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Le travail est-il contre nature ?

Publié le 11/03/2009

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travail

  • Analyse du sujet

 

·         Eléments de définition

 

 Travail = Du latin populaire tripalium, appareil servant à mobiliser les grands animaux ; terme donnant l’idée d’un assujettissement pénible.

1)      L’activité ayant pour but de produire ou de contribuer à produire quelque chose d’utile, dans l’ordre pratique comme dans l’ordre théorique. La situation de la personne qui se livre à cette activité de façon suivie. L’ouvrage auquel s’applique cette activité.

-          Locke, Traité du gouvernement civil, § 27 à 33 + §43.

-          Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.

-          Kant, Réflexion sur l’éducation.

-          Canguilhem, Etudes d’histoire et de philosophie des sciences.

-          Hegel, Principes de la philosophie du droit, §196 à 198

2)      L’activité économique, productrice d’utilité sociale. L’activité professionnelle, socialement réglementée.

-          Rousseau, Discours sur l’économie politique.

-          Hegel, Principes de la philosophie du droit, §243.

-          Marx, Travail salarié et capital.

3)      Production d’un effet par une cause agissant de façon continue et progressive. Plus spécialement, en physique : le produit d’une force par le déplacement de son point d’application.

-          Cournot, Critique philosophique.

 

                                     Nature = Le terme signifie ici « nature humaine «, c’est-à-dire essence de l’homme ou ensemble des caractères propres à l’être humain en général, qui indépendamment des déterminations contingentes (individuelles, sociales et culturelles) permettraient de donner une définition de l’homme.

 

·         Angles d’analyse

 

 Le travail est d’abord et avant tout conçu comme une nécessité et une contrainte à laquelle il nous semble impossible d’échapper si l’on veut survivre. De sorte qu’on a tendance à affirmer qu’il est contre-nature. Dire qu’il est contre-nature, c’est, a fortiori, affirmer qu’il ne continent pas, en lui-même et par lui-même, les conditions de notre épanouissement tant personnel que collectif.

 Or, c’est précisément ce qu’il faut interroger. Nous ne travaillons, il est vrai, plus seulement pour survivre, c’est-à-dire pour assurer nos simples besoins vitaux ; nous travaillons pour et à mieux vivre. C’est bien que quelque chose dans le travail dépasse la simple contrainte anti naturelle.

 Ce qui est en jeu ici, au fond, c’est l’essence, la nature même du travail. C’est donc bien la valeur du travail qui est ici mise à la question : n’est-il qu’une nécessité ou bien aussi un droit ?

 

  • Problématique

 

Peut-on légitimement affirmer, à partir du sentiment premier de contrainte et de nécessité, que le travail est contre nature, c’est-à-dire qu’il nie la part d’humanité dans l’homme qui l’exerce ? Mais alors qu’elle est donc notre nature ? Ne faut-il pas plutôt reconnaître au travail des vertus telles qu’il apparaisse comme une condition de possibilité d’actualisation de nos propres facultés, et a fortiori de notre propre nature ?

C’est donc bien l’essence du travail elle-même qui est ici mise à la question.

travail

« c'est d'abord aliéner sa liberté au service de la matière ou d'autrui, alors que sa naturedevrait porter l'homme à s'en affranchir pour commander à l'une ou à l'autre. · Pensée au demeurant partagée par la Bible et la tradition judéo-chrétienne dont on sait qu'elles ont considéré le travail comme une malédiction divine consécutive à latransgression originelle (Genèse, 3, 19). · L'origine du mot signifiait en outre primitivement instrument de torture, trahit bien cette répugnance que la révolution industrielle, dans ses aspects les plus pénibles, n'acertes pas contribué à dissiper. · La négativité attachée à la notion de travail tend donc à en faire le signe de l'animalité en l'homme, c'est-à-dire subissant les contraintes de la nature comme n'importequel être vivant, (et donc proche d'une animalité primitive).

