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Le travail déshumanise-t-il ?

Publié le 17/07/2009

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travail

Travailler pour le seul argent ? pour le seul profit ? À la réflexion, cette position paraît bien réductrice, et bien partielle. Elle ne prend nullement en compte les données de l'anthropologie, la signification du travail dans l'élaboration de la personnalité humaine. En vérité, on ne saurait travailler pour le seul profit ; au contraire, peut-être bien nous faut-il travailler... pour travailler, c'est-à-dire pour nous édifier véritablement. Ici, le travail acquiert une autre signification : il devient une construction de formes signifiantes, une édification de nous-mêmes : une genèse de la personnalité.  L'homme ne saurait se contenter de travailler en vue du seul gain. Qu'est-ce qui, en effet, le rend véritablement heureux ? C'est la contemplation objective de lui-même dans le monde. Quand l'homme aperçoit, dans les choses objectives, sa propre conscience extériorisée, il expérimente une forme de liberté qui l'arrache à son immédiateté biologique. Il accède à la véritable humanité. L'homme est, en effet, un être pensant. Or, en travaillant et en changeant les choses extérieures, il retrouve sa pensée dans le monde. Il ôte aux choses leur caractère farouchement étranger et les marque du sceau de la pensée. Travailler pour le seul gain ? Non point, mais pour contempler la pensée inscrite dans les choses. C'est ce que Hegel nous a magnifiquement montré, en particulier dans La Phénoménologie de l'Esprit. L'homme, en transformant la nature et les choses, se construit et se réalise lui-même. Il façonne la nature à son image et accède ainsi à la liberté. Dès lors, travaille-t-il en vue du seul gain ? Non point, mais pour se retrouver libre, dans un réel, qui le reflète. C'est par le travail que l'homme se réalise en tant qu'homme et se définit : il est la structure même de la réalité humaine, non point un accident qui se surajoute à elle.

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