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L'expérience ordinaire peut-elle nous tromper ?

Publié le 07/10/2009

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L'expérience non dirigée par l'esprit peut être trompeuse. Les évidences dues à la perception ordinaire constituent un obstacle à la mentalité scientifique  (Bachelard): la connaissance doit commencer par s'en libérer de manière systématique. La vraie connaissance doit alors se détourner de l'univers que nous livrent nos expériences, pour se construire uniquement par des voies rationnelles.

L’expérience est l’ensemble de ce qui nous est donné immédiatement par les sens et la perception. Par expérience ordinaire, on entend distinguer cette expérience de l’expérience scientifique, c’est-à-dire d’une expérience qui est l’objet de réflexion, de contrôle etc. L’expérience ordinaire est donc l’immédiateté même. Le problème alors de cette immédiateté est bel et bien qu’elle peut nous tromper ou du moins se révéler fausse. C’est bien ce que l’exemple du bâton brisé dans l’eau semble indiquer. L’expérience ordinaire n’est donc pas un critère de vérité. Sa fécondité cognitive et épistémologique est quasi nulle. Cependant, si un tel jugement rend compte de ce que l’on pourrait appeler un courant rationaliste (1ère partie), il ne faut pas oublier que toute connaissance débute avec l’expérience (2nd partie) ; bien plus, on peut même dire que l’expérience ne trompe pas mais que c’est bien le jugement qui nous trompe s’il prend pour argent compte l’expérience immédiate (3ème partie).

« des opérations de notre âme sur les idées qu'elle a reçues par les sens opérations qui, devenant l'objet desréflexions de l'âme, produisent dans l'entendement une autre espèce d'idées, que les objets extérieurs n'auraient pului fournir : telles que sont les idées de ce qu'on appelle apercevoir, penser, douter, croire, raisonner, connaître,vouloir, et toutes les différentes actions de notre âme, de l'existence desquelles étant pleinement convaincus, parceque nous les trouvons en nous-mêmes, nous recevons par leur moyen des idées aussi distinctes que celles que lescorps produisent en nous, lorsqu'ils viennent à frapper nos sens.

[...] Mais comme j'appelle l'autre source de nosidées sensation, je nommerai celle-ci réflexion, parce que l'âme ne reçoit par son moyen que les idées qu'elleacquiert en réfléchissant sur ses propres opérations ».b) L'empirisme est cette philosophie générale qui repose sur l'idée que nos idée viennent de toute de la sensibilitédonc de l'expérience.

Et c'est bien ce que nous dit Hume dans son Enquête sur l'entendement humain , section 2 : « Tous les matériaux de la pensée sont tirées de nos sens ».

Et pour comprendre cela Hume nous en fournit unexemple paradigmatique avec le cas d'un aveugle.

En effet, un aveugle ne peut former aucun de notion de couleur ;un sourd aucun notion de son.

Cela semble prouver d'une construction de l'esprit est incapable de rendre compted'un ensemble de fait en dehors de l'expérience.

De même que nos idées proviennent des sens, la connexion entrenos idées ont pour seule origine l'observation répétée d'une conjonction régulière entre des phénomènes.

Or celaexprime un rapport de causalité que l'on pourrait supposer construit par l'esprit, et la recherche de la cause peutêtre définie comme une des vocations de la science et la possibilité d'un accès à la vérité.

En effet pour Hume dans son Enquête sur l'entendement humain , la connaissance de la relation de causalité procède de l'expérience : « les causes et les effets peuvent se découvrir non par la raison, mais par l'expérience.

» et Hume ajoute « J'oseraiaffirmer, comme une proposition générale qui n'admet pas d'exception, que la connaissance de cette relation nes'obtient, en aucun cas, par des raisonnements a priori : mais qu'elle naît entièrement de l'expérience, quand noustrouvons que des objets particuliers sont en conjonction constante l'un avec l'autre […] Personne n'imagine qu'onait jamais pu découvrir l'explosion de la poudre ou l'attraction de la pierre de la pierre magnétique par des argumentsa priori ».

Ainsi, la vérité est bien donnée par l'expérience dans la pratique comme dans les sciences et c'est bien laconclusion que l'on peut tirer de la section 4 de l'Enquête sur l'entendement humain de Hume : « Toute les lois de la nature et toutes les opérations du corps sans exception se connaissent seulement par expérience ».c) Il apparaît donc que c'est bien le statut de l'expérience qui pose problème, car si l'expérience semble être unesource de connaissance dans certain domaine, elle se révèle incapable dans d'autres d'apporter la moindreconnaissance.

