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Les dirigeants politiques se servent-ils des croyances religieuses pour gouverner ?

Publié le 10/11/2005

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POLITIQUE (gr. polis, cité)

Hannah Arendt, commentant Aristote, distingue le politique qui est l'espace public (polis), commun à tous les citoyens, lieu où chacun délibère en vue de l'intérêt général, de la politique qui est l'art de délimiter cet espace et de conserver son intégrité. Cette distinction révèle l'essence du politique. S'il faut en effet protéger cet espace, c'est que le politique risque toujours d'être corrompu par le non-politique, par ces intérêts privés que sont les intérêts économiques. Ainsi, l'antagonisme des volontés partitique est en puissance l'espace de la raison, il est en fait le lieu où s'affrontent les passions qui naissent des différences sociales entre les hommes. Le politique est donc moins une réalité effective qu'une tâche infinie et impossible en raison des effets déviants de l'économique sur le politique, du privé sur le public. Il est par essence une valeur , la limite idéale vers laquelle tend la vie sociale. La citoyenneté, alors, est elle-même une conquête qui requiert le désintéressement et cette ferme volonté de résister aux pressions de l'intérêt privé qu'on appelle la vertu ou esprit civique et qu'on exige de chacun, vertu dont l'abandon, si l'on en croit Montesquieu, signale la mort des républiques.

RELIGION (lat. religare, relier, attacher)

La religion est, selon son étymologie, un lien ou une mise en relation : elle relie les hommes à plus haut qu'eux, à une puissance qui les dépasse infiniment, les transcende. Ainsi, la religion semble s'opposer à la société, qui est le lien des hommes entre eux. L'homme serait donc à la fois social et religieux, ce double lien pouvant engendrer des conflits comme en témoigne l'histoire de la chrétienté occidentale qui a vu souvent s'affronter l'autorité politique, représentant la société, et l'autorité sacerdotale, représentant la religion. Cependant, le monde antique se caractérisait plutôt par une indistinction entre lien social et lien religieux : pour un Athénien du Ve siècle, la religion n'est pas une affaire privée, mais le signe de son appartenance à la communauté. Aucun lien personnel ne l'attache à un Dieu , les cultes divins étant d'abord des cultes publics. Il faut donc distinguer la religion grecque, qui est une religion sociale, puisque dans sa religion chaque cité s'adore elle-même et magnifie ses vertus, de la religion chrétienne qui suppose avant tout une relation personnelle à Dieu . Or, comme le souligne Hegel, une religion qui se définit strictement par le lien social ne peut prétendre à l'universalité. Ainsi, la multiplicité des dieux grecs les conduit à se combattre et à se haïr comme le feraient des hommes. Hegel évoque alors l'« oubli comique de leur nature éternelle », et conclut que le vrai sentiment religieux ne peut se retrouver dans cette forme de religion sociale. La vraie religion serait donc le christianisme, religion de l'homme libre, qui sépare nettement lien social et lien religieux. Parce que Jésus dit tu à tout homme, abstraction faite des liens sociaux dans lesquels il est pris, la religion chrétienne « rend à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Croire, Croyance. - Psycho. Ces termes peuvent s'appliquer : 1. à une opinion fondée sur une simple probabilité : « Je ne croyais pas que tout fût perdu » (Sévigné) ; « Deux sortes d'hommes : les uns justes qui se croient pécheurs, les autres pécheurs qui se croient justes » (Pascal, 534) ; en ce sens, qqfs. opp. à savoir: «Nous ne pouvons pas croire ce que nous savons, et nous ne pouvons pas savoir ce que nous croyons » (Pradines) ; - 2. (syn. : foi) à une certitude qui ne résulte pas uniquement d'une démonstration rationnelle, soit qu'elle se fonde sur l'autorité et le témoignage, soit qu'elle repose sur des motifs affectifs (sentiments) et actifs (aspirations, inclinations, désirs) ou qu'elle relève des exigences de la « raison pratique », soit enfin (foi religieuse) qu'elle dépasse la raison : « Elle croit, elle qui jugeait la foi impossible » (Bossuet) ; « Il me fallut abolir le savoir [Wissen] afin d'obtenir une place pour la croyance » (Kant, R. pure, préf. éd.) ; « Une religion est d'autant plus crue qu'elle suscite davantage les sentiments profonds » (Delacroix) ; « On croit en Dieu plus qu'on ne le prouve » (Le Roy) ; - 3. Lato : à l'assentiment en gén. : « Nier, croire et douter bien sont à l'homme ce que courir est au cheval » (Pascal, 259) ; « Toute aperception suppose affirmation implicite, au sens de croyance, même si elle était unique, simple... Si elle est multiple, elle est croyance à la liaison de ses parties » (Lagneau) ; « La croyance est un genre dont la certitude est une espèce » (Brochard).- 4. Objet de la croyance aux sens 1, 2 ou 3 : « Les croyances religieuses » ; « La croyance à la liberté ».

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