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L'essence du politique réside-t-elle dans l'arbitrage des conflits d'intérêt?

Publié le 03/02/2005

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ESSENCE (lat. essentia, de esse, être; trad. du gr. ousia)

Phi. Ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle est, abstraction faite de ses modifications superficielles et temporaires. En ce sens, s'oppose à accident». Par ex., dire qu'il est de l'essence de l'homme de penser signifie que la définition de l'homme implique nécessairement qu'il pense quelles que soient ses particularités empiriques. Au contraire, il est contingent (ou accidentel) qu'il soit noir ou blanc de peau. Ce qui constitue la nature d'un être comme distinct du fait d'être. En ce sens, s'oppose à existence. Log. Pour les conceptualistes, l'essence est bien l'ensemble des déterminations qui définissent un objet de pensée : elle s'oppose à l'existence comme le rationnel aux données variables de l'Expérience ; au contraire, pour les nominalistes, l'essence n'existe pas : elle n'est que l'ensemble des caractères connotés par un mot. Ainsi, de la glace pilée (variation) reste de la glace, c.-à-d. est encore appelée de la glace, mais de la glace fondue (autre variation) n'est plus de la glace, c.-à-d. qu'elle est appelée de l'eau : en fondant, en perdant son nom, elle perd son essence.

INTÉRÊT (lat. interest, il importe)

Désigne ce qui est utile à un individu (l'intérêt personnel) ou bien l'ensemble des intérêts communs aux différents individu qui composent une société (l'intérêt général qui n'est donc pas la somme des intérêts particuliers). Les morales de l'intérêt, dites utilitaristes, définissent le Bien par l'utile, tandis que la morale formelle de Kant juge la moralité d'un acte à l'intention désintéressée de l'agent et non à ses conséquences effectives. En ce sens, le devoir exclut le souci de ce qui est utile à soi, même si parfois obligation morale et intérêt coïncident.

POLITIQUE (gr. polis, cité)

Hannah Arendt, commentant Aristote, distingue le politique qui est l'espace public (polis), commun à tous les citoyens, lieu où chacun délibère en vue de l'intérêt général, de la politique qui est l'art de délimiter cet espace et de conserver son intégrité. Cette distinction révèle l'essence du politique. S'il faut en effet protéger cet espace, c'est que le politique risque toujours d'être corrompu par le non-politique, par ces intérêts privés que sont les intérêts économiques. Ainsi, l'antagonisme des volontés partitique est en puissance l'espace de la raison, il est en fait le lieu où s'affrontent les passions qui naissent des différences sociales entre les hommes. Le politique est donc moins une réalité effective qu'une tâche infinie et impossible en raison des effets déviants de l'économique sur le politique, du privé sur le public. Il est par essence une valeur , la limite idéale vers laquelle tend la vie sociale. La citoyenneté, alors, est elle-même une conquête qui requiert le désintéressement et cette ferme volonté de résister aux pressions de l'intérêt privé qu'on appelle la vertu ou esprit civique et qu'on exige de chacun, vertu dont l'abandon, si l'on en croit Montesquieu, signale la mort des républiques.

ARBITRAIRE (lat. arbitrarius, qui dépend de l'arbitre)

Qui ne dépend que de la décision libre des hommes, et n'a pas de justification rationnelle. Ainsi, pour Saussure, les signes linguistiques sont arbitraires car leur choix est immotivé : il n'y a aucun rapport entre le son choisi et le sens visé. En philosophie politique, s'oppose à légitime.

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