Comprenons alors que le travailapparaît comme contre-nature au sens où il est apparaît comme ce qui ne saurait révélé lavraie nature de l'homme en l'empêtrant dans l'immédiateté sensible du besoin vital etanimal. · D'ailleurs, nous pouvons, avec Rousseau , noter que « l'homme est naturellement paresseux », et que c'est encore « la paresse qui lerend laborieux ».

Le fait, en effet, que l'homme netravaille que par contrainte, parce que le mondedans lequel il évolue ne lui laisse pas le choix, et qu'ilne le fait qu'en vue d'avoir la paix, montrent à quelpoint le travail est contre-nature : c'est-à-direcontre la nature paresseuse de l'homme : « Il estinconcevable à quel point l'homme est naturellementparesseux.

On dirait qu'il ne vit que pour dormir,végéter, rester immobile ; à peine peut-il serésoudre à se donner les mouvements nécessairespour s'empêcher de mourir de faim.

Rien ne maintienttant les sauvages dans l'amour de leur état quecette délicieuse indolence.

Les passions qui rendentl'homme inquiet, prévoyant, actif, ne naissent quedans la société.

Ne rien faire est la première et laplus forte passion de l'homme après celle de seconserver.

Si l'on y regardait bien, l'on verrait que,même parmi nous, c'est pour parvenir au repos quechacun travaille : c'est encore la paresse qui nousrend laborieux » (Essais sur l'origine des langues, ch.IX, note 17). II- Le travail comme propre de l'homme · Le travail n'est-il pas, au contraire, le propre de l'homme? N'est-il pas alors permis de considérer le travail comme ce qui est spécifiquement humain (contrairement à l'analysede H.

Arendt) et même ce par quoi même l'Homme produit son humanité? On notera en cesens, avec Marx, que le travail est le résultat d'un projet conscient et volontaire alors quel'activité animale est instinctive; et avec Hegel, qu'il arrache l'homme à son existenceimmédiate, en lui imposant la méditation du temps (il faut différer la satisfaction desbesoins, attendre que les récoltes poussent...) et aussi celle de l'outil.

Le travail est alorsnon seulement le moyen d'une maîtrise de la nature, qu'il adapte aux besoins humains, maisil est aussi, comme le dit Hegel, celui d'une extériorisation, d'un objectivation de soi: dansla nature maîtrisée, l'Homme se reconnaît et s'affirme. · Observons d'abord que le travail n'est pas une nécessité naturelle : les animaux, au sens rigoureux du terme, ne travaillent pas.

Le travail n'est chez l'homme jamais uneaffaire privée, lors même qu'il serait effectué dans la plus grande des solitudes, il engage lasociété tout entière.

Pas de travail, en effet, sans organisation du travail, donc sanssystème de règles et de lois. · Mais dire que le travail est un droit ne signifie pas seulement qu'il fasse partie du droit : c'est affirmer que tout homme a droit au travail comme à l'expression de sa libertéd'homme.

Puisque la vie dépend de la satisfaction des besoins et celle-ci ne peut êtreassurée que grâce au travail, le droit au travail apparaît comme aussi élémentaire que laliberté d'expression. · Mais si le travail est une nécessité, comment expliquer qu'il puisse être également un droit ? Un droit n'existe qu'au-delà de l'évidence naturelle : on ne dira pas, par exemple,que le sommeil est un droit.

En fait, le droit au travail est apparu comme concept au siècledernier, à la faveur des premières grandes crises économiques de l'âge industriel.

Avec cescrises, le chômage de masse qui s'ensuivit, le travail n'apparut plus comme une donnée siévidente. · S'il y a contradiction entre droit et nécessité, elle n'est pas exclusive.

Le travail est à la fois un droit et une nécessité.

En réalité, c'est par le travail comme première nécessitéque l'homme s'affranchit de la simple nécessité de vivre : en effet, le travail est libération.. »

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