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Le travail est-il libérateur ?

Publié le 13/07/2009

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Le travail nous impose de multiples contraintes. Il limite notre "temps libre" et exige souvent de nous des efforts que nous ne consentirions pas à faire de notre plein gré. Comment donc pourrait-il constituer un facteur de liberté ? Est libérateur ce qui délivre d'une contrainte ou d'une aliénation. Quelle est donc la nature de ce danger, de cette soumission dont devrait nous libérer le travail ? Qui joue le rôle de prisonnier ? L'Humanité ? L'homme en tant qu'individu ? Comment concilier la liberté avec une notion aussi longtemps et souvent dépréciée que celle du travail ?
Le travail n'a-t-il pas permis à l'espèce humaine de s'éloigner de son animalité originaire ? En transformant la nature, l'homme n'accède-t-il pas à une certaine reconnaissance de soi dans un monde miroir de lui-même ? De plus, la production par le travail n'offre-t-elle pas la possibilité de surmonter l'angoisse de la mort ?
Mais, si le travail semble libérateur dans son essence, n'a-t-il pas revêtu, au cours de l'Histoire, des formes concrêtes aliénantes: esclavage, servage, salariat ?

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« Celle-ci suppose d'ailleurs que l'homme soit initialement prisonnier.

Cet état de fait parait déjà discutable ensoi puisqu'il inclut une conception assez pessimiste et réductrice de la vie comme une « cage ».L'homme, nous l'avons précédemment évoqué, est soumis aux contraintes de la nature.

Mais plus largement, n'estce pas par sa condition même d'humain que l'Homme est réduit au rang d'esclave ? Cette condition est intimementrattachée à la nécessité et à la contrainte.

Notre statut d'Homme veut que la nécessité de subvenir a nos besoinsprimaires_ manger, boire_ nous pousse à travailler et à échapper aux contraintes que nous impose la nature par satendance au déclin et notre nature biologique.

Si le travail était supposé nous libérer ne devrait-il pas le faire ennous élevant au dessus de cette condition ?Or, selon Hegel puis Marx, le travail est l'essence même de l'homme, c'est dont une expression de sa conditionhumaine.

Dès lors, faisant partie intégrante de l'homme et de sa condition, comment pourrait-il nous en libérer sansse nier lui-même ?Le travail nous dégage de la menace de l'extinction en nous donnant les moyens de subsister ; il nous éloigne doncdu péril de la mort.

Le propos de Michel Foucault dans Les mots et les choses propose une autre lecture de cet état de fait.

Selon lui, le travail est apparu au XVIII siècle après que la rareté ait obligé l'homme à choisir entre travaillerpour produire ce dont il manque ou mourir.

Ayant choisi le travail, l'homme semble s'être protégé mais ce choix ne luiaccorde évidemment qu'un sursis et l'entraîne dans un engrenage sans fin.

La rareté est causée par l'augmentationde la population qui doit travailler plus pour subvenir aux besoins de tous ; ce fait, il en résulte une abondancerelative qui engendre de nouveau une augmentation de la population.

Plus l'homme travaille, plus il doit travailler.L'homme est donc condamné à se donner toujours plus de peine pour retarder une échéances à laquelle il arriverapourtant tôt ou tard.

Le travail ne donne qu'une liberté illusoire vis-à-vis de la mort et de plus enferme l'hommedans une spirale sans fin.

Il est donc complexe de définir de quoi le travail pourrait nous libérer.

Mais ne peut-on pas considérer une prison qui soit d'une autre nature que la mort ou la conditionhumaine et imaginer par exemple que l'homme puisse être son propre geôlier ? Et concevoir le travail commelibérateur de l'humanité que l'on garde enfermée en nous et qui ne peut se déployer que par le biais de celui-ci ?Marx proclame de manière assez provocatrice que ce n'est pas Dieu qui nous crée mais le travail et que c'est aussilui et non pas la raison qui nous distingue de l'animal.

Le travail permet de combattre notre animalité et de laissers'épanouir l'humanité potentielle que nous détenons.

Le travail nous « crée » c'est-à-dire qu'il nous rend humain enlibérant cette humanité que nous gardions prisonnière et qui va dès lors pouvoir s'exprimer dans les objets que noustravaillons, dans la nature que nous transformons.Ainsi, le travail libérateur est concevable, délivrant l'humanité de l'homme originellement animal.

Est-il pour autantpossible ?La notion de liberté et celle de travail semblent en effet s'opposer sur bien des points.

Le travail est aujourd'hui glorifié parfois même porté au rang de valeur.

La devise du gouvernement deVichy pendant la Secondes guerre mondiale en est une illustration : Travail, Famille, Patrie.

Si celle-ci n'est plusd'actualité, le travail figure encore dans la devise de nombreux pays comme le Bénin ou le Gabon.

Mais il n'en fut pas toujours ainsi.

Longtemps, le travail fut dévalorisé, associé à la contrainte et à la peine.L'étymologie même du mot vient du latin tripallium qui désignait un instrument de torture.

Dans cette continuité, ladéfinition la plus courante de travailler est « se donner de la peine à faire quelque chose ».

L'étymologie du motest étudiée par Hannah Arendt qui en arrive à ce constat : dans toutes les langues européennes on trouve deuxmots qui sont souvent pris pour synonymes mais qui marquent une distinction du travail et de l'œuvre, cettedernière n'étant pas péjorativement connotée.

Le travail, lui, n'a longtemps désigné que l'accouchement et étaitdonc associé à la douleur.

Mais reprenant cette distinction entre œuvre et travail désormais oubliée, H.

Arendt meten évidence que l'homo faber qui « œuvre » connaît une valorisation que l'homo laborans qui travaille ne connaîtpas.

N'est ce donc pas une forme particulière de travail plutôt que le travail lui-même qui est associé à la peine et àla douleur ?Une confirmation possible de cela se retrouve dans la connotation catholique du travail.

Lorsque Dieu chasse Adamet Eve du Paradis pour avoir touché au fruit défendu, il condamne Adam à « gagner son pain à la sueur de sonfront ».

De cette place de punition que le travail a dans la tradition Judéo-chrétienne, se déduirait aisément notrevision du travail comme d'une contrainte.

Mais encore une fois est ce le travail qui constitue la punition ou uneforme pénible de travail comme l'indique l'expression « à la sueur de ton front » ?Allant un peu plus loin dans l'histoire du catholicisme, on note que les 7 péchés capitaux fixées par Thomas d'Aquinau XIIIe contiennent le péché de paresse.

Si la paresse est à bannir des comportements humains, ne serait-ce pascontradictoire que l'épisode biblique de la chute d'Adam et Eve condamne le travail ?Tout laisse plutôt à penser que ce qui est condamné, dévalorisé est une forme pénible et contraignante et non. »

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