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Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ?

Publié le 09/03/2009

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Par exemple, dans un passage des Malheurs de Sophie, de la Comtesse de Ségur, Sophie aperçoit un bassin à chaux, qu'elle voit comme blanc et uni comme de la crème. Elle s'imagine alors qu'en y mettant les pieds, elle va glisser dessus comme sur de la glace. Mais ses pieds s'enfoncent dans le bassin et elle se brûle : elle a été trompée par ce qu'elle imaginait être comme de la glace. Nos connaissances fournies par les sens, ne concernant que le particulier, peuvent nous induire en erreur. Il faut toutefois admettre que cette forme de connaissance est très utile, puisqu'elle permet par le biais de la mémoire, l'expérience. L'expérience désigne les données sensibles auxquelles l'esprit a affaire dans l'élaboration ou la validation de ses connaissances. C'est ainsi qu'il existe un courant de pensée, l'empirisme, qui soutient que l'expérience est l'origine et le fondement de toutes nos connaissances. Cette conception affirme que la connaissance est fondée sur l'expérience sensible externe (les sensations) et interne (nos sentiments tels qu'ils sont vécus). Elle a tendance à exclure toute spéculation au-delà des données de l'expérience, c'est-à-dire à récuser la métaphysique. En effet, comment pouvons-nous affirmer l'existence de Dieu alors que cette dernière ne repose sur aucune preuve ?

Les sens nous donnent une connaissance par l'expérience, c'est-à-dire transmise par les données sensibles. Dans son acception générale, la connaissance est une activité par laquelle l'homme prend acte des données de l'expérience et cherche à les comprendre ou à les expliquer. Les sens paraissent donc, à première vue, tout à fait suffisants pour nous apporter des connaissances. Toutefois, si nos connaissances ne s'appuyaient que sur l'expérience, nous ne pourrions procéder que par induction. Ce procédé, qui consiste à conclure des propositions valables universellement à partir d'éléments particuliers, nous amène à réfléchir sur le caractère légitime de cette façon d'agir. En effet, l'idéal de la connaissance est une vérité qui ne dépend pas d'une donnée empirique. Comment pouvons-nous donc atteindre une connaissance indubitable si nous ne possédons que d'une connaissance du particulier ? Toutefois, une connaissance abstraite qui porterait sur des objets non vérifiables par les sens ou dans le cadre d'une expérience scientifique nous laisse dans l'embarras car il nous manque des outils pour en déterminer la vérité  Ce sujet pose donc le problème des limites de notre connaissance, car si la connaissance a besoin des données fournies par les sens, est-il alors possible de connaître les objets situés au-delà de toute expérience, comme le sont les objets métaphysiques ?  Nous nous demanderons dans un premier temps s'il est possible de se contenter d'une connaissance qui se limite aux données sensibles, puis s'il est au contraire possible d'atteindre une autre connaissance, fondée indépendamment de ces dernières. Nous verrons pour finir, que la connaissance s'appuie sur les données sensibles mais n'en dérive pas entièrement.  

« n'est qu'une connaissance d'expérience: nous ne pouvons donc jamais passer à l'universel et ne raisonnons que parinduction.

Cette démarche n'est pas fiable et ne permet qu'une connaissance partielle. En s'appuyant sur nos sens, nous ne pouvons acquérir qu'un certain type de connaissance : la connaissancerelative fondée sur l'expérience.

Est-il alors possible, de trouver une connaissance qui non seulement ne se suffitpas des sens, mais n'en dépende à aucun moment de son développement ? Nous pouvons remarquer que les sens ne sont pas suffisant pour fournir toutes nos connaissances dans la mesureoù, certaines réalités ne sont pas accessibles par les sens et nécessitent, pour être découvertes, une élaborationintellectuelle, réfléchie et raisonnée.C'est ainsi que le rationalisme critique le caractère changeant et peu fiable, de l'expérience, et l'a exclue du savoirvéritable ou reléguée dans un genre inférieur de connaissance.

La connaissance par les sens est récusée ou mise ausecond plan.Pour Platon par exemple, il existe des connaissances innées, qui sont plus exactement des Idées, formes archétypesde la matière.

Il illustre cette idée entre autres dans le Ménon.

Dans ce dialogue, Socrate montre à soninterlocuteur dubitatif qu'un jeune esclave illettré peut très bien résoudre un problème mathématique.

En effet, pard'habiles questions, il fait retrouver à un jeune esclave le théorème permettant de réaliser la duplication du carré.Ainsi, il montre que dans toute recherche, on a déjà une petite idée de ce que l'on recherche.

Cette idée fait partied'un savoir ancien reçu, puis oublié par notre âme.

Par conséquent, chercher et apprendre consistent simplement àse ressouvenir.

Grâce à des questions appropriées, il est possible de se ressouvenir de se savoir et ainsi deconnaître, c'est à dire savoir définir l'essence de quelque chose.

Cette conception originale s'appelle le mythe de laréminiscence.

