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LEIBNIZ: L'animal et l'homme

Publié le 30/03/2005

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Il y a une liaison dans les perceptions des animaux qui a quelque ressemblance avec la raison ; mais elle n'est fondée que dans la mémoire des faits, et ement dans la connaissance des causes. C'est ainsi qu'un chien fuit le bâton dont il a été frappé parce que la mémoire lui représente la douleur que ce bâton lui a causée. Et les hommes en tant qu'ils sont empiriques, c'est-à-dire dans les trois quarts de leurs actions, n'agissent que comme des bêtes ; par exemple, on s'attend qu'il fera jour demain parce que l'on a toujours expérimenté ainsi. Il n'y a qu'un astronome qui le prévoie par raison ; et même cette prédiction manquera enfin, quand la cause du jour, qui n'est point éternelle, cessera. Mais le raisonnement véritable dépend des vérités nécessaires ou éternelles ; comme sont celles de la logique, des nombres, de la géométrie, qui font la connexion indubitable des idées et les conséquences immanquables. Les animaux où ces conséquences ne se remarquent point sont appelés bêtes ; mais ceux qui connaissent ces vérités nécessaires sont proprement ceux qu'on appelle animaux raisonnables. LEIBNIZ

Que veut-on dire au juste lorsque l'on dit que l'homme est un « animal raisonnable« ? Cela signifie-t-il, comme le suggère Descartes, que les autres animaux, entièrement dépourvus de raison, soient de simples machines ? Et en quoi consiste véritablement la raison humaine ?  Leibniz propose une réponse à ces deux questions simultanément en appuyant sa compréhension de la raison humaine sur une comparaison avec la conduite quasi rationnelle des animaux.  Pour établir cette comparaison, Leibniz suit une démarche en trois temps qui sont autant d'étapes de l'analyse du concept de raison. La première consiste à repérer la « liaison des idées « effectuée par les animaux doués non seulement de perception, mais aussi de mémoire. Les deux étapes suivantes sont une analyse terme à terme du concept d'animal raisonnable : animal, l'homme utilise aussi l'association d'idées, en la perfectionnant toutefois par la démarche intellectuelle de l'induction, de la connaissance des causes empiriques. Rationnel, l'homme ne l'est au sens propre que parce qu'il peut accéder aux «vérités éternelles «. C'est à ce concept et à ce qui le distingue même des connaissances de l'astronome, qu'il nous faudra porter une attention particulière.  

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« l'astronome «prévoit» : ces deux verbes marquent la différence entre l'attitude subjective et la démarche objective.Nous ne fondons notre attente que sur l'habitude, le savant fonde sa prévision sur toute une théorie, ou commedirait Descartes sur de « longues chaînes de raisons».Perception, mémoire, raisonnement : Leibniz s'achemine donc vers la caractérisation précise de la raison en tantqu'activité proprement humaine.

Mais l'étape essentielle est encore à venir : la rationalité tient plus à la forme de ladémarche qu'à son contenu informatifCe que Leibniz veut souligner, c'est que la raison est la capacité de percevoir des « vérités nécessaires ouéternelles».

Le contenu des propositions du savant est vrai pour un instant donné mais demeure relatif à cet instantpuisque le monde change.

En revanche, un énoncé purement rationnel doit valoir absolument, demeurer vraiindépendamment du temps.

La structure logique du raisonnement fait partie de ces vérités éternelles : uneproposition logique conserve sa valeur de vérité (par exemple la non-contradiction) quelle que soit l'époque.

Leibnizva même plus loin dans ce domaine que Descartes, qui pensait que Dieu avait créé les vérités (mathématiquesnotamment) « comme un souverain en son royaume».

Selon Leibniz, si Dieu avait eu la possibilité de décider que 2plus 2 soit égal à 5, cela remettrait en cause l'éternité des vérités mathématiques.

Dieu n'a pas pu vouloirautrement, donc les vérités ont réellement la même éternité que Dieu lui-même, elles sont « incréées».Ces vérités nous donnent-elles une meilleure connaissance du monde ? Non sans doute, ou du moins pasdirectement ; mais elles fournissent les seuls raisonnements éternellement valides et hissent la raison à son plushaut degré d'abstraction, puisqu'elle ne doit plus ici organiser de la façon la plus rigoureuse ses perceptionssensibles, mais travaille sur ses propres actes ou sur des « êtres de raison», des entités purement conceptuelles etabstraites.

