Les mots ont-ils un pouvoir ?

« - 1 Les mots n'ont pas de pouvoir en eux-mêmes 1 tH•n• Il est naïf de croire au pouvoir des mots.

Le langage est dépendant des conditions sociales de production des dis­ cours.

Le pouvoir vient des structures sociales, non des mots.

On ne peut isoler les mots de leur contexte P ierre Bourdieu , sociologue contem­ porain, va s' en prendre à la conception d 'Aus­ tin.

Il affirme , en effet, que le philosophe anglais a oublié les conditions •La tentative d' Austin pour caractériser les énoncés perfomiallfs doit w lmlles, et aussi son intérêt, au fait qu'il ne fait pas exac:tement ce qu'il croit faire.• Pierre Bourdieu, Ce que parler veut dire sociales d'utilisation des mots.

Si on sépare le langage de ses condi­ tions d'utilisation , on se condamne à chercher le pouvoir des mots dans les mots.

Or , les mots n'ont aucun pouvoir en eux mêmes.

J'ai beau dire «Je me marie » autant de fois que je le veux, si je ne me trouve pas devant le maire ou devant le prêtre , je res­ terai aussi cé libataire qu ' avant.

Ce qui donne du pouvoir au mot, c'est la délégation B ourdieu affirme que les mots n'ont pas de véritable effica­ cité en eux-mêmes.

Si l'on peut agir avec des mots , c'est qu'une ins­ titution a délégué la parole à un de ses représentants, l'a auto­ risé à parler.

Ainsi, si un simple soldat crie: je déclare la mobilisation générale, personne ne réagira ; mais si c'est un général, la parole sera suivi d'actions .

Il existe une langue légitime L a production des énoncés qui ont une efficacité sont donc le reflet d'un certain nombre de structures sociales.

La société autorise certaines per­ sonnes à employer des énoncés performatifs.

Toutefois, le capital lin­ guistique est inégale­ ment réparti, et toutes les classes sociales n'o nt pas le même droit d'uti­ liser ces énoncés .

Le pouvoir ne vient pas des mots eux-mêmes, mais de la délégation que certains reçoivent de la société.

Le pouvoir des mots dépend de l'autorité de celui qui les utilise.. »