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L'existence a-elle un but ?

Publié le 21/10/2010

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L'existence a-elle un but ?

Dire que c'est la réalité la moins discernable, c'est reconnaître son statut à la fois indubitable (à la manière de Descartes, qui ne peut penser que parce qu'il est) et en même temps insondable (l'existence permet la pensée, mais l'inverse semble contradictoire). Reconnaître l'existence comme principe unique et ultime pour une réflexion philosophique, c'est la tâche que se sont donnés de nombreux penseurs (bien que chacun l'ait entreprise d'une manière toujours différente des autres). Dans ce courant de pensée, nous remarquons cependant deux points sur lesquels tous ces penseurs s'accordent. Le premier point affirme le caractère unique de l'existence (exister signifie plus que vivre). Le deuxième, qui vient en continuité du premier et constitue l'axe majoritaire du questionnement de ces penseurs, s'articule sur la redoutable difficulté de saisir la signification du fait d'exister.

« chose de l'existence.

Kierkegaard insistera beaucoup sur cette double signification du fait d'exister (cf. Post- Scriptum définitif et non scientifique aux Miettes philosophiques ). Si l'analyse s'arrêtait là, nous pourrions stigmatiser ainsi la réflexion philosophique sur l'existence.

L'existence désigneun état brut (Heidegger dira, dans Être et temps , que nous sommes des êtres « toujours déjà là », des êtres « jetés là », pour marquer notre incapacité à connaître les étapes de notre origine, le fait que nous ne soyons pas maîtresde nos origines), et également un mouvement vers la mort (cette finitude dont parleront également Kierkegaard etHeidegger).

Dès lors le but de l'existence avéré serait désigné, de manière très radicale, par le fait certain de mourirun jour. II) Une finitude existentielle radicale ? Mais s'arrêter à une telle conception du but de l'existence serait pour le moins angoissante et désespérante.

Cesdeux états de l'âme feront d'ailleurs l'objet, entre autres (la peur, le souci et autres souffrances morales), deréflexions poussées de la part de Kierkegaard ( Traité du désespoir , Craintes et tremblements ...) et Heidegger ( Être et temps ).

Est-ce à dire que l'existence se résume à une accumulation de toutes les souffrances humaines ? Certes non, mais les deux auteurs ont bien compris que ces sentiments négatifs permettent de rendre compte du poidsexistentiel que nous avons tous conscience de porter.

Ils sont donc conçus comme des critères, des marquesinsignes de notre appartenance à cette espèce qui, seule, « existe ».

Il faut bien reconnaître, dans cet état de fait,que le bonheur, la joie, l'enthousiasme sont des sentiments qui se laissent moins aisément approcher par la réflexionphilosophique en recherche de critères de reconnaissance de la finitude existentielle.

Nous pourrions toutefoiscritiquer cela et arguer que les penseurs de l'existence, dans leur plus grand nombre, ont manifestement laisserabusivement de côté cette sphère sentimentale positive qui participe cependant de l'existence d'un homme. Mais il faut également, avec eux, reconnaître la profondeur de cette sphère sentimentale négative humaine.

Elle est,nombreux le pensent, constructive.

Hegel (dont la pensée ne cessera d'être critiquée par Kierkegaard) diranotamment que cette négativité est un passage obligé vers un nouvel état, plus accompli.

Si donc cette sphère semanifeste négativement dans l'esprit humain, elle est bien, dans le temps, positive. Nous l'avons compris, Heidegger notamment désigne un but existentiel radicalement négatif : l'homme est fini, vouéà l'imperfection et à la mort.

La seule consolation que propose ce dernier se situe non pas dans la philosophie, maisdans la méditation ! La tâche, le but d'une pensée de l'existence digne de ce nom, pense-t-il, est de méditer unequestion qui est tombée dans l'oubli aussitôt qu'elle est apparue : la question de l'être.

Dès lors l'existant a pour butde se reconnaître fini, imparfait et ignorant pour ensuite se diriger vers une méditation profonde, sage et humble.Quel programme ! Heidegger, Schopenhauer et Wittgenstein s'accordent sur un point : l'existence n'a pas de but,pas de raison manifestes.

L'homme existe sans raison apparente et à cela, il ne peut rien faire d'autre que de setrouver, de s'inventer lui-même des motifs pour persévérer dans son existence. Du côté de Kierkegaard, le « choix » est plus large, bien qu'il ait reconnu, dans un profond désespoir, que « la vieest sans saveur ».

Selon lui, trois voies s'ouvrent néanmoins à l'existant : Celle du « premier stade », le choix « esthétique » (vivre comme un narcisse infantile et profiter des instants,en les transformant, en les arrangeant, en les rêvant, sans se soucier de sa responsabilité morale.Le second stade est justement ce « sursaut » existentiel moral.

L'existant doit saisir le poids de saresponsabilité morale dans chacun de ses actes et donc, « sauter » dans le stade éthique.

Il se comporterabien et agira en accord avec les règles éthiques en vigueur.Enfin le dernier stade qui, des mots mêmes du danois, constitue un « saut absolu » : celui du stade religieux.Comprenant l'extrême précarité et finitude de sa situation, l'homme, tel Abraham ou Job, s'en remet absolumentà Dieu avec tout ce que cela entraîne de contradictions avec la raison humaine (Abraham acceptel'inacceptable en respectant la volonté divine lui dictant de sacrifier son fils).

C'est un saut absolu car il n'estpas en rapport avec les deux premiers sauts et nécessite une foi inébranlable en Dieu.

Ce saut permet en outrede saisir le temps, les instants, non plus comme l'humain les pense de manière ordinaire, mais comme des« atomes d'éternité », la voie vers le paradis étant continuellement et infiniment exigeante. Le but ultime de l'existence étant alors, chez Kierkegaard comme chez beaucoup d'autres penseurs de l'existence, la. »

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