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L'exploitation technique de la nature constitue t-elle un idéal pour l'humanité ?

Publié le 20/03/2009

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technique

L'exploitation technique de la nature constitue t-elle un idéal pour l'humanité ?

Depuis le plus simple outil servant à prolonger la main de l’homme et lui donner une fonction originale, la technique n’a cessé de s’élaborer au profit de la satisfaction des besoins humains. Toute l’histoire de l’humanité bat au rythme d’un savoir qui se rationalise constamment, et qui prend des formes que la morale ne peut toujours combattre (le XXe siècle semble vivre ainsi, sous la régence d’une technocratie qui évince toute intervention morale dans sa politique ; cf. H. Jonas, J. Ellul, etc.). Dès lors appartient réellement à l’homme, depuis la mythique bravoure prométhéenne, un savoir technique, une techno-logie (techno-logos : logos signifiant la raison, l’ordre intelligible et « technè « le savoir-faire), la possibilité de braver les lois naturelles et de les soumettre à ses désirs ou aspirations. Mais ce savoir ne verse-t-il pas dans la possibilité d’une menace insigne pour l’humanité, en tant que celle-ci, dans sa volonté de satisfaire de manière illimitée ses besoins, et dans son aspiration à la liberté et au bonheur, s’éloigne de sa nature même et adopte une vie dans laquelle tout se transforme rapidement, et où tout devient artificiel (ou superficiel) ?

 

 

I. Le devenir de l’homme maître de la nature

 

II. La prévention des abus techniques

 

 

 

technique

« Introduction Depuis le plus simple outil servant à prolonger la main de l'homme et lui donner une fonction originale, la technique n'a cessé des'élaborer au profit de la satisfaction des besoins humains.

Toute l'histoire de l'humanité bat au rythme d'un savoir qui se rationaliseconstamment, et qui prend des formes que la morale ne peut toujours combattre (le XXe siècle semble vivre ainsi, sous la régence d'unetechnocratie qui évince toute intervention morale dans sa politique ; cf.

H.

Jonas, J.

Ellul, etc.).

Dès lors appartient réellement à l'homme,depuis la mythique bravoure prométhéenne, un savoir technique, une techno-logie (techno-logos : logos signifiant la raison, l'ordreintelligible et « technè » le savoir-faire), la possibilité de braver les lois naturelles et de les soumettre à ses désirs ou aspirations.

Mais cesavoir ne verse-t-il pas dans la possibilité d'une menace insigne pour l'humanité, en tant que celle-ci, dans sa volonté de satisfaire demanière illimitée ses besoins, et dans son aspiration à la liberté et au bonheur, s'éloigne de sa nature même et adopte une vie danslaquelle tout se transforme rapidement, et où tout devient artificiel (ou superficiel) ? I.

l'action technique comme vecteur de liberté a.

En instituant la substance pensante comme puissance d'autodétermination, Descartes a fait de l'homme le principal acteur dans la transformation de la nature.

Cette dernière, déterminée comme substance étendue et sans pensée, se trouve assujettie et d'un moindredegré de perfection par rapport à l'homme.

Elle n'a plus cette propriété d'être sacrée et est recalée au rang de laboratoire expérimentalpour les sciences.

L'homme ainsi se promeut « maître et possesseur de la nature », s'autorisant dès lors toute forme d'initiative vis-à-visd'elle.

Et cette attitude proprement technique a-t-elle pour fin de libérer l'homme de sa nature instinctive, de ses penchants à satisfaire demanière immédiate ses désirs ? b.

C'est au travers de la fameuse dialectique du maître et de l'esclave (Hegel, Phénoménologie de l'esprit, IV) que Hegel présente la libération de l'homme par le travail, par le fait de façonner la nature à l'image de ses projets.

En effet l'esclave doit travailler pour lemaître et répondre à ses désirs ; et pour ce faire, il a à former des objets à partir d'une matière chaotique.

Le fait de travailler pour lemaître procure à l'esclave une libération puisqu'il se distancie de toute satisfaction immédiate.

Transformer la matière, ou lui donnerforme, c'est là tout le côté libérateur du travail.

En effet, en donnant forme à la matière, le travailleur se reconnaît dans ce qu'il produit,puisque c'est sa forme qu'il donne.

Le travail, qui était censé l'asservir, le libère au final.

L'esclave, en travaillant, devient maître de lanature.

II.

Vers une humanité menacée a.

La technique s'emploie le plus souvent à transformer la nature.

Et il y a là forcément de la part de l'homme un affront vis-à-vis des dispositions naturelles.

Ainsi les anciens Grecs étaient attentifs à ne pas violenter la nature pour ne pas s'attirer la colère des dieux.

EtProméthée dut supporter le châtiment divin pour avoir dérobé le feu aux dieux et l'avoir transmis aux hommes.

Aujourd'hui persiste cettecrainte de voir la technique détruire notre environnement, corrompre nos âmes et même menacer nos vies.

La science-fiction caractérisebien ce désir infini de puissance et la peur de s'y perdre.

Selon Rousseau , le progrès technique n'engendre pas un progrès dans les relations humaines ( Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ).

L'homme moderne vit au milieu des techniques, avec des objets qui structurent son environnement.

Le contact direct avec la nature se perd, ainsi qu'avec la société.

Le contact est donctoujours indirect, médiatisé par la présence obsédante des objets.

b.

On remarque aussi que les jugements moraux et religieux sur la technique ont peu d'effets.

Car il apparaît que la technique engendre une uniformisation des désirs et des besoins.

Aussi, forte de sa place, la technique semble ne pas vouloir prendre enconsidération les critiques qu'on lui adresse.

Hans Jonas montre que les promesses des techno-sciences modernes se sont inversées en menaces, et la perpétuation de l'humanité se trouve mise en question.

Refonder une théorie et une pratique de la responsabilité sembledonc être l'enjeu le plus important de cette ère technologique (Jonas, Le principe responsabilité, une éthique pour la civilisation technologique ). Une morale doit investir l'espace technique afin de contrôler son progrès, son évolution, et doit avoir un pouvoir décisionnel permettant decontrer toute orientation capable de mettre en péril l'homme.

Le politique doit instituer un principe de précaution, mais surtout s'employerà l'appliquer devant toute possibilité d'un risque pour les espèces vivantes.

Tout l'enjeu de la pensée de Jonas réside dans une volonté defaire prendre conscience à l'humanité des dangers pouvant découler d'une attitude égocentrée et démesurée devant la totalité du vivant.Retrouver une réflexion morale semble indispensable devant la « folie » technocratique, « folie » qui tend à supplanter tout discoursd'ordre éthique ou religieux.

Einstein affirmait l'absurdité d'une science sans religion, car c'est bien en cette dernière que se trouve latotalité des interrogations sur une vie proprement humaine fondée sur le respect de la totalité des créatures, toutes issues de Dieu.

Car lascience évince la morale, ou plutôt tend à devenir seule capable de juger de ce qui est bien ou mal.

Ainsi selon Ellul , le technicien ne tient pas compte de la morale, qu'il considère relative.

Ainsi la technique se juge elle-même, sans s'arrêter aux croyances (sacrées, spirituelles,religieuses) et à la morale.

La technique, selon l'auteur, se situe en dehors de toute contrainte morale ; plus encore, la techniquedeviendrait le juge même de la morale : « une proposition morale ne sera considérée comme valable pour ce temps que si elle peutentrer dans le système technique, si elle s'accorde avec lui » ( Le système technicien ) Conclusion Si la découverte de la structure exacte de l'ADN en 1953 promettait bien des avancées d'ordre technique afin d'améliorer les conditions devie humaine (croissance des productions agricoles par modification de la structure moléculaire des végétaux), il s'avère aujourd'hui desconséquences graves, relatives à la manipulation génétique de la nature, et faisant entrevoir un risque d'extermination d'élémentsnaturels, de producteurs de vie (la mort des abeilles, principaux polénisateur, due à leur absorption quotidienne de pesticides).

Si lesGrecs n'osaient soumettre la nature à leurs désirs sous peine d'attiser la colère des dieux, l' « homo oeconomicus » moderne projette sapuissance technique dans l'exploitation d'une nature dont la particularité est d'avoir une fragilité certaine.

Toute cette aspiration àsoumettre la nature à des besoins de plus en plus superficiels éloigne le sujet cartésien « maître et possesseur » d'une méditation sur soiet sur ses actes.

Si Descartes a promu le cogito au rang de faculté essentielle, il l'a en même temps, semble-t-il, entraîné dans un lentprocessus d'éloignement de soi, et de ses impératif d'une vie digne.

La vie active, supplantant la vie contemplative, sépare le sujet duréel, et l'installe de plus en plus dans l'illusion d'être indispensable, ignorant du fait qu'en tuant la nature il en viendra à se tuer lui-même.. »

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