Pour Platon, la connaissance vraie n'est autre que la contemplation des Idées, lesquelles se situentau-delà des apparences.

La connaissance par les sens n'en est pas une puisqu'elle est particulière et peut s'avérertrompeuse.

Il distingue ainsi le monde réel qui n'est pas le monde sensible, c\'est-à-dire celui qui est perceptible àtravers nos sens (le monde que nous touchons, sentons, voyons…) mais le monde des Idées.

Ce monde là,seul notre esprit peut le concevoir et contempler.On retrouve une hypothèse semblable dans le rationalisme cartésien.

En effet, Descartes affirme qu'il existe dansl'esprit un petit nombre d' « idées innées » ou de « notions primitives », par définition indépendantes de touteexpérience et, fondatrices du savoir ultérieur.

Pour lui, nos idées viennent de Dieu.

La réalité du monde est doncdans notre esprit avant même que nous en faisons l'expérience, la connaissance ne nous est aucunement livréeavec l'expérience.Les connaissances peuvent donc être obtenues, indépendamment des sens.

Toutefois, ces derniers ne sont pastotalement à exclure de la connaissance puisqu'ils nous permettent d'entrer en contact avec le monde extérieur.Mais une réception passive des sens ne nous permet toutefois pas de prendre connaissance d'un objet : d'autresfacultés semblent requises pour cela.

Il semblerait que les sensations les plus communes font intervenir certainesopérations de l'entendement, les sens ne nous fournissant pas directement la connaissance mais étant des pointsde contact.

Par exemple, ce n'est pas l'½il qui perçoit, mais l'esprit qui prend conscience de ce que l'½il voit.L'entendement traiterait en quelque sorte les sensations, c\'est-à-dire les données qui résultent de l'usage de nossens.

Autrement dit, nos sens ne nous fournissent pas passivement une série d'informations qui deviendraient alorsdes connaissances mais il y a toute une activité de la part de l'intelligence humaine.

Cette dernière, grâce à sontravail d'interprétation et d'analyse, transformerait les sensations en connaissances.Ce traitement des sens par l'entendement apparaît par exemple, dans les Méditations de Descartes, et notammentdans l'exemple du morceau de cire où il nous est montré que nous ne percevons réellement les choses qu'au moyende notre entendement.

Dans ce passage, Descartes se livre à une expérience sensible : il énumère les qualitéssensibles d'un morceau de cire, qui froid, occupe un certain espace.

Puis il approche ce morceau de cire près du feuet observe une transformation radicale : chauffée, la cire a fondu et occupe un espace différent.

Toutes lesqualités sensibles énumérées précédemment ont disparu.

Descartes pose alors un problème philosophique : De queldroit peut-on affirmer que c'est le même morceau de cire ? Cette interrogation se ramène à une autre plus générale: comment peut-on connaître les choses extérieures et quelle faculté de la connaissance est requise pour cela ?Nous pouvons voir que cette connaissance n'est pas apportée par les sens.

En effet ils ne sont pas suffisants :nous ne pouvons pas nous en contenter car ils ne nous permettent pas d'affirmer l'identité de l'objet.

Laconnaissance sensible ne nous donne pas la netteté des choses.

Elle est utile certes, puisqu'elle nous apporte touteune série d'informations à propos de l'objet (concernant sa couleur, son odeur…).

Ces renseignements qui selimitent à l'apparence sont multiples mais aussi très variables puisqu'ils peuvent changer suite à un accident.

Sousleur apparence de stabilité, les choses sont changeantes, au point qu'il est difficile d'en dégager les caractéristiquessolides.

Descartes se demande ensuite, si la connaissance d'un objet peut lui être fournie par l'imagination.

Cettehypothèse est cependant récusée puisque cette faculté ne permet que de créer des images singulières : nousn'avons pas l'idée générale du morceau de cire.

Comment peut-on alors connaître cet objet ? Quelle est sa définitionstable, invariable ? Un objet doit toujours être identique à lui-même pour être connu et dénommé en tant que tel.

Orles données que nous fournissent les sens et l'imagination reproductrice sont parfois erronées et ne sont queparticulières.

Pour devenir objective, la connaissance doit dépasser la multiplicité des représentations sensibles.

Ilfaut, pour connaître, pouvoir se représenter une réalité quelconque à partir de deux caractéristiques fondamentales: la pensée et l'étendue.

Or cette connaissance ne nous est pas donnée par l'imagination, mais par l'entendementcomme nous le montre Descartes (« nous ne concevons les corps que par la faculté d'entendre qui est en nous, etnon point par l'imagination ni par les sens » seconde méditation).

Autrement dit, on ne sent pas ou on n'imagine pasque c'est la même cire, mais on la conçoit Il y a une interprétation, une activité de l'entendement dans laconnaissance des choses sensibles.

Cette connaissance n'est pas particulière ou sensible mais générale.

Pourconnaître, il faut supposer l'exercice de fonction de l'esprit qui diffère de la sensibilité, de la simple réception passivedes sens.. »

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