Devoir de Philosophie

Les différences culturelles empêchent-elles les hommes de se comprendre ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

La compréhension semble en soi ethnocentriste au sens où nous interprétons les choses à partir d'idées rattachées à notre culture. Envisager la différence culturelle sous l'angle de la compréhension semble dès lors un non-sens.   Quine: à la poursuite du lapin   Dans son ouvrage Le mot et la chose, le philosophe américain Quine utilise l'exemple d'un linguiste en terrain étranger. En compagnie d'un autochtone qui ne parle bien évidemment pas la même langue, notre linguiste voit un lapin surgir. L'indigène réagit à cet événement en énonçant « Gavagaï ». Mais qu'est ce que ce mot désigne? « Lapin », ou « élément de lapinité » ou encore « course du lapin entre deux arbres »? On ne pourra jamais le savoir. En effet, on accueille jamais la réalité telle qu'elle est. Notre langage est comme un filtre entre elle et la réalité, un filtre qui est rempli de présupposés: il est une théorie sur le monde.

« Comment dès lors prendre conscience de cette part de déterminisme culturel qui pèse sur moi? Il faut rencontrerl'autre: parce que l'autre vit différemment dans le monde, je peux relativiser .

Mon téléphone portable me paraît être un outil essentiel pour communiquer: je rencontre alors celui pour qui il est inutile, celui qui privilégie d'autres canauxde communication avec l'autre, celui qui retiens sa parole, la garde pour une rencontre qui ne vient pasimmédiatement.

Je vois ainsi qu'une chose qui pèse sur moi sans même que je m'en rende compte n'est pas essentielà l'autre: alors je remonte à toutes ses idées en moi qui m'ont laissé penser qu'il s'agissait d'une chose essentielle.La différence chez l'autre me met déjà face à moi-même, mes certitudes: ces dernières ne seront un obstacle entrelui et moi que si je juge facultatif de les analyser, de les comprendre.

Pour comprendre l'autre dans sa différence, ilme faut comprendre le bien fondé de ce qui en moi génère cette différence: l'autre devient l'occasion d'être libre,d'être actif par ce retour sur moi-même et ce qui pèse sur mon existence. Sciences humaines et fond de l'homme III. L'apport des sciences humaines a permis de penser une sorte de dénominateur commun de l'homme réinventé parchacune des cultures.

Ainsi, malgré la pluralité des langues selon les pays ou les époques, la linguistique a émergéprécisément comme une pratique visant à montrer qu'elles se structurent toutes d'une façon assez similaire.

D'où lefait qu'il soit possible de parler de langage au singulier.

De même, dans la multiplicité des mythes, l'anthropologueLévi-Strauss à démontrer l'apparition de constantes, de noyaux solides et communs: ce sont des figures et desthèmes similaires qui réapparaissent d'un endroit à l'autre de la terre, d'un temps passé à un temps présent. Il ne s'agit plus simplement de comprendre l'autre dans sa différence, mais aussi de comprendre plus profondémentque ces différences s'étayent peut-être sur un socle commun.

Dans ces traces communes que l'on retrouve dansles langues, les mythes, les croyances, les sciences, s'établit peut-être la piste d'une humanité profonde etvéritable.

Après avoir noté nos différences, on va dans le sens inverse pour noter également un fond commun àpartir desquelles elles se tissent. La rencontre avec l'autre se situe donc quelque part entre la crise que subissent mes certitudes, et lacompréhension qu'il s'agit toujours du même homme que moi dans cette richesse, cette capacité à se réinventer età tracer son histoire.

Et cela n'est d'ailleurs possible que parce que je ne me réduis pas à ma culture, que parce queje suis un individu capable de compréhension et non un automate de ma culture.

La compréhension se place alorsaux antipodes de l'ethnocentrisme comme ce pouvoir que j'ai de me relever des déterminismes qui cernent de parten part mon être. Conclusion La différence culturelle me conduit donc à la remise en question de mes certitudes, ces certitudes qui risquent sinond'ériger un mur entre moi et lui.

Le comprendre, c'est appréhender ce qui nous différencie, ce qui fait qu'il demeurerairréductiblement cet autre, mais tout à la fois garder en tête que cette différence prend racine dans un fondcommun qu'est l'humanité.

La différence n'est jamais simplement accidentelle, elle est la comme la signature de cetautre, mais parce qu'elle me remet en question, elle m'oriente d'autant plus vers lui qu'elle me permet de me saisir.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles