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Les préjugés détournent-ils toujours du vrai ?

Publié le 29/03/2009

Extrait du document

Un préjugé quel qu'il soit est un assentiment donné à une proposition sans les preuves. Il est alors par définition opposé à la vérité. En effet, on connait la véracité d'une chose qu'en l'ayant vérifiée. Un mathématicien ne pourra présenter son calcul comme vrai que par un raisonnement, un physicien utilisera l'expérience, l'historien quant-à lui s'appuiera sur le document. L'esprit critique et les preuves peuvent eux-seuls prétendre être garants de la notion de vrai. Or avoir un préjugé c'est ne pas s'être servi de son entendement, ou du moins très hâtivement. De plus, la plupart de préjugés provient (du jugement) d'autrui. Notre éducation a était faite par nos ainés qui nous ont enseigné bon nombre de notion que nous n'avons jamais remises en cause ; ainsi ce constitue le préjugé. Or c'est bien en pensant par nous-mêmes que l'on accède à la vérité. C'est du moins le combat que menèrent les philosophes des Lumières mais aussi plus récemment évoqué par l'hindou Swami Prajnanpad. Ainsi dans un entretien publié par R. Srinivasan dans L'originel (2006) Swami Prajnanpad souligne le fait qu' « Un enfant peut imiter, mais pas un adulte. Un adulte doit examiner attentivement ses pensées, ses émotions, ses croyances et ses superstitions, ses habitudes [...] «. Le bon usage de la raison permet donc une certaine connaissance de soi, une certaine vérité que le préjugé ne permet pas.

De nos jours, notre société semble mener un véritable combat contre certains préjugés notamment raciaux et sexistes estimés comme faux car non-fondés. Il faudrait donc se méfier des préjugés et procéder à l'examen quasi systématique de nos pensées. Ainsi, admettre une opinion sans l'avoir au préalable juger, vérifier, semble à première vue  être contradictoire avec la notion de vérité. Cependant, bon nombre de nos préjugés provenant de l'habitude par exemple se révèlent dire la vérité sur certaines choses. N'est-ce alors qu'un hasard ?

Aussi, est-il légitime de se demander si les préjugés détournent toujours du vrai.

Qu'est-ce qui opposent les préjugés au vrai ? Cela implique-t-il qu'il faut s'en défaire ? Quels préjugés ne sont pas nuisibles à la connaissance du vrai voire peuvent y être bénéfiques ? Aussi, doit-on forcément préférer le vrai au préjugé ?

 

« rectifiera via sa propre expérience et la naissance de son jugement et de sa curiosité.

En dehors de l'éducation nouspouvons considérer un type de préjugé similaire, presque semi-préjugé puisqu'il implique l'esprit critique.

Kantgénéralise cette idée de la manière suivante : « Lorsque, dans les matières qui se fondent sur l'expérience et letémoignage, nous bâtissons notre connaissance sur l'autorité d'autrui, nous ne nous rendons ainsi coupables d'aucunpréjugé, car dans ce genre de choses puisque nous ne pouvons faire nous-mêmes l'expérience de tout ni lecomprendre par notre propre intelligence, il faut bien que l'autorité de la personne soit le fondement de nosjugements.

» Ainsi, lorsque dans un domaine nous ne sommes pas en mesure de juger, il n'est pas blâmabled'admettre ainsi l'opinion d'autrui, la vérité selon celui-ci.

Cependant dans ce cas comme le précédent, les préjugéssont alors considérés comme une phase d'apprentissage de la vérité, impliquant la présence d'un esprit critique etun jugement futur de ces préjugés.Individuellement, un préjugé pris consciemment en tant que tel peut amener au vrai.

Il est alors hypothèse.

C'estainsi par hypothèse que sont né bon nombre de vérités scientifiques ou tout du moins, traductions de la vérité.C'est en préjugeant que l'énergie d'une particule libre au repos était liée à sa masse qu'Albert Einstein à trouvé etprouvé la relation E=mc².

L'hypothèse est donc un préjugé utile à la connaissance du vrai car utilisé en tant quetelle elle entraîne l'usage de la raison.On peut de plus distinguer une autre forme de préjugé au sens de prénotion.

Aussi, peut-on illustrer ce conceptépicurien de prénotion, ou prolepses, en commentant la citation de F.

Nietzsche dans Humain, trop humain (1878-1879) « Chaque mot est un préjugé ».

F.

Nietzsche souligne ainsi qu'à chaque mot peut être attaché à une imageou pensée particulière.

Entendre ou lire un mot me fera immédiatement penser à son image.

Image qui proviendra demon expérience, mes sensations passées et mes connaissances.

