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L'image représente-t-elle fidèlement la réalité ?

Publié le 31/08/2010

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C'est en outre la ressemblance fidèle qui fait pour  Platon tout le critère de l'image : c'est en termes d'imitation qu'elle doit être évaluée. L'image est alors bien une représentation, c'est comme telle qu'elle se définit, et qui plus est, elle est une représentation fidèle, une imitation de la réalité ultime qu'est le monde intelligible. §  Définir l'image comme imitation de la réalité, c'est donc la définir comme instance entièrement dépendante de son modèle. L'image n'a alors de réalité qu'en tant qu'elle est imitation de la réalité, de la nature et c'est comme telle qu'elle peut être dite une bonne image ou non.  L'image est donc reproduction et notamment reproduction d'un plan. La peinture classique du XVIIe semble témoigner de cette fonction d?imitation de l'image. En effet, les oeuvres de Vermeer, telles La jeune fille à la perle, représentant le portrait fidèle d'une jeune femme, sont des représentations fidèles de modèles, que ce soient des scènes entières ou des portraits. Le but de l'image semble alors être de représenter le plus fidèlement possible la personne qui est le modèle du tableau, et c'est bien selon des critères de ressemblances que l'image est évaluée. L'image est alors dite « réaliste «, et c'est ce qui semble en faire la beauté. §  Définie comme telle, l'image semble alors entretenir un rapport ontologique avec son modèle.

« § Définie comme telle, l'image semble alors entretenir un rapport ontologique avec son modèle.

Eneffet, le modèle est alors l'être-même, la réalité, là où l'image n'est que son double dans la sphèrede l'apparaître.

L'image semble donc moindre que son modèle, parce qu'elle n'en est qu'un double.Mais alors, si l'image n'est qu'un double, il semble difficile de dire qu'elle soit une imitation fidèlepuisque dans ce cas, elle serait non pus l'image du modèle mais le modèle lui-même : modèle etcopie seraient identiques.

Or, l'image n'est jamais le modèle. L'image ne se définit-elle pas alors toujours dans l'écart vis-à-vis du modèle, ne pouvant qu'être une faible copie,mais jamais une imitation plénière ? L'image est-elle alors en défaut par rapport au modèle ou cet écart est-il unepuissance de l'image ? II) L'image est toujours écart par rapport au modèle et non imitation fidèle. § La définition même de l'image veut qu'elle soit un écart et qu'elle se constitue comme telle.

En effet,si toute image est image de quelque chose, cela signifie qu'elle n'est pas cette chose même, et defait, si l'image et son modèle étaient identiques, alors il n'y aurait plus d'image mais seulement lemodèle.

Faire de l'image une imitation fidèle revient donc à abolir l'image.

Cette dernière est donctoujours moins que le modèle.

C'est l'idée que semble aborder Rousseau dans son Discours sur les sciences et les arts .

Dans ce texte en effet, Rousseau dénonce l'image et la représentation que l'on donne de soi.

Eneffet, selon lui, l'image est toujours un écart vis-à-vis dumodèle et cet écart est en outre un défaut.

Le principe de lasociété selon Rousseau est « l'art de plaire », la représentationque l'on donne de soi, mais qui n'est pas conforme à notreréalité, c'est-à-dire à notre nature.

Cette image que l'ondonne de soi dans la société est une chimère, une illusiontrompeuse, apparente.

Cette image masque notre natureintérieure et première, elle est artificielle, purement extérieureet la société, culte de l'image fausse que l'on donne de soi estalors assimilée à un théâtre où chacun joue un rôle d'emprunt,qui ne correspond pas à ce qu'il est vraiment, à sa réalité, sanature.

La société est donc le règne de l'image, del'apparence, définies comme écart par rapport à a vraie naturede l'homme, voire comme illusion masquant cette nature.L'image, loin d'être une imitation fidèle de la réalité est alors aucontraire ce qui nous masque la réalité, ce qui la voile derrièreune apparence trompeuse, illusoire et artificielle.

Ce texte deRousseau fait donc de l'image une tromperie dont on sedélecte, dans la mesure où elle se fait spectacle de soi. § Mais si Rousseau fait la critique de l'image-apparence, il n'en reste pas moins que l'image semble avoir une puissance de déformation du modèle qui en fait uneinstance libérée de la dépendance au modèle au travers de l'imitation.

L'écart par rapport au modèlesemble bien enrichir l'image, et ce au sein même de la mimesis ou imitation.

En effet, dans la Poétique , Aristote évoque la question de l'image comme imitation.

Or, si l'image est toujours tributaire d'un modèle, elle peut selon Aristote, être plus ou moins fidèle, et c'est ce qui en fait tout l'intérêt.La mimesis n'est alors plus définie comme représentation fidèle mais comme possibilité de modifier le modèle, pour le noircir ou l'embellir.

En effet, comédie, tragédie et épopée sont pour Aristote desmoyens de peindre l'humanité, d'en donner une image, mais l'artiste peut toujours rendre lespersonnages plus beaux ou plus laids qu'ils ne sont.

Cette possibilité a en outre une visée comique,dans le cas de la caricature, ou morale, dans le cas où la pièce a pour vocation de faire passer uncertain message vis-à-vis des spectateurs.

Dès lors, c'est dans l'écart que l'image se définit mais cetécart n'est pas nécessairement à concevoir comme un défaut de l'image ? Bien au contraire pourAristote, l'image, même dans l'imitation, possède alors une dimension créatrice.

L'image n'est alorsplus une copie, un double reproduisant un modèle mais elle comporte une dimension de création. Mais alors, plus que comme un écart nécessaire vis-à-vis du modèle, l'image ne peut-elle pas s'émanciper du modèleet se poser comme instance autonome créatrice et non plus comme double plus ou moins fidèle de la réalité ? III) L'image autonome émancipée de la représentation se fait elle-même présentation.

Elle rend visible l'invisible. § L'image trouve alors son être dans ses structures propres et non par rapport à un modèle qu'elleaurait pout tâche de représenter.

Elle semble ainsi pouvoir s'émanciper de toute représentation pour. »

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