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L'oeuvre de Matthias Grünewald

Publié le 26/02/2010

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Si les historiens s'accordent à dire que Grünewald, de son vrai nom Gothard, est originaire de Würzburg, l'année de sa naissance quant à elle reste très controversée. On sait qu'il travaillait en 1509 au service de l'évêque de Mayence, Uriel von Gemmingen. En 1510, il était à Aschaffenburg où il dirigeait la construction de la résidence de l'archevêque. A cette même époque, le riche négociant de Francfort, Jacob Heller, lui commanda deux volets pour le retable l'Assomption de la Vierge peint par Albrecht Dürer. Ce travail magnifiquement exécuté annonçait l'oeuvre majeure de Grünewald : le retable à volets peints d'Issenheim (1515). Cette commande prestigieuse représentait un grand honneur pour un artiste encore méconnu et elle lui ouvrit les portes du clergé. A la mort d'Uriel von Gemmingen en 1514, il entra au service de son successeur, Albrecht von Brandenburg. A en juger par la magnificence de la garde-robe et des bijoux qu'il laissa à sa mort, il occupait une place d'honneur à la cour de l'évêque. Dans ce cadre prestigieux, il réalisa de nombreuses peintures pour Albrecht, parmi lesquels Saint Erasme et saint Maurice, où Erasme porte les traits du prélat. En 1526, il dut quitter la cour de son protecteur, sans doute en raison de ses sympathies pour la Réforme. Il s'exila à Francfort, puis à la Halle, cités soutenant la cause protestante, où il mourut deux ans plus tard. Son oeuvre, redécouverte récemment, le propulsa au premier plan des artistes allemands du XVIe siècle. Le plus grand peintre qu'ait produit l'Allemagne, sans doute même avec Durer, Bach et Goethe le plus grand de ses artistes, était tombé dans un oubli à peu près complet lorsque son oeuvre fut redécouvert il y a une centaine d'années. Sur la foi de son biographe posthume, Joachim Sandrart, les quelques panneaux retrouvés furent baptisés du nom de Matthias Grünewald, peintre sur lequel, en dehors de cette source, on n'a jamais trouvé aucun renseignement.

« Concert des anges écartés, le retable se présentait entièrement consacré à saint Antoine : au centre, la statuesculptée et dorée du saint, assis sur un trône, ayant à ses côtés, debout, saint Jérôme et saint Augustin ; lesvolets peints représentent la Tentation de saint Antoine, composition violente jusqu'à l'hallucination, et, idyllesylvestre dans un paysage de drame, la Visite de saint Antoine à saint Paul du Désert. Il n'est peut-être point d'oeuvre d'art au monde qui joue sur un clavier aussi vaste et aussi nuancé, point depeinture aussi riche en moyens picturaux, allant de la copie exacte, mais intensément repensée, des plus modestesbeautés de la nature, jusqu'aux architectures de rêve que seules expliquent les disciplines de maître d'oeuvre et depeintre-verrier que les archives permettent d'attribuer à l'artiste.

Sous l'influence des Antonites (qui soignaient lefeu de saint Antoine, l'épilepsie, la peste et le mal de Naples), et de sources mystiques comme les Révélations desainte Brigitte de Suède, les maux physiques et la douleur de l'âme sont traduits avec une vérité aussi poignanteque les joies célestes ; les couleurs, souvent dictées par les textes, sont orchestrées avec une sensibilité et uneliberté toutes modernes.

Dans le retable d'Issenheim, toutes les aspirations du moyen âge chrétien trouvent leurdernière expression, en même temps qu'y sont annoncées toutes les possibilités de l'art moderne. Après son retour à Seligenstadt, "Magister Matheus" peint pour deux chanoines le retable de Notre-Dame-des-Neiges (1517-1519) de la Collégiale d'Aschaffenbourg.

Seuls en subsistent le panneau central, l'émouvante Vierge àl'Enfant dans un paysage, conservé actuellement dans la petite église de Stuppach, et un volet, la Fondation deSainte-Marie-Majeure, au Musée de Fribourg-en-Brisgau.

