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L'intuition. Ses rapports avec la pensée organisée. ?

Publié le 20/06/2009

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INTRO: En plusieurs passages célèbres, PASCAL a opposé l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse. Le premier aime les constructions logiques dans lesquelles n'entrent que des éléments parfaitement connus et dont les relations mutuelles sont exactement déterminées. Chez l'autre, il y a moins de rigueur et même une certaine fantaisie : le sentiment le guide plus que la raison; il voit les choses tout d'un coup d'un seul regard et il lui est parfois difficile de justifier ce qu'il a vu. L'esprit de finesse procède par intuition. L'esprit de géométrie a le sens de la pensée organisée. Néanmoins, bien qu'elle s'oppose à la pensée organisée, l'intuition a avec elle des rapports étroits. Nous nous efforcerons de les déterminer après-avoir précisé la notion d'intuition. I. L'intuition. — Appartenant au langage vulgaire comme au langage scientifique, le mot «intuition« est employé dans des acceptions fort diverses qui s'imbriquent d'une façon presque inextricable. Nous les réduirons au minimum. A. L'étymologie nous suggère le sens fondamental de ce vocable : intueri, d'où dérive intuition, signifie voir. La connaissance intuitive se distingue donc des autres modes de connaissance par son caractère direct et immédiat.

« étapes: la découverte d'un ordre qui paraît logique et rationnel; la vérification de la rationalité de cet ordre.

Or, àchacun de ces moments, intervient une forme spéciale d'intuition. a) Le caractère organique de la pensée résulte, nous l'avons dit, d'une idée directrice qui constitue comme sonarmature, d'un principe général qui unifie le multiple et le divers de l'expérience.

L'idée directrice n'apparaît pascomme la conclusion d'un raisonnement : elle est une donnée de l'intuition, de cette intuition divinatrice, qui, grâceà l'immédiateté subjective dont nous avons parlé, englobe sous le regard une masse étonnante de faits ou d'idées. b) Mais ces vues synthétiques ou « conspectives », comme dit Nicolaï Hartmann, sont trompeuses : elles peuventdonner l'impression d'être solidement charpentées, alors qu'elles sont incohérentes.

On n'est assuré du caractèreorganique de sa pensée qu'après un contrôle rigoureux.

Le contrôle est l'œuvre de l'intuition, non plus de l'intuitiondivinatrice, qui bondit par-dessus les intermédiaires, mais d'une intuition rationnelle, qui, procédant pas à pas,assure l'immédiateté objective sans laquelle on risque l'erreur.L'architecte à l'esprit inventif conçoit le plan d'un ouvrage d'art, par exemple un grand pont métallique, dont ilindique les caractéristiques essentielles : c'est à son intuition qu'on devra cette réalisation audacieuse ou ces lignesqui s'harmonisent avec le cadre dans lequel elles s'insèrent; mais si le pont ne s'effondre pas aux essais, c'est parceque des techniciens subalternes ont calculé, recourant à des intuitions plus modestes, mais répétées des milliers defois, quelle devait être la largeur et la section des arcs, des poutrelles et des plus petites pièces pour résister auxtractions qu'elles auront à subir.

De même, dans l'élaboration organique de la pensée, l'intuition collabore de deuxmanières et à deux moments : d'abord, en concevant une organisation nouvelle et qui est parfois géniale; ensuite,en vérifiant que cette construction est vraiment organique, c'est-à-dire cohérente. B.

C'est la pensée organisée qui fait la valeur de l'intuition. — En organisant la pensée, l'intuition atténue progressivement ses imperfections, dépasse en quelque sorte ses limites naturelles et achemine l'esprit vers saperfection. а) A force de contribuer à l'élaboration d'une pensée organisée dans laquelle elle est soumise à l'épreuve d'unevérification rationnelle, l'intuition divinatrice acquiert la sûreté qui la rapproche progressivement de l'infaillibilité de ladéduction logique.

Formé par l'expérience, l'esprit devient prudent; il flaire en quelque sorte le danger et prévoitl'erreur; les corrections auxquelles il faudrait procéder plus tard, il les fait inconsciemment, et une première ébauchearrive à valoir mainte œuvre définitive d'autrefois. b) D'autre part, la modeste intuition rationnelle, qui suit maillon par maillon l'enchaînement de la pensée organiséepour s'assurer qu'il n'y a pas de faille, assouplit sa démarche et devient capable d'effectuer certains bonds del'intuition « conspective ».

Comme le dit Descartes dans les Règles pour la direction de l'esprit, après avoir plusieursfois suivi le chemin qui passe par les points ABCDE, j'en arriverai « à passer du premier au dernier assez rapidement,pour ne laisser presque aucun rôle à la mémoire, et avoir, semble-t-il, l'intuition du tout à la fois » (Règle 7). Conclusion. — Nous pourrions donc, au lieu d'opposer les notions de pensée organisée et de pensée intuitive, considérer ces deux démarches mentales comme deux éléments complémentaires de l'activité de l'esprit.

Traitant dela méthode des mathématiques, Georges Bouligand propose, pour désigner une progression de la pensée qui dépassela donnée de l'intuition tout en s'appuyant sur elle, le terme de « intuition prolongée ».

La pensée organisée, elleaussi, n'est telle que grâce à l'intuition qui se prolonge en elle.

Mais, par ailleurs, l'intuition ne vaut qu'autant qu'ellese prolonge en pensée organisée.. »

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