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Les mots désignent-ils des idées ?

Publié le 05/03/2009

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Les mots désignent-ils des idées ?

Lorsqu’on prononce ou entend le mot arbre par exemple, à quoi pensons-nous ? A un arbre ? A des arbres ? Non, nous ne nous représentons pas les arbres sous la forme d’une image, nous n’imaginons pas un arbre ou des arbres, nous avons une représentation totalement abstraite de l’arbre, c’est-à-dire une absence d’image, de souvenir de perceptions, une idée plus ou moins confuse, mais une conception et non une image. 

La fleur, c'est l'absente de tous les bouquets comme le dit Mallarmé. 

Ce à quoi renvoient les mots pour nous, ce n’est ni aux choses, ni même à l’image de la chose, mais à une idée, une représentation abstraite en laquelle ne se trouve aucune image quelconque. Les mots ne renvoient pas aux choses, mais à l’idée générale plus ou moins nette que nous avons de la chose. En ce sens tous les mots sont abstraits.  

« choses modifie le nombre et la nature des choses correspondantes.

Rq : Cette thèse trouve une illustration dans ce qui se passe en nous lorsqu'une chose que nous rencontrons nouslaisse perplexe, que nous ne savons pas à quoi on a affaire, ce qu'elle est et donc comment il faut l'appeler.

Si je soutiens que le mot fleur désigne les objets fleurs, cela implique qu'avec certaines plantes, je ne saurai pasquoi dire et que je ne pourrai retrouver la parole que si je fais le détour par l'idée de la fleur, c'est-à-dire par unedéfinition qui me permettra de savoir si je peux ou non tenir telle plante pour une fleur.

Mais, si je fais ce détour,c'est que le mot fleur désigne directement l'idée de fleur et indirectement les objets/fleurs.

En somme, il est inexact de dire que les mots désignent les choses : ils désignent les idées que l'on se fait deschoses.

Cette thèse est finalement cohérente avec celle selon laquelle penser, c'est parler et parler, c'est penser.

Si penser,c'est penser à quelque chose, avoir une idée ou une pensée, et si penser, c'est aussi parler, alors nécessairementles mots dont on se sert pour parler ne peuvent désigner que les pensées qu'on a et pas les choses.

Toutefois dire que les mots dont on se sert quand on parle désignent non pas les choses mais les idées qu'on se fait des choses, c'est dire quelque chose d'ambigu, voire d'inexact.

Pourquoi ? Parce que dire que les mots exprimentdes idées, c'est dire que nos paroles qui se servent des mots expriment par eux des idées.

Or, cela revient àrestaurer une distance entre la pensée et la parole, une extériorité entre elles dont nous savons qu'elle n'existepuisque précisément parler, c'est penser et penser, c'est parler.

C'est pourquoi, il est au moins maladroit de dire queles mots expriment ou désignent les idées qu'on a si par là on entend que nos idées se distinguent des mots dont onse sert pour les dire.

Du reste, cette remarque, qui n'est que suggérée par la nécessité de tenir des propos cohérents, trouve uneillustration dans une expérience toute simple : si nous disons que les mots désignent non les choses, mais les idéesque l'on se fait des choses, sous-entendant par là que l'idée est distincte des mots qui la disent, on peut remarquerqu'on n'aperçoit pas cette idée comme telle en nous-mêmes, qu'on n'a pas conscience d'une idée comme telle etdistincte des mots qui l'expriment dans notre tête.

Notre idée ne va pas au-delà de nos mots, elle est nos motsmêmes : confuse si notre expression est confuse, claire si les mots pour la dire sont clairs.

Ce qui ne doit pas êtreune surprise au fond puisque cela confirme en fait que nous ne pensons qu'en parlant, que nous n'avons une idéeque dans les mots que nous disons.

Notons que Rousseau n'est pas mis en cause ici : il ne dit pas que les mots désignent des idées et non des choses :il dit qu'on ne pense que dans les mots, qu'on a l'idée d'une chose qu'avec sa définition, c'est-à-dire avec une suitede mots et donc que cette idée ne se trouve pas du tout extérieure aux mots qui l'expriment.

Ce qui est ici encause, c'est l'expression selon laquelle les mots désignent des idées : cette expression est elle ambiguë en celaqu'elle suggère une distance entre les mots et les idées, suggestion et ambiguïté qui n'existe pas du tout dans letexte de Rousseau.

C'est pourquoi on ne peut pas s'en tenir simplement à l'idée selon laquelle les mots désignent les idées qu'on se faitde la réalité.

Si la pensée et nos pensées ne sont pas à distinguer de nos paroles et donc de nos mots, alors il fautsoutenir que les signes linguistiques ne désignent pas des idées, mais contiennent en eux-mêmes les idées qu'ilsexpriment.. »

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