La rationalité apparaît donc de façon pure lorsque la raison se détourne radicalement des phénomènesextérieurs et n'a plus affaire qu'à un fonds qui lui soit propre.

La rationalité parfaite est le domaine de la raison pure.On pourrait ici se demander si Leibniz engage alors tous les hommes à se détourner de leurs activités moinsrationnelles pour se consacrer aux vérités éternelles ; ce serait prendre un texte théorique pour un traité de morale.Leibniz cherche à identifier précisément la nature de la raison et par là celle de l'homme ; mais il ne prétend pas entirer un critère d'orientation pour le choix des activités humaines.

Penseur de la continuité, il n'établit d'ailleurs pasune rupture radicale entre les différents niveaux d'activité : le savant doit maîtriser la logique et les mathématiquesmême s'il ne voit en eux qu'un outil et non l'objet direct de son étude ; l'homme empirique utilise des règles de liaisondes idées qui sont rationnelles sans qu'il y prête attention : la rationalité demeure enveloppée et masquée par lapriorité pratique de satisfaction du besoin.

Quant à l'animal, la raison n'est présente en lui qu'à titre de virtualitétellement enveloppée qu'elle n'a aucune perspective de développement et d'expression en tant que telle. Conclusion Plus que sur la raison animale, c'est donc sur l'homme que porte ce texte qui constitue à la fois une apologie de laraison pure et une recherche d'un critère anthropologique précis.

Encore pourrait-on remarquer que Leibniz ne citepas explicitement les hommes à la fin de ce texte : il se contente d'évoquer les « animaux raisonnables », ce quilaisse une place pour des êtres autres que les hommes.

Cette ouverture ne peut en revanche concerner de pursesprits comme les anges ou même Dieu, puisque ces êtres spirituels sont censément raisonnables mais ne sauraientêtre rangés dans le genre «animal ».

L'homme est donc le représentant privilégié d'une classe qui pourrait accueillird'autres êtres.

L'éternité des vérités semble garantir l'identité des logiques, même pour des extra-terrestres ou desanimaux qui franchiraient le cap de la rationalité véritable. LEIBNIZ (Gottfried Wilhelm). Né à Leipzig en 1646, mort à Hanovre en 1716. Il étudia les mathématiques à Iéna, la jurisprudence à Altdorf et la chimie à Nuremberg.

En 1667, il rencontra lebaron Jean-Christian de Boinebourg, et commença de s'intéresser à la politique et aux hautes mathématiques.

En1672, il fut chargé d'une mission auprès de Louis XIV, pour engager celui-ci à conquérir l'Egypte.

Il fit un voyage àLondres et commença d'entretenir une correspondance suivie avec les plus grands esprits de son temps.

Il tenta,dans ses lettres à Bossuet, d'aboutir à la réunion des Eglises chrétiennes.

Au terme de longs travaux, il constitua lecalcul intégral (29 octobre 1675) et le calcul différentiel (1er novembre 1675).

En 1676, il quitta Paris pour Hanovre,où il devint bibliothécaire du duc de Brunswick-Lunebourg.

Il soutint les droits des princes allemands dans l'Empire en1678, préconisa un plan qui permît à Pierre le Grand de faire bénéficier ses peuples de la civilisation occidentale, etpublia un recueil de droit des gens.

Il mourut en novembre 1716, et n'eut que son secrétaire pour accompagner aucimetière sa dépouille mortelle.

En relations avec l'Europe entière, homme d'une culture universelle, Leibniz futmathématicien, philosophe, juriste, historien et fondateur de la critique historique, géologue, ingénieur et théologien.Il institua l'Académie de Berlin.

— Il se révéla, d'abord, disciple de Descartes.

Puis, ses réflexions sur le dogmeluthérien de la présence réelle et sur la transsubstantiation de la doctrine catholique l'incitèrent à chercher unenouvelle théorie de la substance.

Ce n'est pas l'étendue, c'est la force, qui constitue l'essence des corps.

Il fautfaire l'inventaire des faits scientifiques, s'attacher à leur « définition nominale », s'attacher plus à l'apparence qu'àl'essence.

La « définition réelle » démontre la possibilité de l'essence et permet de distinguer possibilité logique et. »

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