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Les sciences de la nature ont elle affaire à la nature ?

Publié le 11/12/2009

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   Que sont les « sciences de la nature « ? C’est un groupe de sciences constitué par la physique, la biologie, la chimie, l’astronomie, etc., qui se distinguent aussi bien des sciences formelles (comme les mathématiques ou la logique) parce qu’elles font intervenir de l’expérience et portent sur un objet concret, que des sciences humaines ou sociales qui elles aussi ont un objet concret mais qui est un phénomène humain. (la société pour la sociologie, l’esprit humain pour la psychologie, le langage pour la linguistique, le droit pour la science du droit, les événements passés pour l’histoire, etc.) Ainsi la différence spécifique des sciences de la nature, leur essence, serait précisément d’avoir pour objet l’ensemble des phénomènes naturels. Il semble donc que les sciences de la nature ne peuvent avoir affaire qu’à la nature ; sinon elles ne seraient pas des sciences de la nature.

  On peut faire deux objections à cette conception. D’une part, il n’est pas sûr que la nature puisse être un objet de science, du moins dans toutes les significations du mot. On parle en effet de nature pour désigner l’ensemble de ce qui dans la réalité n’est pas produit par l’homme, mais aussi pour parler de toute la réalité ; or rien ne dit qu’il existe une science ou même un groupe de science qui pourrait tenir un discours scientifique rigoureux sur l’ensemble de la réalité – et encore moins faire des expériences dessus ! On parle aussi de nature pour désigner la réalité intime d’une chose, son essence qui fait qu’elle est ce qu’elle est. Or la pluralité même des sciences de la nature semble indiquer que cette nature ne peut être l’objet des sciences : un corps vivant par exemple sera décrit différemment par la physique ou par la biologie (l’une des sciences décrivant comment ce corps est régi par les mêmes lois que les corps inertes, l’autre comment il accomplit certaines fonctions vitales spécifiques aux corps vivants) sans qu’aucune des deux ne puisse prétendre détenir la vérité sur ce corps.

  D’autre part, la nature comprise comme ensemble de phénomènes naturels (non-humains) n’est pas non plus quelque chose d’évident. Pendant longtemps on a considéré qu’il existait deux natures : celle de notre monde imparfait, et celle des astres, parfaite, nécessaire et incorruptible. De même, durant plus d’un millénaire, en s’appuyant sur des textes considérés comme des sources légitimes de savoir (L’Histoire de Pline par exemple), de nombreux animaux spectaculaires (les licornes, dragons, sciapodes, etc.) étaient compris dans le règne de la nature, et non de l’imaginaire. On pourrait dire qu’il suffit de faire l’expérience du monde qui nous entoure pour se rendre compte de ce qui est naturel et de ce qui ne l’est pas. Mais alors, puisque les sciences de la nature procèdent par expérience, il faut accepter de dire que la nature n’est pas l’objet des sciences qui leur préexiste mais quelque chose de construit par ces sciences et leur méthode.

  La question à résoudre est donc à la fois de savoir de quelle nature parle-t-on lorsqu’on évoque les sciences de la « nature «, et de comprendre en quelle sens elles ont « affaire « à cette nature : est-ce en la découvrant et en l’étudiant comme objet ou en la construisant, en la produisant ? Le problème est donc le suivant : les sciences de la nature ont-elles pour objet l’ensemble des phénomènes naturels, non produits par l’homme, ou une autre forme de nature dont elles sont peut-être à l’origine ?

« extérieurs indiquent plus l’état de notre corps que la nature des corps extérieurs » (II, 16,corollaire 2).

Ainsi, par l’imagination et la perception je me représente le soleil comme undisque lumineux dans le ciel de quelques centimètres de large et à quelques kilomètres dedistance, parce que c’est ainsi qu’il apparaît à ma sensibilité.

Cette image du soleil dépenddonc plus de moi que du soleil lui-même.

Mais par la raison je peux connaître, par exempleen pratiquant l’astronomie et en calculant la période de l’orbite terrestre, sa taille, sadistance et son poids réel.

En ce sens, les sciences de la nature permettent de connaître lanature des choses , c’est-à-dire leur réalité objective. En outre, l’usage rationnel de nos facultés nous permet d’appréhender aussi l’ensemble dela réalité comme un tout.

