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L'échange est-il au principe du social ?

Publié le 01/03/2009

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Au sens général, le terme « échange « s'applique à tout mouvement d'intention réciproque entre deux parties. En économie, on appelle « échange « les différents modes de transferts de biens et de services exécutés en contrepartie et en équivalence les uns des autres.  L'échange économique n'est pas un phénomène universel. Il n'intervient pas entre les membres des communautés produisant pour elles-mêmes et au sein desquelles les rapports de production se confondent avec des rapports de dépendance personnelle. Son apparition et sa généralisation s'accompagnent de la dissolution de ces rapports de personnes et de la mise en place de nouveaux rapports sociaux et juridiques indispensables à son développement : division du travail, contrat, propriété. Les échanges atteignent leur plein développement dans la société capitaliste, où la totalité des biens produits leur sont destinés. Aussi, il semble qu’il est impossible de concevoir une société qui serait sans échange, mais suffit-il à fonder la société ? N’est-il pas réducteur de réduire les rapports humains à de simples échanges que ce soit entre personnes ou d’objets ?

  • 1) L’échange au fondement du lien social : l’échange.

  • 2) L’échange , fondement du lien social ?  

  • 3) Quel fondement réel de la société ?

« Dans l'échange politique, chacun, en se donnant à tous, ne se donne à personne et gagne l'équivalent de tout cequ'il perd, puisqu'il n'y a pas de contractant sur lequel il n'acquière le même droit que celui qu'il cède.

L'aliénation faitle passage de l'état de nature à l'état de société.

Comme tel, il ne désigne pas un événement repérable dansl'histoire, mais l'instauration même d'une histoire sensée, l'entrée en institution.

Il est également remarquable que leconcept d'aliénation reçoive encore un sens à dominante positive.

Certes l'aliénation est une perte, mais dansl'échange cette perte est compensée ; bien plus, si l'échange entre des choses est un échange égal, l'échange dela liberté sauvage contre la liberté civile est une novation ; l'aliénation crée quelque chose, puisqu'elle instaurel'humanité dans son statut civil.

Dans le grand mélange de sens auquel le terme donnera lieu plus tard, cettefécondité de l'aliénation- contrat sera récupérée à un autre niveau ; peut-être toute plainte contre l'aliénation, ausens de déperdition d'être, est-elle porteuse d'une conviction, de l'espérance que quelque chose se gagne enéchange de ce qui se perd, que quelque chose se fait à travers ce qui se défait.

Cette conviction elle-même trouveune certaine base dans les aspects subjectifs de l'aliénation- vente et de l'aliénation- contrat ; la vente etl'échange, et a fortiori la cession d'un droit naturel, d'une liberté sauvage, affectent la volonté d'une certaine perteressentie comme telle : un sacrifice d'intérêt ou de jouissance, c'est-à-dire un affect négatif, est échangé contreun affect positif.

Ce jeu affectif de perdre et d'acquérir marque le passage possible entre les aspects extérieurs del'échange chose contre chose et la conscience de soi impliquée dans l'abandon et le renoncement.

Pour Hobbes,dans le Leviathan , Ce que chaque contractant cède n'est plus une chose, mais un droit naturel, c'est-à-dire pour Hobbes une liberté originelle qui engendre la guerre et l'insécurité.

En échange de cette liberté sauvage et mortelle,l'individu reçoit la paix et la sécurité, donc un bien pour lui.

On comprend par là que l'échange est un donnéefondamentale de la vie humaine qui loin de libérer oblige à aliéner une partie de sa liberté.

Malgré leur diversité, lesdoctrines du contrat social se proposent toutes de trouver dans l'individu le fondement de la société, de l'État, ousimplement de l'autorité politique.

3) Quel fondement réel de la société ? Penser l'échange au fondement de la société, c'est penser qu'il puisse y avoir un élément au fondement de lasociété, n'est-ce pas une pétition de principe puisque les hommes ont toujours vécu en société, et que le vivreensemble, de la tribu primitive à la société la plus avancée repose sur l'échange.

Le mystère que représente l'unitédu social a été exposé par Cornélius Castoriadis dans L'Institution imaginaire de la société. « Qu'est-ce qui fait, se demande-t-il, que la société « tient ensemble », que les règles (juridiques ou morales) qui ordonnent lecomportement des adultes sont cohérentes avec les motivations de ceux-ci, qu'elles sont non seulementcompatibles, mais profondément et mystérieusement apparentées au mode de travail et de production, que toutcela à son tour correspond à la structure familiale, au mode d'allaitement, de sevrage, d'éducation des enfants.

Ilfaut pourtant prendre acte de cette aporie : la société n'est pas le produit d'un contrat entre des sujets existantantérieurement à celui-ci, et cependant la société implique ce contrat - jamais passé, toujours déjà là - par quoielle advient.

Ce qu'énonce la mise en scène du contrat, c'est que le corps social (c'est-à-dire le corps politique)naît d'un acte virtuel qui n'est pas un événement historique : le pacte de chacun avec tous, qui constitue le peuplecomme peuple ; acte fondateur que nulle dialectique économique, nulle logique des intérêts ou des besoins ne peutengendrer.

Pour Rousseau, ce pacte est un pacte de réciprocité sans transcendance, car toute souverainetéérigée en transcendance séparée du corps social est détournement du pacte ou, plus précisément, soninachèvement.

On peut penser qu'il y a là une illusion : celle de la possibilité d'une transparence du social dans uneréciprocité intégrale.

Société des dieux, non des hommes.

Freud nous montrera que le pacte implique un préalable,le meurtre du père, et que toute société est vouée à payer l'insolvable dette de ce meurtre où elle s'est engendrée.Elle est redevable à la nature de cet acte par lequel s'est engendré le symbolique, qui n'est pas la réciprocité entreles sujets, mais une réciprocité qui renvoie à un autre d'où elle tire sa possibilité.

Ce meurtre du père, c'estl'affirmation d'une division originaire et de l'impossibilité d'une suture.

Il est peut être illusoire de penser quelquechose qui soit au principe de la société, une origine qui soit finalement mythique.

On ne peut dès lors assigner unprincipe à la société qui est toujours déjà là.

Conclusion.

L'échange sans être en lui-même au principe du social est un fait fondamental des sociétés il est ce qui différenciel'homme de l'animal, ce qui entretient les liens entre les hommes.

Des hommes qui commercent entre eux ne se fontpas la guerre , on peut dès lors comme on l'a fait décrire les échanges sociaux, économiques , politiques et chercheren vain une origine du fait social qui est l'échange, et par là même le fondement de la société.

Le principe de lasociété est dès lors imaginaire, mythique, acte qui concrétise l'imaginaire des sociétés.

Aussi, des événementshistoriques réels sont certainement de meilleurs ressources pour fonder des sociétés et des nations.. »

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