Si ce dernier laisse paraître des influences italiennes dansses architectures (influences qui ont posé la question d'un voyage en Italie), la Vierge de Stuppach, en revanche,répétant la composition de celle d'Issenheim, présente une curieuse évocation du transept sud de la cathédrale deStrasbourg. L'oeuvre suivante parvenue jusqu'à nous est, vers 1520, le retable de la croix de Tauberbischofsheim, panneau fixedont les deux faces, figurant la Crucifixion et le Portement de croix, ont été recueillies par le Musée de Carlsruhe.

LeChrist est une réplique exaspérée, alourdie, de celui du Musée de Colmar. Les dernières années sont consacrées à un ensemble de peintures commandées par le cardinal Albert deBrandebourg pour le dôme de Halle.

Il en subsiste, dans l'église d'Aschaffenbourg, le fragment d'une Pietà et, à laPinacothèque de Munich, l'admirable Rencontre de saint Erasme et de saint Maurice où sont réunies une dernièrefois, dans une composition magistrale, soutenue par une des plus éblouissantes symphonies de couleurs, toutes lesqualités du maître alors septuagénaire (vers 1525). Mathis Neithardt, dit Gothardt, mourut à Halle à la fin d'août 1528 ; ses dernières fonctions avaient été cellesd'ingénieur hydraulique de la ville. S'il est vrai que le moyen âge chrétien a ajouté aux conquêtes de l'art antique la notion de la douleur, "Grünewald"en est le plus profond, le plus dramatique aboutissement.

Mais la définition de son art serait bien incomplète si elles'arrêtait à cette seule notion.

Son extrême sensibilité lui fait découvrir les secrets intimes de la flore, de la faune,du paysage, voire des phénomènes de la nature ; il trouve au corps humain des richesses, dans le repli d'un coude,dans l'écart des doigts, dans l'inflexion d'un cou, dans une chevelure, une fourrure, un vêtement, que nul avant luin'avait vues.

Il traduit cela avec une science incomparable du modelé, de la couleur et de la matière, allant d'unréalisme animé de la plus tendre émotion jusqu'à l'abstraction dans la lumière ou dans les ténèbres. Certes, en sa qualité d'Allemand, il perd parfois la mesure : il sacrifie, volontairement ou involontairement, les justesproportions, il ne craint ni l'outrance ni la laideur, surtout aux époques où, loin de ses sources d'inspirationoccidentales (l'art flamand, Schongauer ou les Antonites d'Issenheim), il redevient le Franconien qu'il était denaissance. Ainsi, "Grünewald" est et restera à maint point de vue une figure exceptionnelle dans l'histoire de l'humanité, danscelle de la chrétienté, comme aussi dans celle de la psychologie germanique ; mais c'est avant tout et surtoutcomme peintre qu'il doit être jugé ; comme tel, il a trouvé et gardera sa place parmi les plus grands. L'oeuvre de Grünewald Une douzaine d'oeuvres certaines.

Chronologie discutée.

Nous donnons l'essentiel. VOLETS DU RETABLE DE LINDENHARDT (Institut Städel, Francfort).1503 LE CHRIST AUX OUTRAGES (Pinacothèque, Munich).SAINT CYRIAQUE ET SAINT LAURENT (Institut Städel, Francfort), oeuvres exécutées par Grünewald dans sacollaboration, avec Durer au retable Heller.CRUCIFIXION (Musée de Bale),CRUCIFIXION (Collection Koenigs, Harlem).RETABLE D'ISSENHEIM (Musée de Colmar).RETABLE D'ASCHAFFENBOURG, dispersé entre l'église paroissiale de Stuppach et le Musée de Fribourg en Brisgau.RETABLE DE LA CROIX DE TAUBERBISCHOFSHEIM (Musée de Carlsruhe)LE CHRIST MORT (Cathédrale d'Aschaffenbourg).RENCONTRE DE SAINT ERASME ET DE SAINT MAURICE (Pinacothèque, Munich).. »

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