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L'imagination rend-elle les fous heureux ?

Publié le 09/04/2009

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Formulation maladroite du sujet. Il aurait peut être été plus habile de se demander si nous pouvons dire, avec Pascal, que l’imagination rend les fous heureux. L’imagination, en tant qu’elle nous permet de nous évader de la réalité, peut nous rendre heureux : nous y mettons ce que nous voulons. Elle peut aussi être source de peur, et nous fait croire que ce que nous imaginons, monstres effrayants de notre enfance par exemple, est réel. Affirmer que l’imagination rend les fous heureux, est-ce à dire qu’elle rend les plus sages malheureux ?  

I/ L’imagination, «cette folle du logis«

A : L’imagination, maitresse d'erreur et de fausseté - L’imagination nous laisse à voir ce que nous voulons, ce que nous désirons. Mais ce que nous voyons, en ce sens, n’est pas ce qui est. - Elle trompe les sens, subvertit la raison, nous offre une image de nous même généralement tronquée et abusive. - Platon condamne les images et plus encore les images produites par l’imagination désirante qui détournent de la réalité et de la vérité au profit de l’apparence trompeuse et de l’illusion. - Descartes en fait une aberration du sensible. - Les hommes peuvent prendre ce que leur montre l’imagination pour ce que la raison leur offre à voir : « Les hommes prennent souvent leur imagination pour leur cœur «. Pascal.  

 

« -les images qui se présentent à eux sont si irrationnelles qu'elles se dénoncent elles-mêmes comme illusoires.-la folie en tant que représentation déraisonnable et chimérique. III/ La puissance de l'imagination, le désir d'être heureux A : Du manque au comblement du vide - Le désir d'être heureux se confond avec l'amour de soi.- C'est le désir qui commande la pensée ; nous voulons à nouveau connaître le bonheur que nous avons connu.- L'imagination possède cette capacité de rendre heureux.

Elle a pour seule loi le principe de plaisir qui s'oppose auprincipe de réalité : ce qu'on désire est ce que l'on a pas, donc, ce qui n'est pas réel.

C'est l'imaginaire qui faitparaître réel ce qui ne l'est pas. B : Du principe du plaisir au principe de réalité - Pascal : « Les habiles par imagination se plaisent tout autrement à eux-mêmes que les prudents ne se peuventraisonnablement plaire.

Ils regardent les gens avec empire ; ils disputent avec hardiesse et confiance ; les autres,avec crainte et défiance : et cette gaîté de visage leur donne souvent l'avantage dans l'opinion des écoutants, tantles sages imaginaires ont de faveur auprès des juges de même nature.

Elle ne peut rendre sages les fous ; mais elleles rend heureux, à l'envi de la raison qui ne peut rendre ses amis que misérables, l'une les couvrant de gloire, l'autrede honte.

» Pascal in Pensées 82 : ceux qui se laissent aller aux délices de l'imagination se pensent tellementsupérieurs aux autres que leur confiance en eux et partant la maîtrise qu'ils affichent face aux gens leur assure tousles succès.

Ils se persuadent qu'ils sont les meilleurs en persuadant les autres.- Les sages, qui ne cessent de lutter contre les pouvoirs de l'imagination en lui opposant celui de la raison serontquant à eux perçus comme étant faibles et connaîtront donc plutôt la honte que la gloire.- Les plus fous, qui s'imaginent tout puissants seront donc nécessairement plus heureux : il n'y a plus de limitesentre leurs désirs et la réalité, étant donné qu'il n'y a plus pour eux de réalité. Conclusion L'imagination semble donc combler un manque que la raison laisse tel quel parce qu'elle ne peut pas le combler, nousrappelant toujours à l'ordre de la réalité.Affirmer que l'imagination rend les fous heureux laisse à voir que la raison ne lutte plus, et que partant, ce manque,qui se traduit par le désir, est comblé imaginairement, qu'il prenne ou non, au yeux du sujet la place de la réalité.

Ladéraison, en ce sens, est l'affirmation de la victoire de l'imagination et de ses représentations qui ne se heurtentplus à la conscience malheureuse de la réalité. Citations VICO : « L'imagination est d'autant plus vive que le raisonnement est faible », in Principes d'une science nouvellerelative à la nature commune des nations. ROUSSEAU : « C'est l'imagination qui étend pour nous la mesure des possibles, soit en bien, soit en mal, et qui, parconséquent, nourrit les désirs par l'espoir de les satisfaire » ; « Le monde réel a ses bornes, le monde imaginaire estinfini ; ne pouvant élargir l'un, rétrécissons l'autre ; car c'est de leur seule différence que naissent toutes les peinesqui nous rendent vraiment malheureux », in Emile ou de l'Education, Livre II. Référence Pascal in Pensées 82 coll.

La Pléiade, pp 851-852."Imagination.

C'est cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plusfourbe qu'elle ne l'est pas toujours ; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l'était infaillible du mensonge.Mais, étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant du même caractère le vraiet le faux.

Je ne parle pas des fous, je parle des plus sages ; et c'est parmi eux que l'imagination a le grand droit depersuader les hommes.

La raison a beau crier, elle ne peut mettre le prix aux choses.

Cette superbe puissance,ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer, pour montrer combien elle peut en toutes choses, aétabli dans l'homme une seconde nature.

Elle a ses heureux, ses malheureux, ses sains, ses malades, ses riches, sespauvres ; elle fait croire, douter, nier la raison ; elle suspend les sens, elle les fait sentir ; elle a ses fous et sessages ; et rien ne nous dépite davantage que de voir qu'elle remplit ses hôtes d'une satisfaction bien autrementpleine et entière que la raison.

Les habiles par imagination se plaisent tout autrement à eux-mêmes que les prudentsne se peuvent raisonnablement plaire.

Ils regardent les gens avec empire ; ils disputent avec hardiesse et confiance; les autres, avec crainte et défiance : et cette gaîté de visage leur donne souvent l'avantage dans l'opinion desécoutants, tant les sages imaginaires ont de faveur auprès des juges de même nature.

Elle ne peut rendre sages lesfous ; mais elle les rend heureux, à l'envi de la raison qui ne peut rendre ses amis que misérables, l'une les couvrant. »

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