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L'histoire peut-elle se faire sans la volonté des hommes ?

Publié le 22/02/2012

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histoire
Le terme « Histoire » - de l'ancien français « estoire » (qui signifie « récit d'évènements mémorables ») et du grec < historia > qui signifie « enquête – désigne d'une part les évènements du passé, plus ou moins influents, relatifs à l'évolution de l'humanité, et, d'autre part, l'étude de ces évènements. Ces évènements passés sont le fruit de l'enchainement de divers régimes politiques, personnages charismatiques, d'évènements naturels, en somme, d'énormément de facteurs. Il apparaît que les hommes, par leurs actes, par leur vie sociale, par leurs décisions et leurs comportements, créent cet éternel tourbillon, commun à toute l'humanité. Il semblerait donc que les hommes, en existant, en réagissant de telle ou telle manière, font l'histoire, en s'inscrivant de manière individuelle dans un tourbillon universel. Or, les hommes ont, depuis le XVIIIème siècle, ressenti le besoin d'analyser, de comprendre et d'interpréter ces faits historiques, conséquences des générations passées : l'homme semble avoir besoin de relater ces faits, de s'en souvenir, de les expliquer. L'histoire semble donc désigner une réalité historique – les évènements bien réels du passé – et la conscience de ces évènements, c'est-à-dire la représentation que les hommes se font de ces évènements. Ainsi, cette équivoque implique d'une part un caractère passif de l'homme face à l'histoire – qui correspondrait à un « cours de l'histoire » indépendant de la volonté des hommes –, et d'autre part un caractère actif – l'homme qui exerce sa liberté, sa volonté –, ce qui nous amène à nous poser la question « l'histoire peut-elle se faire sans la volonté des hommes ? ».
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« En outre, l'histoire, depuis la création de sociétés, semble répéter un même schéma, où les hommes se voient sanscesse confrontés aux mêmes problèmes et conflits, bien qu'il existe beaucoup d'éléments qui les font varier au fil dutemps.

Or, si l'histoire se répète ainsi, c'est qu'il existe une réalité historique qui reflète une sorte de mécanisme quivarie en fonction de la volonté des hommes à une époque donnée, une réalité qui témoigne de la vie des hommes àtelle ou telle période.

L'homme se reflèterait donc dans son histoire, qui le caractériserait bien qu'il l'ait lui-mêmecréée.

C'est en ce sens que Marx et Engels, dans L'idéologie Allemande, expliquent que l'homme, de tout temps, se« produisent socialement » : en effet, il existe un fait historique qui semble inaltérable et qui se répète sans arrêt,c'est la production – mais aussi la reproduction – des moyens qui permettent à l'homme d'exister.

L'homme inscritcette production dans un cadre social : il n'est plus à l'état de nature, et la société des hommes exploite la naturegrâce aux moyens de production.

Ainsi, les hommes seraient, de manière intemporelle (bien que différant selon lesépoques), toujours pris dans ce rapport à la production : Marx énonce les diverses « modes de production », quidiffèrent à chaque fois mais qui gardent toujours le même rapport (dans l'antiquité la société est basée surl'esclavage, au moyen-âge sur la seigneurie et les sers, aujourd'hui la grande industrie et la propriété privée) et quiinfluencent toujours les faits historiques.

Mais à cette grande cause générale, s'ajoute aussi des causes beaucoupplus accidentelles et beaucoup moins uniformes : certains hommes, par leurs opinions, leurs tempéraments, décidentde se révolter contre le système, de refuser de subir tel ou tel mode de production, de se placer en tant qu'hommelibre et de modifier une société qu'il estime nuisible : aussi, si l'individu appartient à une certaine classe sociale, (lepeuple par exemple), les données ne seront pas les mêmes.

Il est important de préciser que ces actions individuelles(rejointes et encensées par tout un peuple) sont toujours temporaires, et il existe des périodes de l'histoire où lasociété reste stable et où les modifications ne sont pas fondamentalement décisives.

Ces deux causes quis'affrontent, qui se mélangent et s'interfèrent (l'une étant toujours la même – le rapport social à la production – etl'autre étant plus aléatoire, car elle dépend d'individus esseulés) constitueraient, d'après Marx, les deux grandescauses des faits historiques.

Or, si la première cause ne semble pas le résultat de la volonté des hommes (ou alorsla volonté d'exploiter la nature et par conséquent de quitter leur état de nature), la deuxième cause qui vients'interférer à la première – et qui est toute aussi importante – est l'action directe de l'homme sur son histoire :l'homme, certes, subit la société et ses moyens de production, mais il peut néanmoins décider de s'y opposer etd'agir de façon réfléchie sur le « cours de l'histoire ».

