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Les artistes nous trompent-ils ?

Publié le 27/02/2008

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La démarche de l?artiste : révélateur du spirituel et spectateur de son oeuvre           a. Pourtant, revenons à l?art abstrait de Kandinsky. N?est-il vraiment qu?un jeu, arbitraire, et sans aucun contenu? Bien au contraire, Kandinsky nous dit, dans Du spirituel dans l?art, et dans la peinture en particulier, commentant son oeuvre incomprise à ses débuts, que son oeuvre est le seul moyen existant pour que l?on puisse, comme déjà le disait de "l?art du passé" Hegel, sentir la présence de l?esprit, et seul il est capable de combattre le matérialisme dominant, bref, de nous faire reconnaître les intérêts les plus hauts de l?esprit ; il est destiné à "traîner le chariot récalcitrant de l?humanité", à la pousser en avant, toujours plus haut... L?artiste à l?avant-garde de ce chariot, ou de ce qu?il nomme encore le "triangle spirituel", qui en l?occurrence est ici Kandinsky, est le seul à voir l?absolu (on pensera ici à l?heureux élu qui, chassé de la caverne platonicienne, peut enfin contempler la lumière éblouissante de l?Etre), et est seul à même de pouvoir le manifester à ceux qui sont à la traîne. En effet, l?art abstrait est un art pur, il ne travaille pas à dépeindre la nature, mais il se sert de la couleur et de la forme pure pour parler à notre âme même. L?art et en particulier l?art abstrait, est le langage de l?âme, et il est le seul à pouvoir l?être.      b. L?artiste ne peut savoir, avant d?avoir produit son ?uvre, tout ce qui entrera en jeu lors de la conception. Ainsi il découvre lui-même, comme le spectateur, un résultat qui ne dépendait pas simplement de lui : « Pensons maintenant au travail du peintre de portrait ; il est clair qu'il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs qu'il emploiera à l'oeuvre qu'il commence ; l'idée lui vient à mesure qu'il fait ; il serait même rigoureux de dire que l'idée lui vient ensuite, comme au spectateur, et qu'il est spectateur aussi de son oeuvre en train de naître.

« mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonnéla matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter.· La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintre puisqu'ilimite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notre reflet dans lemiroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir.Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparencetrompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissancetrompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant des apparences qui plaisent,excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour.

L'hommeraisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.

On trouve ici la premièrecondamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de la censure artistique dont relèveencore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de lacomparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On vaau théâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir lespotins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner surnous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nous avonspu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes.Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe en elle-même, elleest une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pas un cheval conforme àl'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour être pleinement un Cheval.

Uncheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à sa conformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beau ce qui est parfait.

Comme la perfection n'estpas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais la copie exacte et sans défaut du modèle maistoujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle, est celle des Idées.

Est beau ce qui existepleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

La beauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

Lalaideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent, lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beaucheval ou un beau corps d'athlète, leur œuvre, pâle esquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet.

Lepoète inspiré est sorti de la caverne, a contemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux.

II.

La critique logique de l'esthétique, et dépossession des prétentions de l'artiste a.

C'est au début du vingtième siècle que le logicien et philosophe Wittgenstein a exposé un système qui propose cette fois-ci non pas de faire la critique de l'art mais de l'esthétique c'est-à-dire du discours sur l'art.

PourWittgenstein en effet toutes les propositions de logique sont des propositions tautologiques (cela signifie qu'elles nerenvoient à rien d'autre qu'à elles-mêmes, elles ne désignent rien d'extérieur sur le plan empirique).

Or lespropositions d'esthétique ne sont pas non plus autre chose que des propositions de logique.Tout comme ces dernières elles peuvent être ramenées à des représentations formelles (remplacées par desvariables propositionnelles liées à l'aide de connecteurs logiques) et exprimées à l'aide de tableaux de vérité.

De pluselles possèdent tout comme les propositions de logique des catégories (le Beau, le Sublime) qui peuvents'apparenter aux valeurs de vérité que sont le vrai et le faux dans les énoncés de logique formelle.Les énoncés de l'esthétique n'ont donc pas de sens, ils sont purement autodésignatifs et ne parlent que d'eux-mêmes.

Issue d'une compréhension particulière de la logique comme système de propositions tautologiques, lacritique wittgensteinienne de l'esthétique conduit à une conclusion dont il faut bien saisir la signification profonde :l'auteur du Tractatus ne dit pas que l'esthétique profère des non-sens, des énoncés contradictoires mais qu'elle est dénuée de sens parce que sur le fond elle ne désigne pas d'objet extérieur mais se contente tout comme la logique,les mathématiques et l'éthique de s'autodésigner.L'esthétique ne dit rien au sens fort de dire comme désigner objectivement les choses, elle ne parle que d'elle mêmeet des valeurs qu'elle a déjà posées a priori. b.

Promenons-nous dans un musée d'art contemporain : il nous paraît vraiment impossible de soutenir que les œuvres d'art qu'on y trouve soient capables de manifester un absolu! A moins de dire, comme certains seraientd'ailleurs tentés de le faire, que les oeuvres que l'on trouve dans ces musées, ne sont justement pas des oeuvresd'art...

Ainsi, comment dire que Fontaine , de Duchamp , qui est un simple urinoir acheté tout fait et signé du nom de l'artiste, et exposé dans un musée, puisse manifester un quelconque absolu? N'est-ce pas d'ailleurs un gesteironique eu égard au travail prétendument "sacré" de l'artiste, que nous représente cette oeuvre? Mais que diremême des tableaux abstraits de Kandinsky , qui ne semblent être que de purs jeux de l'imagination sur des formes et des couleurs, ne nous délivrant aucun contenu transcendant.. »

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