Or comme le remarque Sextus Empiricus dans ses Esquisses pyrrhoniennes : Les sens, donc l'expérience ne disent rien de certain sur ce qui existe.

Ils ne nous permettent pas de juger de l'état extérieur deschoses.

Ils ne cessent de se contredire.

Mais néanmoins il faut se fier à eux dans la vie quotidienne.

On ne peutnégliger les informations des sens.

Dans le domaine des affaires courantes, il serait absurde d'être aussi exigeantque dans celui des connaissances scientifiques.

Transition : Ainsi l'expérience est le départ et la condition sine qua non de toute connaissance possible.

Dans ce cas, il ne fautdisqualifier ou discriminer l'expérience immédiate mais bien voir qu'elle est essentiel dans le processus cognitif.

Bienplus, on peut se demander si c'est bien l'expérience ou le jugement qui est responsable de la tromperie.

III – L'expérience ordinaire n'est pas l'erreur a) Effectivement, il faut bien considérer que l'expérience intrinsèquement n'est pas de l'ordre de l'ordre de l'erreur etc'est bien ce que Spinoza met en exergue au livre II, proposition XVII de l'Ethique , scolie : « Nous venons de voir comment il se peut faire que nous apercevions comme présentes, ainsi qu'il arrive souvent, des choses qui n'existentpas.

Peut-être y a-t-il d'autres causes de ce phénomène ; mais il me suffit ici d'en avoir indiqué une par laquellej'explique la chose aussi bien que je le ferais par la cause véritable.

Je ne crois pas, du reste, m'éloigner debeaucoup de cette vraie explication, puisque tous mes postulats ne contiennent guère que des faits établis parl'expérience.

Or, il ne peut plus nous être permis de mettre l'expérience en doute, du moment que nous avonsmontré que le corps humain existe tel que nous le sentons (voir le Corollaire de la Propos.

13, partie 2).

Un autrepoint que nous devons maintenant comprendre clairement (par le Corollaire précéd.

et par le Corollaire 2 de laPropos 16, partie 2), c'est la différence qui existe entre l'idée de Pierre, par exemple, en tant qu'elle constituel'essence de l'âme de Pierre, et cette idée en tant qu'elle est dans l'âme d'un autre homme, par exemple, de Paul.Celle-là en effet exprime directement l'essence du corps de Pierre lui-même, et n'enveloppe l'existence que pendantla durée de l'existence de Pierre ; mais celle-ci marque bien plutôt la constitution du corps de Paul que la nature dePierre ; et c'est pourquoi, tant que durera cette constitution corporelle de Paul, l'âme de Paul apercevra Pierrecomme lui étant présent, quoique Pierre n'existe pas.

Or ces affections du corps humain, dont les idées nousreprésentent les corps extérieurs comme nous étant présents, nous les appellerons, pour nous servir des motsd'usage, images des choses, bien que la figure des choses n'y soit pas contenue.

Et lorsque l'âme aperçoit les corpsde cette façon, nous dirons qu'elle imagine.

Maintenant, pour indiquer ici par avance en quoi consiste l'erreur, je priequ'on prenne garde que les imaginations de l'âme considérées en elles-mêmes ne contiennent rien d'erroné ; end'autres termes, que l'âme n'est point dans l'erreur en tant qu'elle imagine, mais bien en tant qu'elle est privée d'uneidée excluant l'existence des choses qu'elle imagine comme présentes.

Car si l'âme, tandis qu'elle imagine commeprésentes des choses qui n'ont point de réalité, savait que ces choses n'existent réellement pas, elle attribueraitcette puissance imaginative non point à l'imperfection, mais à la perfection de sa nature, surtout si cette facultéd'imaginer dépendait de sa seule nature, je veux dire (par la Déf.

7, partie 2) si cette faculté était libre ».b) Pour comprendre plus amplement ce que Spinoza entend, on peut faire référence au cas du soleil qui nous apparaît gros comme une assiette.

Il ne s'agit pas d'une erreur ; l'erreur consiste simplement à croire que cetteperception est la véritable distance : Ethique , livre II, proposition XXXV : « J'ai expliqué dans le Schol.

de la. »

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