En effet, la physique nous apprend qu’un individu n’est rien d’autre qu’une union entre des parties matérielles qui conservent les unes vis-à-vis des autres lesmêmes rapports, même si ces parties changent.

Ainsi certains cristaux restent les mêmes siun atome d’hydrogène vient remplacer un atome de chlore parce que cela n’influe pas sur laforme du cristal, c’est-à-dire les rapports entre ses parties.

Nous sommes nous-mêmes desindividus complexes faits d’individus que sont nos organes et les parties de notre corps.

« Et,si nous continuons encore ainsi à l’infini, nous concevrons facilement que la nature toutentière est un seul Individu, dont les parties, c’est-à-dire tous les corps, varient d’uneinfinité de manières sans que change l’Individu tout entier.

» (II, lemme 7, scolie) Lessciences de la nature ont donc bien pour objet la nature comprise comme ensemble de la réalité. Or, puisque Spinoza Dieu n’est rien d’autre que la Nature, et que les commandements divins ne sont rien d’autre que les lois de la nature, on peut bien dire queles sciences de la nature ont affaire à la nature, et même à Dieu.

C’est donc bien enappréhendant l’Univers organisé par des règles, ces lois de la nature, que les sciences de lanature ont affaire non seulement à la réalité des choses particulières mais à la naturecomme ensemble de tous les ensembles.

Néanmoins, les sciences de la nature ne découvrent pas les lois de la nature comme on découvre un nouveau continent.

Ces lois changent selon les théories, les époques, lesnouvelles expériences, etc.

Celles-ci semblent être nos lois, les lois que forgent notre esprit, plutôt que des lois issues de la réalité.

Mais alors, peut-on encore dire que les sciences de lanature ont la nature pour objet ? II. La nature comme production de notre entendement. Il est étonnant que lorsqu’on cherche à le connaître, le réel ne soit pas rebelle à notremanière de penser.

En effet, il n’y a aucune nécessité qui explique que ce qui nous estextérieur, étranger, puisse être saisi par notre esprit, qui a pourtant ses règles propres.(comme la loi de non contradiction : une chose ne peut être simultanément une chose et soncontraire) Pour dénouer ce paradoxe, il faut se rendre compte que nous ne sommes pasinactifs et passifs lorsque nous faisons l’expérience de la nature.

Comme le remarqueSpinoza, lorsque nous percevons, nous affectons nos sensations.

Sinon nous n’aurions quedes flashs perceptifs, et non une expérience : si je me limite au strict donné sensible, je nefais par exemple que percevoir du vert, une forme ronde, un certain poids, etc., mais que jene lie pas ces différentes données des sens, je ne perçois pas une pomme .

Il y a donc une certaine activité de notre esprit, et plus particulièrement de sa faculté conceptuelle qu’est l’entendement, qui permet de rassembler et de joindre plusieurs donnés des sens en unobjet d’expérience, c’est-à-dire un phénomène .

C’est ce que remarque Kant dans La Critique de la raison pure : « l’entendement pur est donc à travers les catégories [les concepts fondamentaux de l’expérience] la loi de l’unité de tous les phénomènes et ainsi est-il ce quirend possible l’expérience quant à sa forme.

» (Analytique des concepts, déductiontranscendantale, première édition) Réciproquement, les concepts de l’entendements qui s’appliquent à nos intuitions sensibles, les catégories , ne sont valables que lorsqu’ils s’appliquent à ces intuitions : sinon ils ne permettent pas de connaître des objets.

« Les intuitions sans concepts sont aveugles,les concepts sans intuitions sont vides » et donc sont incapables de nous faire connaître quoique ce soit.

Il en résulte deux conséquences : d’une part, lorsque je connais quelque choseje ne peux connaître que ce que j’en perçois, ses phénomènes, et non la chose en soi , en dehors de tout être pensant.

Il est donc impossible, à strictement parler, de vouloir connaîtrela nature des choses , puisque celle-ci est précisément leur réalité objective, telles qu’elles sont en soi.

D’autre part, la nature comprise comme ensemble de ce qui est (ce que Kant. »

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