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L'intuition est-elle le critère de la vérité ?

Publié le 01/08/2009

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Introduction. — Voulant mettre fin aux doutes que lui laissaient les enseignements qu'il avait reçus, Descartes décida de tout remettre une bonne fois en question et de « ne recevoir une chose pour vraie « qu'il ne la connût « évidemment être telle «. L'évidence intuitive par laquelle l'auteur du « Discours de la Méthode « compte pacifier son esprit peut-elle être considérée comme un authentique critère de vérité ? I. — EXPLICATION DES NOTIONS L'évidence intuitive. D'après l'étymologie, est évident ce que l'on voit. La vue étant le sens qui nous donne les connaissances les plus claires, les plus riches et les plus nombreuses, « voir « est synonyme de « connaître avec certitude «, de « comprendre parfaitement «. C'est pourquoi on peut concevoir l'évidence comme le caractère d'une proposition dont la vérité s'impose à tout esprit qui en comprend la signification. Ainsi, l'évidence est une propriété des objets de pensée ; mais il n'y a d'évidence que pour un esprit qui juge de la réalité de ces objets : il est évident que deux et deux font quatre, mais c'est moi qui ai cette évidence. Ayant défini la notion d'évidence en général, il nous reste à préciser ce qu'on entend par « évidence intuitive «, ou, plus simplement, par intuition. Nous avons en effet deux manières d'acquérir une évidence : le raisonnement ou d'une façon plus générale le « discours « et l'intuition.

« illusion d'évidence véritable.Dans l'évidence véritable, nous nous comportons comme intelligence pure, n'affirmant ni plus ni moins que ce qu'ilnous est donné de voir.

Cette évidence est infaillible puisque nous atteignons la chose même dont nous jugeons, etnon une représentation toujours suspecte d'être inexacte.

D'ailleurs celui qui mettrait en doute la valeur absolue del'évidence se contredirait, car il ne pourrait émettre cette affirmation qu'il juge vraie qu'en vertu d'une évidenceautre, la seule réelle pour lui : nous ne pouvons pas nous fier à l'évidence parce qu'il n'y a que de faussesévidences.Mais si l'évidence véritable est infaillible, elle est moins commune que ne le croit le vulgaire.

Elle suppose, en effet,que nous ne voyons ni plus ni moins que ce qu'il nous est donné.Or, il est bien des cas où nous voyons plus par suite de nos préjugés et de nos passions.

Nous ne pouvons pas nousfier à notre sentiment spontané d'évidence dans les questions qui nous tiennent à coeur : l'évidence qu'a une mèrede l'innocence de son fils accusé d'un crime n'a aucune valeur.

Il est nécessaire d'un long effort pour parvenir audésintéressement indispensable pour bien juger, et on n'est jamais certain d'y être parvenu.

Parfois, au contraire, laréaction contre l'intérêt personnel va au-delà du but et nous rend trop sévères pour nous.Dans d'autres cas, c'est la complexité de l'objet qui nous empêche de tout voir.

Nous jugeons bien commeintelligence pure, mais d'après ce que notre esprit embrasse et d'après la manière dont les choses se présentent àlui.

Il est des éléments du réel qui nous échappent, des points de vue auxquels nous n'avons pas songé.

C'estl'observation d'un fait ignoré jusque-là qui, le plus souvent, renouvelle tout un chapitre de la physique.Le domaine de nos connaissances dans lequel il est possible d'aboutir à des évidences véritables est néanmoinsétendu.Tout d'abord, nous pouvons avoir des évidences absolues ou métaphysiques en mathématiques : les êtresmathématiques, en effet, étant purement abstraits, ne provoquent pas de passions ; d'autre part, étant créés parl'esprit, nous savons ce qu'ils contiennent et ne risquons pas de laisser échapper d'élément essentiel.En dehors des mathématiques, nous pouvons avoir des évidences physiques de faits simples comme notre existence,le fait que nous pensons ou même le fait qu'il fait jour ou que Napoléon a existé.Au-delà le vaste domaine des évidences morales ou pratiques qui commandent la presque totalité de notre vie.

Ellesrésultent de probabilités convergentes. Évidence et critère de la vérité. Il reste une question subsidiaire portant sur le terme même de critère : pouvons-nous considérer l'évidence commele critère de la vérité ?Cette façon de parler suppose que, ne pouvant atteindre la vérité elle-même, nous cherchons un signe auquel nousla reconnaîtrions infailliblement.

Pouvons-nous admettre cette conception d'une évidence qui serait le stadepréliminaire à la reconnaissance de la vérité ? A la question ainsi posée nous devons répondre par la négative : eneffet, l'évidence ne se distingue pas de la vérité.Psychologiquement, l'affirmation véridique ne comporte pas deux étapes : d'abord la perception d'une évidence ;ensuite, la reconnaissance d'une vérité.

C'est d'un seul et même regard que nous percevons qu'une proposition estévidente et qu'elle est vraie, qu'elle est évidemment vraie et véritablement évidente.Logiquement, supposé que la vérité ait besoin d'un critère autre qu'elle-même, pour s'assurer de la vérité de lavaleur de l'évidence, il serait nécessaire de faire appel à un autre critère et ainsi de suite indéfiniment. Conclusion. — Les sceptiques peuvent restreindre à l'extrême le domaine de nos connaissances dans lequel nous pouvons avoir des intuitions méritant la confiance d'un esprit critique.

Mais, sous peine de renoncer à penser, ilsdoivent admettre la valeur des véritables évidences intuitives.Néanmoins il semble préférable de renoncer à la formule l'évidence, critère authentique de la vérité : la vérité n'apas besoin de signe auquel on la reconnaisse ; elle est comme la lumière qui fait voir tout le reste et se fait voir parelle-même.. »

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