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L'HOMME CIVILISÉ EST DÉPRAVÉ - ROUSSEAU

Publié le 10/05/2005

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rousseau
« L'homme sauvage, quand il a dîné, est en paix avec toute la nature, et l'ami de tous ses semblables. S'agit-il quelquefois de disputer son repas ? Il n'en vient jamais aux coups sans avoir auparavant comparé la difficulté de vaincre avec celle de trouver ailleurs sa subsistance et comme l'orgueil ne se mêle pas du combat, il se termine par quelques coups de poing. Le vainqueur mange, le vaincu va chercher fortune, et tout est pacifié, mais chez l'homme en société, ce sont bien d'autres affaires ; il s'agit premièrement de pourvoir au nécessaire, et puis au superflu ; ensuite viennent les délices, et puis les immenses richesses, et puis des sujets, et puis des esclaves ; il n'a pas un moment de relâche ; ce qu'il y a de plus singulier, c'est que moins les besoins sont naturels et pressants, plus les passions augmentent, et, qui pis est, le pouvoir de les satisfaire ; de sorte qu'après de longues prospérités, après avoir englouti bien des trésors et désolé bien des hommes, mon héros finira par tout égorger jusqu'à ce qu'il soit l'unique maître de l'univers. Tel est en abrégé le tableau moral, sinon de la vie humaine, au moins des prétentions secrètes du coeur de tout homme civilisé. » ROUSSEAU

•    Rousseau compare l'homme à l'état de nature et l'homme à l'état civil. Il constate la dépravation de l'homme civilisé. •    Rousseau oppose la simplicité naturelle et le besoin du paraître né avec l'état civil. Ce besoin du luxe développe les passions et la violence. L'état civil étouffe la pitié naturelle. •    L'homme, naturellement bon, perd cette bonté. Pourquoi ? La société porte-t-elle nécessairement les hommes à la violence ?

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« QUESTION 3 « Tel est en abrégé le tableau moral, sinon de la vie humaine, au moins des prétentions secrètes de tout hommecivilisé.

»• Cette phrase conclut le texte et résume la pensée de l'auteur.

Ce tableau moral assez sombre est celui de l'hommecivilisé, non de l'homme sauvage, car ce dernier est naturellement bon comme nous l'avons vu.

C'est pourquoiRousseau précise « sinon de la vie humaine » qui dans son essence n'est pas violence.• Rousseau sait pertinemment qu'il ne peut y avoir un retour à l'état de nature puisque cet état est une hypothèse,une fiction (cf.

question 1).

D'ailleurs, cet état primitif ne permet pas à l'homme de se perfectionner.C'est parce que l'homme est perfectible qu'il développe raison, morale, langage.

Donc, ce que Rousseau condamne,c'est l'abus, l'arrogance, en un mot la mauvaise utilisation de la raison.

L'homme est par nature libre.

La dignité de laraison est dans le respect de cette liberté. QUESTION 4 La nature humaine est-elle, d'après vous, responsable de la violence entre les hommes ?La question soulève le problème de l'inné et de l'acquis.

Est-on naturellement agressif ? Vous devez vous engager.L'interrogation vous interpelle : « d'après vous ».Nous allons envisager plusieurs possibilités. 1.

La nature humaine est par essence agressive :– Thèse de Hobbes : « L'homme est un loup pour l'homme.

»Le droit se ramène à la force.

Tous les moyens sont bons pour obtenir ce que l'on désire. – Thèse de Hegel : « L'état de nature est plutôt celui où règne la violence et l'injustice.

» Il reprend les idées deHobbes.– Thèse de Calliclès, personnage du Gorgias de Platon, qui va jusqu'à faire l'apologie de la violence et se demandepourquoi les plus forts devraient s'embarrasser des conventions qui ne sont le fait que des faibles.– Thèse de Freud : l'homme est essentiellement agressif.

C'est la société qui inhibe ses pulsions.On ne va pas continuer à énumérer les philosophes, les penseurs qui prônent une nature humaine par essenceagressive ou au contraire, tel Rousseau, une nature humaine essentiellement bonne (cf.

les religions monothéistes). 2.

Il faut maintenant se demander si, que l'homme soit naturellement bon ou violent, la culture ne peut pas pallierles failles de la nature humaine :– L'humanité commence où cesse la violence cf.

Hegel : « il est donc indispensable que les hommes échappent à cetétat pour accéder à un autre état, où pré-domine le vouloir raisonnable ».

Ainsi, prenant conscience de l'anarchiede ses passions, l'homme va faire l'effort de surmonter sa violence – irrationnelle – au profit du rationnel, de laraison.

C'est à travers le vécu, la vie en société, que l'homme va s'élever.

La société permet à l'homme dedévelopper sa raison et de maîtriser ses passions.– Socrate démontrera à Calliclès qu'il est victime de ses passions, donc non pas maître comme il le clame, maisesclave.– Freud démontre la nécessité de canaliser nos pulsions si nous voulons vivre en société. 3.

Certes la violence n'a pas disparu des sociétés humaines.

Il suffit d'ouvrir un journal ou de regarder la télévision,ou même, tout simplement, de regarder autour de soi, dans la rue (la violence verbale de certains automobilistes,par exemple).

Mais cela ne signifie pas qu'il faut renoncer à la raison.

L'homme véritablement libre est celui qui nonseulement refuse de céder à la violence mais aussi – surtout – qui a la volonté de maîtriser sa nature.

Celui-là seravraiment humain.

« Le barbare est celui qui croit à la barbarie » dit Claude Lévi-Strauss dans Race et Histoire. ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.

Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.

Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.

— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.

Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.

Puis, il a cherché à paraître, à dominer.

Il a inventé la propriété.

Sont venus l'inquiétude. »

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