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L'introspection. Ses limites. Ses qualités propres et irremplaçables. ?

Publié le 22/06/2009

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L'introspection, ou observation interne du sujet pensant par lui-même, constitue certainement l'un des points qui ont le plus divisé les psychologues à notre époque. Jusqu'au xixe siècle, la conscience fut, en effet, la seule source officielle et avouée des observations psychologiques. Mais, en face d'insuffisances réelles et sous la violente réaction d'Auguste Comte, un puissant mouvement de méthode objective s'élabora qui alla jusqu'au pur « behaviourisme « et à l'étude des seuls comportements externes (école de Piéron). Mais, avec William James, Bergson et bien d'autres, les fines analyses psychologiques ont montré de nouveau l'importance de l'observation subjective. Sur un sujet aussi disputé et aussi important (puisqu'il s'agit d'une question de méthode), il importe donc de bien préciser d'abord ce qu'il faut entendre ici par introspection : il nous sera plus facile alors de voir en quelle mesure elle est utile ou même nécessaire, et enfin si vraiment c'est une méthode suffisante en psychologie. Notion — qualités et avantages — limites, nous aurons ainsi parcouru les parties essentielles du sujet.

« c) On peut même dire que l'importance de l'introspection dépasse la psychologie expérimentale et nous met enpossession des notions métaphysiques essentielles.

Dans le « je pense », il y a prise de possession, non seulementde l'objet de ma pensée et de l'action de penser, mais encore l'appréhension globale du « je » sujet pensant, être,substance cause, et c'est pourquoi l'on a pu dire que l'introspection nous permettait et nous permettait seuled'attendre directement un absolu. III.

— Les lacunes et les limites de l'introspection. Il n'en reste pas moins vrai que l'observation du sujet par lui-même présente des difficultés réelles et desinsuffisances. A.

Les difficultés sont classiques : a) Les unes proviennent de l'objet complexe, mobile, qualitatif, dans lequel les faits de genres divers s'enchevêtrentet évoluent sans cesse, sans se prêter à aucune mesure précise.b) Les autres, du sujet lui-même, souvent p^us entraîné à regarder au dehors qu'au dedans, s'observent, quand il lefait, suivant un modèle préconçu qui manque d'impartialité.c) D'autres, enfin, les plus importantes, proviennent de l'identité entre sujet et objet, et, par suite, desdéformations qu'en subissent certains états affectifs violents : colère, passions, etc.

Les observer, c'est quelquepeu les transformer ou les détruire, en tout cas nous exposer à des illusions pouvant nuire au caractère scientifiquede l'introspection. B.

Ces difficultés ont fatalement entraîné certaines lacunes, en opposition avec divers caractèresessentiels à toute science (certitude, précision, généralité). a) Les infidélités possibles dues aux causes que nous venons de parcourir nuisent évidemment à la précision etparfois à la certitude des résultats.

Mais, à vrai dire, ces difficultés ne sont ni insurmontables, en faisant appel àl'attention, à la mémoire, à l'impartialité et à une formation appropriée; ni absolument propres à la psychologie :l'objet des sciences biologiques ou sociales n'est-il pas lui aussi complexe et mobile ? b) Un défaut plus grave de l'introspection c'est de manquer de généralité.

1° Elle n'atteint pas directement tous lesfaits psychiques : de toute l'activité inconsciente, elle ne perçoit que les résultats; le dynamisme même lui en restefermé, ainsi que ce domaine important aux yeux de maints psychologues;2° Elle ne fait connaître que des faits appartenant à l'individu qui s'observe.

Il est bien certain que dans le « moi »réside l'homme.

Mais il faut le distinguer des caractères propres à chaque individu. Conclusion. — C'est précisément pour cette tâche de comparaison et de précision que devra intervenir la méthode objective et l'observation des autres.Ainsi l'introspection, restant à la base et permettant d'interpréter les constatations faites sur autrui, en tirera elle-même le complément de lumière et de généralité, ce qui, malgré ses limites, lui permettra d'être une véritableméthode scientifique.

« Si tu veux bien te connaître, observe les autres; si tu veux bien connaître les autres,observe-toi toi-même.

» (Schiller.). »

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