-ce la vue ? Rien de tout cela selon moi, car chaque sens a son pouvoir propre et ses fonctions à part. Que la mollesse ou la dureté, le froid ou le chaud intéressent un sens spécial, ainsi que les couleurs et les qualités relatives aux couleurs ; qu'à des sens spéciaux correspondent aussi les saveurs, les odeurs et les sons : voilà qui est nécessaire. Par conséquent les sens n'ont pas le moyen de se contrôler mutuellement. Ils ne peuvent davantage se corriger eux-mêmes, puisqu'ils réclameront toujours le même degré de confiance. J'en conclus que leurs témoignages en tout temps sont vrais. Lucrèce

« A) L'empirisme. L'empirisme affirme qu'il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait été auparavant dans les sens, cad que l'expérienceest la source de toutes nos connaissances.

Toutes nos idées ne sont jamais, comme dit Hume, que des « copies denos impressions sensibles ».

Non seulement l'expérience est la source de nos idées mais encore elle expliquel'association de ces idées entre elles, cad le fonctionnement de notre esprit.

Qu'il s'agisse d'association parressemblance (deux idées s'appellent l'une l'autre quand leurs objets ont été donnés de nombreuses fois soit l'un àcôté de l'autre, soit l'un après l'autre).

C'est toujours dans des expériences antérieures et répétées que se trouve laraison de ces associations. Une autre solution consiste à affirmer que toutes les connaissances de l'homme, y compris les principes de la raisondérivent de l'expérience.C'est ainsi que pour Locke, il n'existe ni connaissance ni principe inné.

Dans « Essai sur l'entendement humain »,critiquant l'innéisme de Descartes, Locke avance la thèse de la « table rase » : l'esprit de l'être humain, avant touteexpérience et éducation (celui du nouveau-né par exemple), est comme une tablette de cire, vierge de touteécriture.

Nos idées simples viennent de la sensation et de la réflexion.

Les idées complexes et en particulier lescatégories de substance, de mode et de relation sont le produit de la combinaison des idées simples.

Pour Humeaussi les principes de la raison ne sont pas innés mais acquis par l'expérience.Comme philosophie générale, l'empirisme affirme avec Locke que nos idées ne sont pas, comme le pensait Descartes,innées, mais qu'elles proviennent de l'expérience.

On peut décomposer la philosophie empiriste de la connaissance entrois moments.1.

L'origine des idées.

L'esprit, dit Locke, est d'abord une page blanche, une « table rase » (tabula rasa).

«Comment vient-il à recevoir des idées ? Par quels moyens en acquiert-il cette prodigieuse quantité que l'imaginationde l'homme, toujours agissante et sans borne, lui présente avec une variété presque infinie ? D'où puise-t-il tousces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? A cela jeréponds d'un mot : de l'expérience.

C'est le fondement de toutes nos connaissances, c'est de là qu'elles tirent leurpremière origine.

» (« Essais sur l'entendement humain »).

L'expérience est donc d'abord pour l'empirisme uneréponse à la question de l'origine des idées.

Ainsi, un certain nombre d'idées naissent dans l'âme des « observationsque nous faisons sur les objets extérieurs et sensibles » (idem).

C'est le cas d'idées comme « dur », « mou », «blanc », « jaune »… Locke les appelle des « idées de sensations » : nous nous les représentons que parce que nousavons eu l'expérience sensible du mou, du blanc, du jaune….

Pour un empiriste, un aveugle de naissance ne sauraitavoir aucune idée des couleurs.

Les autres idées viennent non de l'expérience externe, mais de l'expérience interne ;cad des observations que nous faisons sur « les opérations intérieures de notre âme ».

Telles sont les idées de «joie », de « peine », de « plaisir », de « douleur »… Ce sont des idées de réflexions.

Dans les deux cas, les idéessont, comme dit Hume, des « copies » des impressions sensibles.2.

La composition des idées.

En faisant naître les idées de l'expérience sensible, comment pourrions-nous rendrecompte de l'infinité des idées que l'esprit peut concevoir, alors que est toujours limitée ? Je peux me représenter unemontagne d'or, ou un centaure : comment est-ce possible ? La réponse est : grâce à la possibilité de combiner oud'associer les idées, que Locke comme Hume attribut à l'imagination.

L'empirisme distingue entre les « idées simples», cad inanalysables en éléments et immédiatement dérivées d'expériences sensibles élémentaires (telles les idéesde « rouge », « chaud »…) et les « idées composées », qui, elles, sot des résultats d'une combinaisons d'idéessimples.3.

La signification des mots.

L'expérience comme contrôle.

L'expérience n'est pas seulement une origine ; elle estaussi ce à quoi il faut retourner pour éprouver la valeur de nos pensées ou plus exactement de notre langage.

Lesmots dépendent des données sensibles particulières, aussi généraux et abstraits soient-ils.

De quoi suffit-il doncpour savoir si un mot possède un contenu réel de signification ou si ce n'est qu'un mot creux ? Il suffit que le motreprésente effectivement une idée.

Pour établir la signification d'un mot, il suffit de rechercher de quelle(s)impression(s) sensible(s) dérive l'idée dont il est supposé être le signe.L'expérience est bien alors, non seulement un point de départ, mais aussi un point d'arrivée, de retour.

Ainsil'empirisme ne fait-il pas seulement de l'expérience l'origine de notre connaissance, mais aussi ce qui la justifie.

Ence sens, il ne répond pas seulement à la question de fait que demeure la question de l'origine ; mais il pose danstoute son ampleur la question de droit. Dans « Essais philosophiques sur l'entendement humain », Hume affirme que les « idées » ne sont d'abord que descopies affaiblies des « impressions » d'origine externe et qu'elles sont ensuite liées suivant les lois mécaniques del'association.

Ainsi, par exemple, nous observons qu'un phénomène donné est suivi d'un autre phénomène donné.Rien ne nous permet d'affirmer qu'il existe entre eux une relation causale nécessaire sinon l'habitude que nous avonsacquise, sous l'influence d'une association souvent répétée, de nous attendre à les voir se suivre.

Le principe decausalité est donc acquis par expérience.

Il en est de même pour les autres principes. La pensée empiriste anglaise distinguera avec insistance vérités logiques et propositions induites de l'expérience.Hume analyse ainsi ce qui sépare relations d'idées et relations de faits : si l'opération « 2+2=4 » n'exige nul recoursà l'expérience, l'affirmation « le soleil se lèvera demain » ne peut être proférée que parce que j'ai l'expériencequotidienne de la levée du soleil.

La proposition contraire n'est ici nullement contradictoire sur le plan logique,comme le serait « 2+2+5 ».

C'est un recours aux faits, non le jeu d'une opération purement rationnelle, qui établit lavérité.

Qu'en est-il alors de son universalité ? Comment prouver qu'il n'y aura pas un matin où le jour ne se lèvera. »

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