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L'EXISTENTIALISME : ESSENCE ET EXISTENCE ?

Publié le 30/08/2009

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La vogue considérable de l'existentialisme a mis au premier plan de l'actualité philosophique le problème des rapports de l'essence et de l'existence dans la nature humaine. Voyons comment il se pose. a) L'existence précède l'essence : la doctrine sartrienne. La doctrine sartrienne quand on la ramène à son article principal consiste à soutenir que dans l'homme l'existence précède l'essence. Qu'est-ce à dire ? Afin de s'expliquer aussi simplement que possible SARTRE prend pour exemple des objets tels qu'un livre, un coupe-papier, dont l'existence correspond exactement au concept qui a permis de les fabriquer pour un certain usage. « Nous dirons que pour le coupe-papier, l'essence, — c'est-à-dire l'ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire, et de le définir — précède l'existence. « C'est là le statut des choses dont l'être est ce qu'il est, cristallisé dans une essence définitive : manière d'être que SARTRE appelle l'être en-soi (l'en-soi). Il en va tout autrement pour l'homme en raison de la spécificité que lui confère la conscience, qui en fait un être pour soi. Dans la réalité humaine l'existence précède l'essence, « cela signifie, nous dit SARTRE, que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde et qu'il se définit après. L'homme tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien. Il ne sera qu'ensuite et tel qu'il se sera fait «.

« Il se peut que la compréhension de l'homme et de sa situation unique au monde requière impérieusement l'existencede Dieu créateur et que le refus de Dieu conduise l'existentialisme à cette absurdité : poser dans l'être un être sanscause ni raison d'être (puisque la matière ne l'explique pas), un être vide qui n'est rien et possède cependant toutessortes de facultés et de prérogatives dont il use sans s'apercevoir qu'elles constituent le trésor de l'essence inclusedans sa nature.Mais le rejet du postulat existentialiste n'oblige pas à être essentialiste (pour employer le terme qui a surgi enréaction), si l'essentialisme consiste à croire que l'essence précède l'existence au point de la déterminermécaniquement, de la figer en chose déterminée ou en aventure superflue.

Il est de l'essence de l'homme de n'êtrepas une essence figée, toute faite et dénuée de liberté, mais c'est encore une essence.

Et surtout l'essence n'estpas plus antérieure à l'existence.

LAVELLE écrit justement : « La dualité entre les deux mondes de l'essence et del'existence est un problème insoluble si l'existence n'est pas un moyen par lequel l'essence comme telle se réalise.

»Que si l'on entend par formation de l'essence la réalisation de la personnalité, la difficulté diminue, bien que lapersonnalité soit à la fois un don et une conquête.

Exister comme personne, c'est avoir à se faire, à se réaliser, enassumant des responsabilités, en actualisant ses virtualités, en effectuant des choix lucides et volontaires.Enfin lorsque SARTRE emploie les expressions réalité humaine ou condition humaine en vue d'éviter de dire : naturehumaine, il est bien évident qu'il use d'un simple artifice de langage.

Nature humaine et condition humaine sont uneseule et même chose dans l'unité d'un être où l'essence et l'existence ne peuvent être séparées mais seulementdistinguées par abstraction. c) La philosophie existentielle non-sartrienne. Le terme existentialisme a fait fortune.

On l'emploie pour désigner toutes les philosophies qui font de l'existencel'objet privilégié de leur méditation et l'on distingue généralement deux courants : * L'existentialisme athée, représenté notamment par HEIDEGGER, SARTRE et CAMUS.* L'existentialisme chrétien ou spiritualiste représenté par GABRIEL MARCEL, SCHELER et JASPERS. Les deux courants ont pour précurseur KIERKEGAARD et, plus lointainement PASCAL, tous deux penseurs religieux.Or exception faite de SARTRE et de HEIDEGGER, on constate que, tout en plaçant l'existence au centre de leurréflexion, ces philosophes n'affirment pas pour autant qu'elle est vide de toute essence antérieure ou fondamentale.C'est pourquoi mieux vaudrait dire que ce sont des philosophes de l'existence, qu'ils ont une philosophie existentielle.L'inspiration générale de la philosophie existentielle c'est de considérer l'existence comme une chose contingente,irréductible à l'explication rationnelle, réfractaire à une mise en forme conceptuelle et dont il faut respecter lecaractère unique, singulier, incomparable, au lieu de la penser selon l'universel, le nécessaire et le général.

GABRIELMARCEL dit très bien en ce sens : « L'existence ne se laisse pas penser, la penser c'est la supprimer.

»Pour tenter de la comprendre il faut partir de l'expérience humaine et spirituelle telle qu'elle est directement vécueen dehors de toute systématisation logique préalable.

L'existence se saisit alors comme subjectivité, singularité,liberté, temporalité, contingence et transcendance.

Elle se révèle généralement dans un sentiment d'inquiétude,d'angoisse et de nostalgie.

Elle n'est pas un objet de connaissance proprement dite ni une simple projection dumonde des essences.

Elle est à la fois présence, absence et mystère.

« La tâche d'une philosophie de l'existence,dit SARTRE, est de montrer l'irréductibilité de l'homme à quelque chose que ce soit.

»Mais finalement il faudra bien justifier cette existence, lui trouver une signification, une raison d'être; c'est pourquoice qui est au coeur de l'existentialisme en général c'est moins le problème essence-existence que le souci dedéchiffrer l'existence, l'interrogation sur le sens de la vie et la destinée.. »

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