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L'imagination n'est-elle que tromperie et confusion ?

Publié le 05/03/2009

Extrait du document

 
Ainsi, peut-être sommes-nous la cause même de cette tromperie que nous attribuons spontanément à l’imagination. elle n'est pas en elle-même maîtresse de tromperie et de confusion.
Dans la mesure où nous attendons de l’imagination des capacités qui ne lui appartiennent pas, nous pouvons facilement sombrer dans l’erreur.
Lorsque nous pensons de l’imagination qu’elle est tromperie et confusion, c’est en la rapprochant et en la comparant à la perception. Or, comme nous l’avons montré précédemment, elle ne nous a pas été offerte pour reproduire le réel mais au contraire pour nous donner à voir un autre visage du réel, pour faire que l’invisible soit visible. Elle s’affirme donc comme « la reine des facultés «, et se place comme la condition même de toues les opérations intellectuelles car, comme l’affirme Baudelaire, « sans elle, toutes les facultés, si solides et si aiguisées qu’elles soient, sont comme si elles n’étaient pas «. (Extrait du Salon de 1859, publié en plusieurs parties dans La Revue Française).   
 
Introduction: l'imagination entre jardin des délices et des maléfices.
 
  • I) L'imagination: folle du logis et maîtresse d'erreur et de fausseté.
  • II) L'imagination: la reine des facultés.
  • III) Imagination et vérité.
 
Conclusion: Imagination et recréation du monde.

« sentiment d'être profondément trahi par cet acte d'imaginer .

En effet, Hume, dans son ouvrage, distingue « les impressions » qui s'apparentent aux objets perçus, des « idées », qui ne sont que des « pâles copies » de ce quenous percevons.

Il souligne le degré d'intensité et de précision comme étant la différence entre objets perçus etobjets imaginés.

Les objets imaginés sont représentés avec moins de précision que ceux directement perçus.

A cela,Sartre, dans L'imaginaire , ajoute qu'il existe également une différence de nature entre les objets perçus et imaginés : en réfutant la thèse de Hume, il montre que la conscience vise, à l'encontre de ce qu'avait pu montrerHume, l'objet en image et non une image de l'objet.

En effet, Sartre insiste sur le fait que la conscience, qui chercheà se représenter une chaise, vise directement la chaise elle-même, et non une image de la chaise, et cela par lebiais d'une image mentale.

C'est donc en cela que l'image qui est produite peut ne pas apparaître d'une façon aussinette que la réalité même. Pascal, dans ses Pensées , dans son passage sur l'imagination, présente, lui, l'imagination comme étant l'ennemie de la raison et affirme qu'il vaut particulièrement se méfier de cette opération dont bénéficie l'esprit.

Si « elle ne peut rendre sages les fous », mais les rend heureux, l'imagination est perçue par Pascal comme un véritabledanger en ce que nombreuses personnes l'utilisent pour exercer leur domination.

Il s'insurge en effet contre lesmagistrats, les médecins, qui usant de leur imagination sur leurs tenues vestimentaires, par exemple, prétendentêtre compétents dans les domaines dans lesquels ils travaillent. Aussi l'imagination apparaît comme pouvant induire beaucoup de personnes en erreur car mêmes les sages, censés être des personnes rationnelles, peuvent succomber à ses pouvoirs : car comme le montre Pascal, ilspourraient penser, en se trouvant sur une planche large au-dessus du vide, qu'il s'expose au risque de tomber, lorsmême que cette planche s'affirme comme étant suffisamment large pour ne pas leur faire courir le risque de tomber.Peut-être faut-il donc particulièrement se méfier de l'imagination, capable de nous faire perdre pied sur le réel. Partie II Pour autant, devons-nous considérer qu'elle n'est que tromperie et confusion ?Si je cherche à imaginer Pierre, cette personne qui m'est familière, j'en obtiendrai une représentation.

Il apparaîtra à ma conscience « Pierre en image ».

