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Les hommes font-ils l'histoire consciemment ?

Publié le 30/07/2009

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histoire

 

Une définition possible de l’homme est celle d’ « animal rationnel «, ce qui implique deux choses : d’une part, que l’homme est un animal parmi les animaux, qu’il appartient à cette catégorie. De l’autre, que l’homme est pourvue d’une faculté, à savoir la raison, qui fait défaut aux autres animaux. La raison est la faculté de l’homme qui lui permet de comprendre le monde et lui-même, le moyen d’une interaction avec l’extériorité.

Le mot « Histoire « désigne toute connaissance basée sur l’observation, la description de faits advenus dans le passé. Il y a lieu de distinguer entre l’histoire, récit véridique du passé, et l’Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l’avenir.

Lorsque nous faisons quelque chose consciemment, cela veut dire que nous formons avant la réalisation de cette chose une idée de ce qu’elle doit être, avant de mettre en œuvre un processus contrôlé visant à son avènement. Faire quelque chose consciemment revient donc à le faire avec une réflexion qui accompagne le processus non seulement en amont de la réalisation, mais également au cours de celle-ci.

A première vue, la thèse présupposée par la question qui nous est posée ne peut que nous surprendre, dans la mesure où il semble que loin de faire l’histoire – que ce soit ou non consciemment- ce sont plutôt les hommes qui sont faits par l’histoire, sur laquelle ils n’ont pas réellement de prise. Cependant, ne pouvons-nous pas penser que les hommes font l’histoire dans la mesure où tout évènement historique s’avère un produit de l’action humaine ou un évènement qui touche l’homme lui-même ? A ce titre, les hommes feraient bien l’histoire, non consciemment, mais à leur corps défendant. Néanmoins, il nous faudra affronter la question suivante : les hommes ne feraient-ils pas aussi l’histoire consciemment, par leurs actes et leurs idées ? En posant cette question, nous établirons une distinction entre l’histoire comme conséquence et comme produit : il se peut en effet que l’histoire soit la conséquence d’une action consciemment entreprise par l’homme, sans être pour autant conforme à l’idée et l’objectif que se faisaient les hommes. L’histoire est alors la conséquence involontaire d’une action consciemment entreprise, et non le produit réalisant l’action consciente des hommes.

La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si l’histoire est le produit ou la conséquence des actes et des idées formés par les hommes.     

 

histoire

« I.

Les hommes ne font pas l'histoire, ils sont faits par l'histoire a.

L'histoire ne se réalise pas en fonction de l'homme Nous commencerons par dire que les hommes ne font pas l'histoire consciemment, pour la bonne raison qu'ils ne fontpas l'histoire du tout.

Pour démontrer cette thèse, il nous faut analyser un peu précisément le verbe « faire ».

Faire,c'est provoquer l'advenue à l'être de quelque chose qui sans nous ne serait pas.

Par cet acte, l'individu est àl'origine de ce qui se produit, non seulement de sa naissance, mais de la nature de cette chose qu'il a préconçue oudu moins, dont la conception a été accompagnée par sa réflexion (comme dans le cas d'une œuvre d'art qui n'a pasété créée par l'individu avant l'acte même qui la produit).

A la lumière de cette analyse, nous dirons que jamaisl'homme ne fait l'histoire, car il est incapable de la préconcevoir et encore plus de la modeler.

L'histoire n'est faitepar personne, elle est plutôt ce qui s'impose aux hommes, ce qui est mû par le hasard et lui seul.

L'œuvre littérairedu marquis de Sade donne toute sa portée à cette thèse : dans l' Histoire de Juliette, Sade dresse des listes impressionnantes récapitulant toutes les débauches, tous les vices et toutes les atrocités commises par leshommes.

Or, ce qu'il faut bien remarquer, c'est que la violence a cours partout, dans tous les pays, dans toutes lesépoques, de sorte qu'elle parait omniprésente dans le temps aussi bien que dans l'espace.

L'histoire semble donc lechamp de bataille où le hasard des passions humaines se donne libre cours sans règle aucune.

Nous dirons donc quel'homme ne fait pas consciemment l'histoire, car l'histoire n'est faite par personne : seul le hasard décide desévènements qui se produisent. b.

Ce sont les hommes qui sont faits par l'histoire Allant plus loin, nous dirons que si les hommes ne font pas l'histoire, ni consciemment ni inconsciemment, ils sont enrevanche faits par l'histoire.

Considérons l'exemple que nous fournit un roman d'anticipation intitulé Le postier , écrit par l'américain David Brin.

Ce roman met en scène un général d'armée qui a pris le pouvoir dans le cadre postapocalyptique des Etats Unis ravagés par une soudaine guerre nucléaire.

Cet homme déclare qu'il n'avait nullementl'identité du chef de guerre redouté qu'il est devenu dans le monde d'après l'apocalypse, puisqu'autrefois il était unmodeste vendeur de photocopieuses.

Cet exemple littéraire nous montre bien que les hommes, s'ils ne font pasl'histoire, sont en revanche faits par elle, au sens où l'histoire révèle les potentialités en puissance en eux-mêmes,les fait passer dans le domaine de l'actualité.

L'histoire réelle est en effet pleine d'exemples qui tendent à confirmercette thèse : pensons aux résistants qui, durant la deuxième guerre mondiale, ont prouvé un courage prodigieuxdans leur lutte contre l'occupant nazi.

Nombre d'entre eux ne se seraient jamais révélés les héros qu'ils étaient enpuissance si les circonstances historiques ne les y avaient pas conduits.

A ce titre, nous pouvons dire que leshommes ne font pas l'histoire, mais qu'ils sont faits par elles. II.

L'histoire est le produit d'un agir non intentionnel de l'homme a.

L'histoire est toujours humaine Cependant, nous ne pouvons affirmer sérieusement que les hommes ne font pas l'histoire.

En effet, même si l'histoirenous parait davantage le champ de bataille du hasard que le théâtre de la raison, il n'en demeure pas moins que lacause efficiente des évènements qui nous paraissent hasardeux est toujours humaine.

En effet, l'histoire n'est pastranscendante aux hommes, elle est toujours humaine.

L'historien Paul Veyne définit ainsi l'histoire comme « un récit d'évènements vrais qui ont l'homme pour acteur ».

Une telle définition implique que l'histoire n'est pas récit de n'importe quel évènement passé, mais des seuls évènements qui impliquent les hommes.

Ainsi, l'éruption d'un volcan,par exemple, est un fait explicable en général par la géophysique et qui ne concerne pas l'histoire à proprementparler.

Mais en revanche, une éruption particulière comme celle du Vésuve en 79 après J.C, intéresse aussil'historien, parce que la ville engloutie lui fournit des informations sur la société romaine.

Mais si cet évènement esthistorique par ses conséquences, il ne l'est pas par ses causes : l'homme n'en est pas l'acteur, l'homme ne l'a pasprémédité et réalisé.

De tout ceci nous pouvons conclure deux choses : l'histoire n'est pas l'ensemble des traces dece qui est passé, c'est d'abord l'ensemble des actions qui furent effectuées par les hommes.

Et d'autre part, leshommes font bel et bien l'histoire, car ce que l'on appelle l'histoire n'est pas autre chose que le récit desévènements où l'homme a joué un rôle.. »

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