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LEIBNIZ contre DESCARTES

Publié le 30/03/2005

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leibniz
... Ce que Descartes, je m'en souviens, dit quelque part a savoir que, lorsque nous parlons de quelque chose en comprenant ce que nous disons, nous avons une idée de cette chose, n'est pas valable. En effet il arrive souvent que nous combinions des incompatibles comme lorsque nous parlons du mouvement le plus rapide, chose impossible, c'est établi, dont il n'y a en conséquence pas d'idée, et dont cependant il nous est loisible de parler en nous comprenant. En effet, je l'ai expliqué ailleurs, souvent nous ne pensons que confusément ce dont nous parlons et nous ne sommes pas conscients de l'idée qui existe dans notre esprit, sauf si nous saisissons la chose par l'intelligence et si nous l'analysons suffisamment. LEIBNIZ
leibniz

« mouvement, l'idée de vitesse, l'idée de ce qui est le plus grand.

Mais nous ne comprenons pas pour autant si cesidées peuvent être jointes, si elles sont compatibles.

De même Descartes raisonne avec précipitation quand ils'efforce de démontrer que l'Être le plus parfait existe nécessairement.

En effet ii convient de démontrerpréalablement (ce que Descartes néglige) que l'idée d'être et l'idée de ce qui est le plus parfait sont deux idéescompatibles.

Même le fameux cogito de Descartes n'offre pas le caractère d'évidence absolue que son auteur luiprête.

Le « J'existe » cartésien n'est qu'une proposition de fait, qu'une donnée de l'expérience immédiate.

Il n'y aque Dieu qui puisse saisir ici une nécessité logique, qui puisse voir comment les deux termes moi et existence sontnécessairement liés, c'est-à-dire pourquoi j'existe. « ...

Souvent nous ne pensons que confusément...

sauf si nous saisissons la chose par l'intelligence et si nousl'analysons suffisamment.

»En 1676 Leibniz écrivait à Simon Foucher : « J'ai coutume d'applaudir à tous ceux qui examinent la moindre véritéjusqu'au bout.

» Une idée n'est en effet distincte que lorsqu'elle est analysée en ses éléments : « Entendreparfaitement une chose c'est entendre tous les requisits suffisants à la constituer.» Par exemple les essayeurs demétaux ont une idée distincte d'un corps lorsqu'ils le réduisent à une collection de propriétés physiques etchimiques.

Avoir une idée distincte de l'or c'est connaître sa couleur, sa densité, sa réaction à l'eau forte, etc.

Laconnaissance distincte va au-delà de l'intuition, elle se formule dans le discours.La confusion au sens de Leibniz vient d'un défaut d'analyse.

Ceci dit il faut ajouter que nos pensées sont «souventconfuses» et même, qu'elles le sont presque toujours quoique à des degrés différents.

Il n'y a pas un fossé entre cequi est distinct et ce qui est confus (comme pour Descartes qui séparait radicalement le vrai et le faux et rejetait leprobable aristotélicien).

Pour Leibniz la nature « ne fait pas de saut» et nos idées sont plus ou moins confuses.Cette « confusion »est inévitable parce que nous sommes des êtres finis qui nous représentons l'infini.

Touteperception est l'unité d'une multiplicité, d'une infinité réfractée à travers ce centre de perspective qu'est notrecorps.

Puisque l'infini est impliqué en toute perception il ne peut l'être qu'inconsciemment.

Quand j'entends le bruitde la mer, ma perception est confuse, car je n'entends pas distinctement le bruit de chacune des gouttes d'eaudont la somme forme le bruit de la mer.

Seul un être infini n'a que des pensées distinctes : « Si la créatureintelligente n'avait que des pensées distinctes, elle serait un Dieu.

»Mes pensées distinctes sont elles-mêmes susceptibles de degrés divers.

Je peux distinguer des parties dans unobjet sans que mon analyse soit achevée.

C'est seulement quand l'analyse est poussée jusqu'à son terme, quand lerapport entre le tout et les parties m'est connu parfaitement que j'ai une idée adéquate.

Je ne peux jamaisconnaître adéquatement un être individuel car tout individu enveloppe l'infini.

Mais je peux connaître certainesnotions abstraites.

La connaissance des nombres par exemple est un bon exemple de connaissance adéquate, c'est-à-dire parfaitement analysée.

On a d'un nombre une idée adéquate quand on sait décomposer ce nombre en sesfacteurs premiers, quand on sait par quelles opérations il se forme à partir de la notion primitive d'unité.Nous saisissons donc à présent quels sont les degrés de la connaissance d'après Leibniz.

Une idée est claire si je ladistingue des autres (je n'en peux donner qu'une définition nominale qui me permet de la discerner sans en déduireles propriétés, sans démontrer qu'elle est logiquement possible).

Une idée est distincte dès qu'une analyse peut êtreopérée.

Une idée est adéquate quand une analyse exhaustive permet d'en donnerune définition réelle qui en démontre la possibilité.

Démontrer une proposition c'est faire une analyse, c'est montrerque l'attribut est contenu dans le sujet (ce qui suppose que le sujet soit résolu en ses éléments).Mais n'y a-t-il pas au point de départ des notions primitives évidentes, et ces éléments premiers ne sont-ils paseux-mêmes saisis par intuition ? Ce serait revenir par un détour à la conception de Descartes qui identifie la vérité àl'évidence.

Mais il faut faire ici deux remarques.D'une part Leibniz recule les notions primitives plus loin que Descartes.

Par exemple l'étendue n'est pas pour Leibnizune « nature simple », une notion primitive.

L'étendue suppose deux notions plus fondamentales, la répétition et lamultiplicité.

L'étendue est une répétition continue (ce qui la distingue du nombre discontinu) et non successive (cequi la distingue de la durée).D'autre part, chez Leibniz l'intuition ne porte pas essentiellement comme chez Descartes sur la nature de chaqueélément, elle porte avant tout sur les relations, sur le rapport nécessaire qui unit les éléments entre eux. (Conclusion) Ce court extrait nous permet d'opposer méthode cartésienne et méthode leibnizienne.

La définition cartésienne duvrai par l'évidence débouche sur une méthode d'ascèse, de purification spirituelle.

Comment distinguer l'évidence deses contrefaçons? En appliquant avec rigueur la méthode du doute.

L'évidence cartésienne c'est ce qui aura purésister à tous les assauts du doute.

Le doute est le plus grand réducteur des préjugés, des fausses évidences.

Laconquête du vrai est ainsi le fruit d'une lutte constante avec soi-même.A cette expérience spirituelle Leibniz oppose sa méthode logique, rationnelle.

Le vrai c'est ce qui peut être déduitpar un calcul bien réglé.

Une notion est adéquate quand le calcul me permet de la résoudre en ses éléments.

D'où lanécessité d'élaborer un langage scientifique rigoureux, de définir un ensemble de signes avec les règles.

de leuremploi.

Symbolisations rigoureuses, analyses exhaustives, examen des « compatibilités », voilà les instruments d'unedémonstration rigoureuse.

Au volontarisme ascétique de Descartes, Leibniz oppose son paralogisme.. »

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