Cette image, bien qu'imprécise, ne m'apprendra cependant rien deplus que je ne sache déjà.

En effet, le Pierre que j'imaginerai sera le Pierre que je connais, quelqu'un qui aura gardéses particularités, ses traits.

Peut-être ne devrions-nous pas réduire de la sorte l'imagination à une tromperie, dansla mesure où l'objet imaginé ne me trompe pas, car il ne révèle que les critères que je lui avais préalablementconférés.

Ce cube, que j'imagine, n'a rien de plus qu'un cube à six faces et à huit angles : je sais pertinemment quel'objet qui viendra à mon imagination sera un cube, en ce que j'y aurais préalablement pensé pour être capable del'imaginer.

Sartre appelle donc cette relation entretenue entre le sujet et l'objet imaginé une « quasi-observation » :je me place en tant qu'observateur mais mon rôle est restreint en ce que je ne découvre rien de plus dans l'objetimaginé puisque j'en avais une vision précise au préalable.

Par rapport à la perception, qui découvre peu à peu sonobjet, l'imagination livre l'image de l'objet d'un seul bloc .

Ce cube que je perçois peut finalement s'avérer ne pas en être un, car si je l'observe, si j'en fais le tour, je serai capable de voir que ma pensée était fausse.

Mais cecube que j'imagine ne peut pas ne pas être un cube et Sartre indique qu'un objet imaginé à sa « pauvretéessentielle », toujours pour insister sur le fait qu'il ne m'apprend rien que je ne sache déjà.

En cela, peut-êtreferions-nous mieux de revoir cette idée qui confère à l'objet imaginé l'idée d'un objet qui trompe.

Car l'objet imaginén'est rien d'autre qu'un objet passif : « à ces ordres de la conscience obéissent les objets ».

Cette phrase de Sartreprouve bien la passivité de l'imagination , qui dépend de ma volonté.

Je peux me détourner de ces objets imaginés, ils s'anéantiront. Dire de l'imagination qu'elle trompe, peut donc s'avérer être une pensée juste, fondée, si l'imagination est comparée à la perception . Partie III Cependant, adopter ce point de vue, n'est-ce pas tout simplement se tromper soi-même quant à la véritable fonction de l'imagination ? L'imagination est-elle véritablement destinée à « copier » le réel, à livrer une pâle copie de mes perceptions ?Il semble, en effet, que nous soyons dans l'erreur de penser l'imagination comme une reproduction du réel et qu'ainsi nous puissions nous tromper sur la nature même de l'imagination. Si Alain s'arrête sur le caractère défaillant de l'imagination qui serait incapable de produire une image aussi précise que la réalité telle que nous la percevons, nous devons également nous attarder sur ce caractère qui paraîtessentiel : le rôle originel de l'imagination semble ne pas être celui de reproduire le réel. La perception présente un domaine qui est fermé : lorsque je perçois, je m'inscris dans la durée.

Je perçois à ce moment-là, qui est un moment présent.

Quand j'imagine, au contraire, je peux imaginer des choses présentesmais également passées, et même futures.

Ainsi l'imagination peut explorer tous les champs possibles, dépasser le donné .

Elle s'ouvre sur les multiples possibilités qu'offre l'avenir : en cela, nous pouvons dire qu'elle permet, d'une certaine manière, une meilleure connaissance du réel. Si nous avions montré auparavant qu'elle est capable de brouiller le réel, dans sa manière de produire des images qui s'en écartent, en ce qu'elles ne reproduisent pas une copie de la réalité, mais en donnent une imageincertaine, il est désormais possible de dire de l'imagination qu'elle permet de mieux faire apparaître le réel : grâce à cette opération de l'âme, de nombreuses découvertes ont pu être effectuées.

L'imagination permet à lascience de progresser : par sa capacité de dépasser le donné, « de sortir du présent », on peut formuler grâce à. »

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