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LES LIMITES DE LA SCIENTIFICITE DU TRAVAIL DE L'HISTORIEN ?

Publié le 31/03/2009

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Si l’histoire est allée vers une scientifisation de plus en plus grande de ses méthodes, le statut de l’histoire comme science demeure problématique. C’est d’ailleurs le problème des sciences humaines en général dont l’histoire n’est qu’un exemple. Si la recherche historique revêt un caractère scientifique, il est toutefois évident que la scientificité de l’histoire n’a pas la même rigueur et le même degré d’objectivité des autres sciences. Quelles sont alors les limites de la scientificité du travail de l’historien et, surtout, quelles sont les raisons de ces limites ?

  • 1.     Les signes de ces limites

Il y en a trois principaux :

1.     Le problème de la causalité

D’abord, le désaccord permanent des historiens pour expliquer et juger un même phénomène, désaccord qui, nous allons le voir, est lié en partie à la difficulté de l’établissement de la causalité en histoire. Alors que dans les sciences expérimentales les divergences initiales entre les scientifiques font place à une reconnaissance unanime, dès lors qu’un résultat a été trouvé, démontré et vérifié, cet accord n‘existe pas en histoire. Ils divergent sur la question des causes et des conditions, ainsi que du jugement global que l’on peut porter sur tel ou tel phénomène.

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« le retour d'un événement antérieur (1939 – la seconde guerre mondiale - comme un 1914 – la 1ère guerre ; 1973 – la crise pétrolière – comme un 1929), l'on s'est condamné à n'y rien comprendre et l'on a pratiqué la pire despolitiques – celle qui consiste à croire qu'il suffit d'appliquer des recettes toutes pour agir. Par ailleurs, si expliquer, c'est réduire l'inconnu au connu, dégager des constantes, des généralités, commentexpliquer scientifiquement un fait historique ? Dans l'histoire, il n'y a pas de constante universelle à la différence del'univers physique.

Par exemple, ce qui est néfaste à une époque peut s'avérer bénéfique à une autre, etinversement.

Rien ne revient, rien ne se répète – d'où l'impossibilité de formuler la moindre loi en histoire. 2.

2 - La subjectivité Autre raison : il ne suffit pas en histoire de constater un fait, il faut l'interpréter.

Les faits sont faits par l'historien .

Parler de Croisade, de Renaissance présuppose tout un travail de l'esprit.

Les contemporains n'ont pas conscience qu'ils vivent au Moyen-âge, par exemple.

Les faits ne s'imposent pas d'eux mêmes.

Le chimiste quiétudie une substance, étudie un objet extérieur, étranger, il n'a rien à voir avec l'objet qu'il considère. Or, l'historien étudie un objet vis-à-vis duquel il ne peut se sentir étranger, cet objet est un objet humain.

Lorsquel'objet est de même nature que le sujet qui l'étudie, l'idéal d'objectivité absolue – de détachement, dedésintéressement – est impossible. La subjectivité commence en amont avec le choix de l'objet d'étude .

L'interprétation historique ne peut faire l'économie de présupposés d'ordre philosophique.

De toutes les causes et conditions possibles d'un événement,d'une société, etc., laquelle paraît déterminante ? Certains historiens font la part belle aux grands hommes et aux facteurs idéologiques (les libéraux) : exemple, sansLénine, pas de Révolution russe ; les croisades sont des guerres de religion.

Pour d'autres (les marxistes), l'histoires'explique essentiellement par des facteurs techniques et économiques : les grands hommes sont porteurs de forcesqui les dépassent. Autre exemple : comment interpréter la politique nazie d'extermination du peuple juif ? Dans les années 60 et 70 enAllemagne, une querelle d'historiens eut pour objet l'interprétation du nazisme.

Selon certains historiens (les« fonctionnalistes »), la décision prise en 1942 à la conférence de Wannsee d'exterminer tous les juifs d'Europe estla conséquence nécessaire de l'histoire de l'Allemagne depuis le début du siècle (pangermanisme, antisémitisme,défaite de 1918, chaos économique et social de l'après-guerre, crise de 1929, arrivée des nazis au pouvoir), etc.Selon d'autres historiens (les « intentionnalistes »), l'extermination des juifs a été personnellement décidée parHitler.

Dans ce débat, ce qui est en jeu c'est la question de l'importance respective de la nécessité et du hasard enhistoire : selon les fonctionnalistes, l'extermination des juifs est déterminée par le passé de l'Allemagne et lescirconstances de la guerre ; selon les intentionnalistes, le pouvoir d'un seul individu (Hitler) demeure décisif.

Plus lerôle de l'individu est grand, plus la part de hasard est étendue (et si Hitler était mort en 1939 ? Et si Lénine n'avaitpas existé ? Pascal à propos du nez de Cléopâtre). Donc pas d'histoire sans philosophie et sans idéologie .

L'abondance des documents et la précision scientifique ne suffisent pas à trancher dans un tel débat.

L'historien ne peut faire l'économie du hasard, de la nécessité, de laliberté, des intentions, des motivations.

Il ne peut pas non plus échapper au jugement et à l'engagement.

Toutesces questions sont de nature philosophique et non pas scientifique. Signalons aussi qu'aucun historien ne peut sortir de son présent.

« Il n'y a d'histoire que du présent » (LucienFebvre).

La tendance d'une époque est de regarder le passé non tel qu'il est mais telle qu'elle est.

Chaque époquetire à elle le passé comme une couverture.

Difficulté donc de mettre entre parenthèses la subjectivité del'observateur : Raymond Aron montre que l'historien ne saurait survoler l'histoire; il vit dans l'histoire, il appartient àune époque, un pays, une classe sociale; l'histoire est un acte de l'historien qui appartient lui-même à un moment de la réalité historique ; l'historien constitue sa vision de l'histoire à partir de perspectives philosophiques ou politiques. Par ailleurs, la connaissance que nous prenons des faits humains s'introduit comme nouveau facteur déterminantdans la réalité de ces faits eux-mêmes (difficulté d'apprécier l'importance de ce facteur perturbant) : exemple, enethnologie, perturbation liée à la présence de l'ethnologue lui-même. 1.

- Expliquer et comprendre D'où la distinction, opérée par Dilthey, entre expliquer et comprendre. L'explication est le propre des sciences physiques : il s'agit de déterminer les conditions d'un phénomène, en dégageant des lois qui ignorent le particulier. La compréhension , qui devrait caractériser les sciences humaines, est le souci de se placer au point de vue du sujet, de la conscience, pour revivre à l'intérieur les phénomènes étudiés.

Par exemple, on peut certes expliquerl'amour par des raisons physiologiques, psychologiques, sociologiques, etc.

Mais pour comprendre ce phénomène lesavant doit en quelque sorte l'avoir en quelque manière éprouvé.

De plus, il n'y a pas d'action mécanique del'environnement sur l'homme : les facteurs matériels ne modifient l'homme que dans la mesure où il leur donne une. »

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