Devoir de Philosophie

L'idée d'humanité a-t-elle un objet ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Il en vient finalement à définir l?homme comme genre d? « animal bipède sans plume ». Cette réponse logique n?est pas satisfaisante, car une définition générique de l'humanité a une limite morale. Elle ne prête aucune valeur intrinsèque à son objet, et divise le genre humain comme les genres de pierres ou les genres de techniques. Comme le dit l'Étranger : « (...) notre méthode d'argumentation n'a pas plus d'attentions pour un sujet grandiose que pour un autre, elle n'accorde pas moins d'estime à ce qui est petit qu'à ce qui est grand »(Politique, 266d). Si l?idée d?humanité a un objet, il faut que celui-ci puisse être qualifié moralement.     Transition : Si le genre humain comme ensemble actuel des hommes ne suffit pas à rendre raison de la notion même d'humanité (l'humanité logique entrant en conflit avec l'humanité axiologique), il va falloir se demander si le genre humain (comme quantification logique) ne manque pas, pour constituer le concept d'humanité, de la considération d'une nature humaine qui l'informe.                                              2ème partie : L?idée d?humanité se saisie dans l?idée de nature humaine. Elle porte sur une qualité et non sur un objet.   - Pour Aristote, la nature de l?homme doit être pensée comme un accomplissement, comme une puissance qui doit s?actualiser au cours de la vie de l?homme.

« - Pour Aristote, la nature de l'homme doit être pensée comme unaccomplissement, comme une puissance qui doit s'actualiser au cours de lavie de l'homme.

L'homme est pour Aristote un « animal politique » car il réaliseson excellence au sein de la cité, c'est-à-dire dans la vie sociale. L'humanité ne s'accomplit pas dans l'individu mais elle s'accomplit seulement dans unecertaine perfection du développement qui excède l'individu et vise lacollectivité.

Le caractère processuel de l'humanité rend compte de la difficultéà saisir son objet : l'idée d'humanité n'a pas l'homme comme au objet, en tantqu'elle porterait sur un sujet finit, mais semble être la définition même del'homme, en tant que programme que l'homme doit réaliser.- si l'humanité se laisse ainsi comprendre, il faut alors demander de quelledisposition elle est l'actualisation.

Il s'agit de retrouver un objet à l'idéed'humanité dans les qualités qui font de l'homme un être capable d'humanité.Pour Aristote il n'y a en effet « qu'une chose qui soit propre aux hommes par rapport aux autres animaux : le fait que seuls ils aient la perception du bien,du mal, du juste, de l'injuste et des autres notions de ce genre.

Or avoir detelles notions en commun, c'est ce qui fait une famille et une cité »(Politiques , id., 1253a15).

Pour le philosophe ce qui permet l'humanité de l'homme, c'est-à-dire sa réalisation propre au sein de la cité, c'est donc samoralité, c'est-à-dire le fait qu'il possède les notions des valeurs morales.L'idée d'humanité aurait alors pour objet non pas l'homme comme genre humain et simple disposition physique, mais l'homme doté d'une moralité en vue d'une réalisation pratique (= uneéthicité).

L'objet de l'idée d'humanité semble à ce stade la « nature humaine », c'est-à-dire les qualités morales del'homme, et non l'homme pensé du seul point de vue de sa conception biologique.

Transition : Mais cette nature elle-même pose problème, parce qu'elle semble impliquer la stabilité de la définition de l'humanité.

Parler de nature humaine, c'est en effet faire fond sur l'essence de l'homme en tant que facteurd'intelligibilité stable de l'humanité : or cette dernière, dès lors que l'on cherche à la saisir comme valeur et plusseulement comme nature, semble au contraire se dénaturer en permanence (contrairement à l'humanité physique,l'humanité éthique qui relève de valeurs morales devient relative, diverse et variée) 3ème partie : L'idée d'humanité porte sur la condition humaine. - L'homme qui se réalise lui-même et évolue au sein de valeurs qui font de lui un être doué d'humanité, apparaîtdans une plasticité qui empêche toute définition limitée du sujet.

Pourtant, l'idée d'humanité ne doit pas renoncer às'assigner un objet précis, et c'est dans la condition humaine qu'elle peut le trouver.

En effet, si l'humanité résidedans la puissance de l'homme à réaliser sa nature humaine, il faut comprendre que ce qui fait l'humanité de l'homme,c'est sa liberté.

La distinction fondamentale entre l'homme et les animaux est que l'homme n'est pas conditionné parun instinct qui le limite dans ses actions, et le détermine à agir, mais au contraire, est doté d'un libre-arbitre qui faitde lui une volonté libre, capable de délibérer sur le choix de ses actions, sur le projet de sa vie.

L'idée d'humanitéporte donc en dernière instance sur la liberté de l'homme, car c'est parce que l'homme est libre que l'idée d'humanitédevient signifiante.

L'objet de l'idée d'humanité est alors la condition humaine, c'est-à-dire la liberté.C'est là le sens principal de la formule de Sartre selon laquelle pour l'homme « l'existence précède l'essence ».

Cetteconception de l'humanité, loin de remettre l'homme à la pure variété des choix subjectifs, assume pleinementl'éthicité de l'humanité, puisque l'homme ainsi conçu est inconditionné.

Le fait de l'humanité comme conditionhumaine libère l'homme de toute détermination intelligible a priori de sa propre humanité, et lui remet en mainspropres le choix de ce qu'il sera.

Conclusion : Si l'objet de l'idée d'humanité semble derechef être l'homme en tant qu'être humain, le problème est de savoir dequelle manière celui-ci lui est assigné.

Il n'y a pas tant dans le fait d'être un homme d'essence de l'humanité que deprocessus de l'humanisation : l'humanité n'est jamais rien d'abord, elle devient et advient toujours dans les actes dechaque homme.

Par conséquent, l'objet de l'humanité est davantage la liberté de l'homme que l'homme comme êtrebiologique, car c'est la liberté qui nous fait connaître et qui permet l'existence d'une telle idée, qui est avancée pourdéterminer la distinction fondamentale de l'être humain avec les animaux.C'est au prix de cette pensée que l'on peut finalement reconquérir et comprendre l'enjeu éthique de l'humanité, quifait le fond de la compréhension commune du mot : agir « par humanité » ne signifie ainsi rien d'autre que le faitd'agir au point de vue de l'engagement moral total et libre qui se joue dans le plus minime de nos mouvements.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles