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L'EXPLICATION DES FAITS SCIENTIFIQUES : HYPOTHÈSE, CAUSE ET LOIS ?

Publié le 12/06/2009

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Expliquer les faits c'est en chercher la raison suffisante, en rendre compte par la cause, la loi, la fin, la substance et les autres instruments d'intelligibilité dont dispose la raison. L'explication par la finalité intéressant seulement les sciences biologiques, nous en réservons l'analyse à la section suivante, pour ne retenir d'abord que les notions d'hypothèse, de cause et de loi qui intéressent toutes les sciences sans exception, la compréhension de la matière comme celle de la vie. a) L'hypothèse. Définition. Au sens expérimental, qui nous intéresse directement ici, l'hypothèse est l'explication plausible et provisoire des faits, l'interprétation des phénomènes, destinée à être soumise au contrôle de l'expérience. Ni supposition gratuite, ni principe a priori catégorique, l'hypothèse, simple vérité provisoire, a un caractère foncièrement problématique. Mais c'est une opération indispensable du processus expérimental. CLAUDE BERNARD écrit : « L'hypothèse est au point de départ de toute recherche scientifique, il n'existe pas de science indépendante de toute idée préconçue, de toute hypothèse. « La recherche expérimentale, en effet, n'a de sens que par l'idée qui l'anime. L'hypothèse est ce fil conducteur, cette idée directrice, cette question nécessaire que l'on pose à la nature. Car les faits ne parlent pas d'eux-mêmes. « On dit toujours : laissez parler les faits, le malheur c'est que les faits ne parlent pas « (H. POINCARÉ). Au contraire grâce à l'hypothèse, les choses vont prendre un sens, fût-il provisoire. « Toute l'initiative expérimentale est dans l'idée car c'est elle qui provoque l'expérience. « (CLAUDE BERNARD). Aussi a-t-on pu dire que la science n'est qu'une série d'hypothèses vérifiées.

« b) La cause. Aspects de la notion de cause. La recherche des causes est un labeur philosophique autant que scientifique mais la complexité de la notion, sadifficulté nous obligent à simplifier l'exposé de la causalité pour en venir rapidement à son usage scientifique'.• Retenons surtout la cause efficiente : le phénomène qui en produit un autre ou l'être qui fait une action, et lacause finale : le but en vue duquel une chose est faite, un acte accompli, sa destination.• Nous distinguerions volontiers avec VIALATOUX deux types de causalité :1] La causalité naturelle, causalité objective ou par nécessité : elle n'est autre que l'ordre des phénomènes naturelsqui s'enchaînent et se conditionnent dans la trame du déterminisme.

Elle n'a rien à voir avec l'action volontaire etréfléchie d'une conscience libre.2] La causalité spirituelle, causalité du sujet ou par liberté.

C'est celle de la conscience humaine, du sujet pensantqui est cause de ses actes (ceux du moins qui sont volontaires) et s'en reconnaît responsable.

Causalitépsychologique qui est celle d'un être intelligent faisant l'expérience de sa liberté et de son activité créatrice.Les deux sortes (le causalité ne sont pas exclusives, on peut faire jouer l'une ou l'autre selon ce qu'on veutexpliquer ou même les combiner dans une étude psychologique de l'homme par exemple.

L'erreur est de vouloir toutexpliquer par l'une d'elles exclusivement.La première jouera surtout dans les sciences de la nature, la seconde dans les sciences de l'homme. Sur le terrain expérimental l'idée de cause doit être dépouillée de toute signification psychologique ou métaphysique.La relation de cause à effet est alors une relation de dépendance et de succession entre deux phénomènes A et B,telle que l'apparition de A entraîne nécessairement celle de B ou que B ne puisse exister sans que A ne se produise.STUART MILL définit en ce sens la cause : « L'antécédent ou l'ensemble d'antécédents dont le phénomène appeléeffet est invariablement et inconditionnellement le conséquent.

« La liaison en question est à la fois d'ordre logiqueet d'ordre expérimental.

L'antécédent n'est pas seulement ce qui précède (comme le jour précède la nuit ouinversement) c'est la condition nécessaire sinon suffisante du conséquent.

« L'effet ne survient pas seulement à lasuite de la cause, mais il est posé par elle et résulte d'elle.

» (KANT.)Par scrupule de vocabulaire il faudrait toutefois distinguer cause et condition, tous les antécédents ne méritent pasla dignité de cause.

La condition est ce sans quoi un fait ne peut se produire, la cause est ce par quoi il est produiteffectivement.Mais même ainsi allégée, la notion de cause ne va pas sans difficultés. Critique de la causalité. Il est toujours difficile de savoir à quel antécédent il convient de conférer a dignité de cause : la répétition del'expérience peut seule en décider.• Une série causale où s'enchaînent antécédents et conséquents, a un caractère artificiel.

Car il a fallu d'abordl'isoler dans l'enchevêtrement des phénomènes naturels où tout dépend de tout dans une certaine mesure.• Du côté antécédent et du côté conséquent, la causalité se prolonge à l'infini.

Peut-on savoir où commence lacause et où finit l'effet, autrement dit jusqu'où doit se prolonger la régression de cause en cause d'une part, leretentissement ou la répercussion d'effet en effet d'autre part ? ARISTOTE estimait qu'il faut s'arrêter dans larégression de cause en cause et que l'on rencontre ainsi la nécessité de la Cause Première ou du premier moteur,mais c'est passer de la causalité naturelle à la causalité métaphysique ou transcendante, ce qu soulève d'autresproblèmes, en raison du changement de plan.• A l'intérieur même de la relation causale, on peut se demander où finit la cause et où commence l'effet, quel est lepoint de fusion où meurt la cause tandis que naît l'effet.• La nécessité du lien causal.L'essentiel dans la relation causale c'est la dépendance nécessaire du conséquent à l'égard de l'antécédent.

Maiscette nécessité du lien causal, comment la concevoir et d'où vient-elle ? Selon KANT c'est une idée a priori quel'esprit impose à la nature afin de l'organiser suivant les lois de la raison, c'est une catégorie ou forme a priori del'entendement pur.

Selon HUME, au contraire, à qui s'oppose KANT, l'idée de cause nous vient de l'expérience.

C'estl'idée d'une consécution ou d'une conjonction qui nous apparaît comme constante à la suite de l'habitude que nousavons de voir les choses se- succéder dans un certain ordre.

L'expérience du reste ne révèle aucune connexionnécessaire mais seulement une liaison contingente entre les phénomènes.

Lorsque deux boules de billard se heurtentil n'y a pas autre chose dans ce fait que la succession de deux mouvements sans liaison nécessaire de la cause etde l'effet.On peut opposer à HumE que si nous n'avions pas l'idée de cause a priori, comme condition de l'expérience,l'expérience même ne pourrait nous la donner car nous ne saurions alors distinguer parmi les liaisonsinterphénoménales celles qui sont accidentelles et celles qui sont nécessaires ou invariables.

Mais on peut opposer àKANT que la nécessité que la causalité implique ne peut être seulement intérieure à l'esprit, il faut encore qu'elle soitune loi de la réalité objective si l'on veut que soit possible l'accord du rationnel et du réel. La causalité dialectique. Le processus causal est trop souvent considéré comme étant à sens unique, comme s'il était irréversible et que l'onne pût envisager une action en retour de l'effet sur la cause.

Cette réaction est au contraire retenue dans laconception dialectique de la causalité crue l'on attribue communément aux marxistes alors qu'elle est empruntée pareux à HEGEL.

L'idée qu'il y a une action réciproque des éléments du réel n'est pas une idée nouvelle.

On peut aller. »

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