Ce type de préjugés n'est donc pas directementnéfaste à la vérité puisqu'il provient de la connaissance et en est son illustration.

Pour autant, si la prénotion peutpermettre une analyse présente, qui peut quant à elle amener à la vérité, elle ne doit pas dispenser la remise encause des connaissances précédemment acquises.

Ainsi le préjugé peut être une étape féconde à la recherche du vrai si celui-ci ne dispense pas toute fois d'unjugement ultérieur.

Le préjugé ne détourne donc pas du vrai s'il est considéré comme étape de raisonnement.

Celaimplique que l'individu doit s'en séparer postérieurement s'il a amené son entendement à le juger non-conforme à lavérité.

Cependant si l'étude du sujet conduit à penser que le préjugé peut facilement détourner de la vérité, il esttout à fait concevable pour l'Homme de préféré le préjugé à la vérité.

Quel peuvent être alors les argumentsdéfendant cette préférence ? Selon Spinoza, l'Homme ignore non seulement certaines choses et leurs causes mais n'ont pas conscience de leurpropre ignorance.

Ainsi préfèrent-ils rechercher ce qui leur est utile et efficace plutôt que la vérité.

« tout le mondedoit convenir, savoir que tous les hommes naissent dans l'ignorance des causes, et qu'un appétit universel dont ilsont conscience les porte à rechercher ce qui leur est utile » (Ethique) La conscience de l'Homme est doncconcentrée à première vue involontairement sur cette recherche de l'utile considérée par Spinoza commefondamental par l'Homme ; une des raisons pour lesquelles l'Homme ignore souvent sa propre ignorance.

C'est doncses intérêts particuliers qui priment sur la recherche objective des causes amenant à la vérité.

Si l'utile est alorsconsidérée comme vital, il n'en va pas de même pour la vérité.

On peut alors tout à fait admettre qu'un individupuisse vivre sa vie dans l'illusion.Aussi peut-on juger cette illusion apportée par le préjugé comme bénéfique.

Ainsi Herder affirme en 1799 que « lepréjugé est bon en son temps, car il rend heureux.

».

En effet, en dépit de la valeur morale que l'on peut attribuer àla recherche de la vérité, le préjugé sécurise et permet l'intégration à une communauté.

Le préjugé peut unifier ungroupe et l'appartenance à ce groupe apporter un sentiment de soutient et de reconnaissance par exemple.

Tenirun préjugé pour vrai, c'est certes s'éloigner de la vérité mais pas du sentiment de vérité.

Admettre une opinionc'est penser détenir une vérité même aucun jugement préalable n'a réellement été fait.De plus, on peut préférer s'enfermer dans des préjugés pour ne pas avoir à réfléchir sur la question de vérité.

End'autres termes, préférer l'illusion au scepticisme selon lequel l'Homme n'est pas à même de découvrir la véritéabsolue ; cette dernière étant soit inexistante, inconnaissable ou incommunicable.

Les préjugés se présenteraientalors comme « vérités » subjectives et donc par conséquent illusoires ; elles compenseraient cependant le caractèreinsaisissable de la vérité absolue.

De plus, si cette dernière est inexistante, les préjugés ne nous détournent pasplus à proprement dit d'elle que ne le font ce qui est prouvé.

Car que valent les preuves si la vérité n'existe pas ?La conviction du préjugé ou la certitude de vérité apportée par les preuves seraient toutes les deux illusions desdétachées du réel selon la vision sceptique.

(L'issue qui vient le plus facilement à notre esprit serait alors de parleren termes de faux plutôt que de vrai.

Mais là encore, si le scepticisme réduit à néant les preuves, on ne peutsoutenir le préjugé comme le plus faux.) Cependant la vision sceptique amène une conclusion intéressante.

En effet,le sceptique, pensant la vérité comme inexistante, ne peut avoir qu'un préjugé (en tant qu'opinion admise avecl'illusion d'un jugement préalable réfléchi) celui de l'inexistence de vérité...

autrement dit le scepticisme.

Pour accéder au vrai, l'entendement approfondi, la raison sont des conditions nécessaires que ne possèdent lespréjugés.

Les préjugés sont ainsi trop simplistes et peu réfléchis pour pouvoir percevoir le monde et sa vérité.Cependant, ils peuvent être d'un autre point de vue une étape féconde de différentes recherches et apprentissagesmenant à la vérité.

Encore faut-il que l'Homme ait la volonté de se questionner sur cette vérité et de passer cettevolonté avant celle qui consiste à subvenir à ses désirs.

Enfin si la question du scepticisme réduit à néant la notionde vérité, elle réduit de même la notion de préjugé.

(Nombre de mots : 1920). »

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