L'une ne pouvant se faire sans l'autre, car l'histoire, d'aprèsMarx, est bien le résultat de la connexion de ces deux causes, il apparaît indubitablement que l'histoire ne peut sefaire sans la volonté des hommes, qui créent l'action, la force du cours des choses en se confrontant au systèmedans lequel ils évoluent.La volonté de l'homme, possible grâce à sa capacité de choisir qui le caractérise, associée à une cause historiqueprésente dans tous les âges, serait donc la condition sine qua non de la création de l'histoire.

Cependant, si leshommes apparaissent comme les acteurs principaux de l'histoire, sont-ils pour autant garantis du résultat de leurengagement ? En effet, nous pourrions tout à fait penser que l'évènement historique est soumis à des causesindépendantes à l'homme, et qu'il ne peut contrôler : la nature est une force que l'homme ne peut jamais maitriserentièrement.

De plus, le hasard ne tient-il pas une place étonnamment capitale dans la réalisation d'un faithistorique ? L'histoire désigne, a priori, l'enchainement des évènements du passé en épisodes qui auront plus ou moinsd'influence.

Il apparaîtrait donc évident que ces évènements sont le témoin des actions humaines, qui ont eu uneimportance sur le cours des choses.

Nous pourrions penser, à première vue, que l'histoire est donc le résultat desvœux des hommes d'accomplir telle ou telle action, ce qui reviendrait à dire : cela s'est passé ainsi parce que leshommes le voulait.

Or, ces évènements s'inscrivent toujours dans un cadre bien précis : un certain régime politique,un certain avancement du progrès et des technologies, certaines conditions climatiques peuvent tout à faitinfluencer les évènements.Le propre de l'évènement historique est la réunion de plusieurs facteurs, qui représentent la causalité d'unévènement, autrement dit, si telle chose est arrivée, c'est parce qu'à ce moment précis tels facteurs étaient réunis.Si l'homme maitrisait tous ces facteurs, il agirait de manière tout à fait prévoyante, en étant garanti desconséquences de ses actes, exprimant ainsi sa volonté.

Et pourtant, tous les évènements historiques semblentinfluencés par des facteurs qui sont indépendants de la volonté de l'homme, et totalement incontrôlables.Cependant, nous pourrions penser que si ces facteurs étaient toujours mineurs, ils n'influenceraient que très peul'action de l'homme, laissant toute la place à sa volonté.

Or, certains facteurs, indépendants de la puissancehumaine, peuvent être tout à fait primordiaux : l'issue d'une guerre est incroyablement sujette (cela se démontre demanière empirique) aux conditions climatiques, un peuple peut être rasé par un tremblement de terre, disparaître, etainsi modifier considérablement le rapport de force d'autres pays, et ainsi de suite.

L'issue des évènements est doncsujette à ces forces extérieures.

Certes, un tremblement de terre est très rare et ne pourrait à lui seul prouverl'intervention toujours importante du hasard dans l'histoire : néanmoins, le hasard, empêchant la garantie de laréalisation de la volonté des hommes, tient parfois une place très large au sein des évènements.

Et même desfacteurs a priori minimes pourraient déterminer en grande partie l'issue des évènements.En plus des facteurs qui apparaissent comme des causes flagrantes, desquels on peut on facilement prévoir l'issue(par exemple, un meurtre qui se réalise en réponse à un autre meurtre peut être tout à fait prévisible), certainsfacteurs semblent dérisoires et provoquent pourtant un résultat tout à fait déterminant.

En effet, certains faitshistoriques ont été déterminés par l'addition, parfois, de détails minimes et qui seront pourtant capitaux.

Il n'existeen effet aucune véritable proportion entre une cause et son effet, une cause minime pouvant engendrer des effetsextrêmement décisifs : la disproportion entre les deux peut être immense.

C'est en ce sens que Pascal, dans lesPensées, montre comment des facteurs on ne peut plus aléatoire peuvent « changer la face du monde ».

Il prendl'exemple concret et connu de tous de la reine Cléopâtre, qui sauva son peuple grâce à son union avec Jules César.Les récits de l'époque font état de la beauté de son nez, qui a sans doute été un affect important dans la séductionde l'empereur : Pascal se sert de cet attrait physique, le plus minime qui puisse être, pour démontrer la part de. »

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