L'imagination s'oppose-t-elle à la raison ?
Publié le 27/02/2008
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· Il faut tout d'abord commencer par mettre en évidence le fait que les mots « imaginer », « imagination », désignent plusieurs fonctions qui ont en commun un écart par rapport au réel, ou au vrai.· En étudiant l'imagination, on s'aperçoit en réalité très rapidement, qu'elle est souvent la cause de nos illusions ou de nos erreurs.
Elle nous fait voir des choses qui n'existent pas, elle échouetoujours dans sa fonction représentative, en cela qu'on ne voit jamais dans l'imagination un objetclairement et distinctement.
Elle semble joue avec la disproportion, la démesure.
Elle aime à transformerson objet, à lui faire subir de métamorphose.
On s'aperçoit dès lors, que si elle peut tout à fait être« créatrice » et bénéfique par exemple dans le domaine esthétique, elle semble néanmoins être exclut duchamp de la connaissance. · En effet, on peut prendre l'exemple pascalien (fragment 82 des Pensées ) du rêve : il peut nous arriver de rêver que l'on rêve de sorte qu'il n'y ait plus de marque de distinction du vrai et du faux.Elle supprime la distinction entre la veille et le sommeil puisqu'elle l'introduit dans le rêve.
En ce sens, elleest la reine des puissances trompeuses.
D'ailleurs, elle est d'autant plus fausse qu'elle peut tout à fait nepas l'être toujours : c'est donc ici son manque de fiabilité qui lui est reproché et qui l'empêche de pouvoirentretenir légitimement un quelconque rapport à la raison.· Car la raison, elle, a propre affaire à la vérité qui est son objet.
L'imagination semble être totalement exclue de ce domaine, et donc s'y oppose en ce sens qu'elle est puissance par laquelle lesillusions peuvent advenir.
On peut prendre l'exemple d'un personnage de Corneille s'exclamant« Imaginons ! » ; et son interlocuteur croyant réplique : « Célestes vérités ! » (Pauline dans Polyeucte , acte IV, scène 5).
Le poète moderne reprend, sur un autre ton, « imaginer » en un sens très voisin : « situ t'imagines fillette, […] ce que tu te goures ! » (Queneau, L'Instant fatal ).
L'imagination en vient à s'identifier à l'opinion, explicitement chez Pascal, opinion qui véhicule indifféremment le vrai et le faux, etpar là dénature le vrai et laisse régner le faux.® « C'est cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plusfourbe qu'elle ne l'est pas toujours » (fragment 82 des Pensées de Pascal) · L'imagination semble donc n'entretenir aucun rapport avec la raison, et même si oppose totalement dans son usage fantasmatique et non réglé. II- L'imagination vient au secours de la raison en tant que faculté de présentification · Cependant, on ne peut réduire l'imagination à la fantasia, c'est-à-dire à un usage non réglé et trompeur, ou en tout cas non fiable.
Que l'imagination n'ait pas, en propre, pour objet la vérité,ne veut pas dire qu'elle y fait forcément obstacle.· On peut en effet trouver un usage de complémentarité entre imagination et raison, en tant qu'on subordonne la première à l'entendement capable de la réguler.
En réalité, l'imagination peuttout à fait venir au secours de la raison en tant que faculté de présentation : ainsi, la raison qui traitepar abstraction peut faire appelle à l'imagination qui lui présentera son objet.· Ainsi, et avec Descartes ( Règles pour la direction de l'esprit , règle 12), l'imagination peut tout à fait jouer le rôle d'auxiliaire de l'entendement, et sera, en conséquence, mise au service de laconnaissance.
Elle est alors utile car elle permet de figurer les choses abstraites.
L'imagination, ainsidéfinie, devient alors un pouvoir intermédiaire, mais reste une faculté mineure de l'esprit ; elle n'a en effetpas la perfection de la sensation (l'image est toujours plus faible et moins précise que la perceptionsensible) et n'a pas, en tant que telle, la vérité de l'intellection.· L'imagination joue dès lors comme figuration de l'idée comme conception intellectuelle par l'entendement : l'imagination entretient donc une relation d'auxiliaire, de complémentarité avec le travailde la raison, en cela qu'elle schématise les objets intellectuels.
(Cf.
6è méditation)· Si l'imagination est requise pour former la représentation d'une chose corporelle alors on ne pourra pas se passer d'elle en physique, c'est-à-dire dans le domaine de la connaissance desphénomènes matériels.
Nous en avons donc pour se représenter des réalités corporelles individuelles, maisindispensable à la schématisation du réel.
Ainsi, le mécanisme géométrique cartésien constitue cettephysique qui fait une place à l'imagination c'est-à-dire à la fonction schématisante de l'esprit qui sereprésente par l'imagination les corps en mouvement au moyen de lignes et de surface.
Dès lors, nonseulement l'imagination ne s'oppose pas à la raison, mais surtout elle en est la servante, et en cela lui esttotalement complémentaire. III- L'imagination, en tant que transcendantale, rend possible la connaissance, c'est-à-dire le travail de la raison · Pourtant, l'imagination peut tout aussi bien acquérir une autonomie par rapport au travail de la raison qui jusque là semblait primer.
En effet, on a tendance à faire de l'imagination la servante del'entendement, mais on peut aller jusqu'à dire que le travail de l'imagination rend possible, a priori, touttravail de la raison.· En effet, on peut avec Kant expliciter le principe de l'imagination transcendantale qui se.
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