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Le souci du bonheur est-il étranger à la conscience morale ?

Publié le 12/01/2010

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Nul ne peut ignorer que si l'on peut opposer bonheur et conscience morale, c'est parce que la philosophie kantienne a donné l'expression la plus connue d'une sorte d'irréductibilité entre la visée du bonheur et la visée du devoir moral.  Kant établit une distinction de nature, ici, qui s'efforce de préserver le caractère obligatoire du devoir d'une part et, d'autre part, la possibilité d'une universalité. Il n'y a pas de passage, chez Kant, entre l'ordre de la sensibilité et l'ordre de la raison. La recherche du bonheur est sans rapport avec la vie morale.

 Nous avons rappelé sommairement ces données, non que le développement doive être l'exposé de doctrines philosophiques, mais il est impossible de rédiger une dissertation, même sur le ton le plus personnel, sans connaître les difficultés de la question posée.    PLAN PROPOSÉ    Introduction. — Les deux pôles de la vie morale : Austérité et souci du bonheur humain.  Première partie.  — Le bonheur comme état de repos.  — Le thème de la fragilité du bonheur.  Deuxième partie.  — Bonheur et naturel.  — Tendances, désir, plaisir. — Bonheur et vie personnelle.  Troisième partie.  — Bonheur et liberté. — Bonheur et volonté. — Bonheur et générosité.  Conclusion. — Il faut jurer d'être heureux (Alain).

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« quand on a faim, se désaltérer quand on a soif.Le jeu spontané de nos tendances donne expérience de jouissance, dans les conditions du besoin.

Celui-ci estmanifestation de notre nature, il est ressenti comme manque, il exige satisfaction, par laquelle disparaît, du moinsmomentanément, la poussée du désir.

Ainsi l'être va d'un obscur désir à l'expérience du plaisir, et le désir alorsdevient visée de plaisir, et procure cet étrange état d'un désir qui contient la nostalgie du plaisir qui l'a fait naître eten même temps l'insatisfaction, c'est-à-dire une sorte de souffrance, au cas où les objets du désir viennent àmanquer.

Le désir et le plaisir sont des phénomènes affectifs immédiats qui nous tournent vers le monde extérieur,et c'est de celui-ci que dépendent leurs tonalités affectives.

Nous sommes jetés dans le temps.La différence est ici que le plaisir est soumis à une loi de discontinuité, par laquelle se marque une dépendance, etcela conduit certains moralistes à souligner que le plaisir et le désir interviennent pour rompre la continuité d'un étatde bonheur qui ne peut être alors considéré que comme absence de souffrance.

La morale épicurienne, par exemple,par souci d'un plaisir qui ne serait pas entaché de souffrance, recommande vigilance, une sorte d'ascétisme danslequel les seuls plaisirs durables sont ceux qui n'ont pas d'objet qui puisse venir à manquer, l'amitié par exemple.

Deplaisir à bonheur, il y a opposition, comme du discontinu au continu.

Le souci du bonheur est exigence de continuité.Continuité mais non pas état.

Car continuité ne signifie pas immobilité, mais plutôt une sorte d'identité dans lechangement.

C'est assez dire que le bonheur est un souci.

Il élimine toute facilité de sa visée.

Le bonheur ne peutêtre donné, car il n'est ni dans les choses ni dans les êtres.

Il n'est pas pensable que nous subissions passivementnotre propre bonheur ; il n'est tel que s'il est sans cesse à réassurer, à reconquérir.

Parce qu'il est, à la fois, fait etvirtualité, une tension de l'être, n'est-il pas l'un des ressorts naturel de la conscience morale qui s'élabore ?Le souci du bonheur porte à une évaluation des plaisirs et des désirs.

Nous apprenons à faire la distinction entre noscaprices comme visée immédiate et facile, d'un objet immédiatement perceptible capable de satisfaire dans l'instantet partiellement nos tendances, et le désir de bonheur qui lui, trouve sa référence dans la personnalité tout entière.Il peut donc alors se produire une divergence entre la visée immédiate du désir et la visée continue, toujours à longterme, du bonheur.

Le souci du bonheur est précisément cette réflexion à longue échéance sur les conditions denotre continuité personnelle, de notre identité de nous-mêmes à nous-mêmes à travers le temps, et de notre unitéintérieure.

Identité et continuité sont toujours menacées en ce sens que nous évoluons, mais évoluer c'estprécisément assurer une transformation sans rupture,à laquelle est liée l'idée d'un enrichissement, d'un progrès.Le souci du bonheur nous suggère que nous avons sans cesse à accomplir un effort, qui est d'abord celui de noschoix, celui de nos projets et de nos renoncements.

Si nous renonçons à un caprice, c'est qu'il ne représente riend'essentiel et qu'à la réflexion il n'est pas fécond.

Au contraire si, même jugé d'abord comme caprice, la réflexion levalorise, il impose une remise en question de la connaissance de nous-mêmes et une réévaluation de soi.

Le soucidu bonheur nous oblige toujours à en revenir à l'essentiel.

Il est un repensement de notre liberté.Nous aurions rencontré sur l'idée de liberté les mêmes difficultés que sur le bonheur.

Certains ont l'illusion d'attendreleur liberté de l'oisiveté, ou d'une absence de contraintes.

Certains ont l'illusion de rencontrer leur liberté dans lafacilité du caprice.

Saint-Exupéry dit quelque part que la liberté n'est pas un cadeau, qu'elle ne peut être donnée àpersonne.Dire que le souci du bonheur est repensement de notre liberté, c'est admettre que passera au premier plan leproblème de l'acte volontaire qui est essentiel à la conscience morale.

On peut dire qu'être heureux c'est faire ceque l'on veut, à condition d'entendre que ce vouloir plein ne se minimise pas en envie ou en vague sollicitation.

Lavolonté est ce moment de l'action où nous nous saisissons nous-mêmes en tant que sujet, comme pleine présenceau monde, à travers une présence à l'acte que nous allons ou que nous sommes en train d'accomplir.

Ce qui signifieque nous sommes, dans cette action et dans le présent, engagés totalement, avec notre sensibilité, notreaffectivité, mais aussi la continuité de notre pensée, appuyée sur notre passé et se projetant dans l'avenir.

Ladescription d'un acte totalement volontaire ne serait-elle pas la description du bonheur ? Le souci du bonheur seconfond avec toutes les exigences de la personnalitéLa connaissance de soi, lorsqu'elle s'approfondit, découvre ce qui nous apparaît comme étant l'essentiel, c'est-à-dire ce qui, pour nous, devient valeur permanente.

De même que la réflexion sur la liberté nous oblige à donner uncontenu à cette liberté, de même, le souci du bonheur fournit à cette liberté même ses postulats et ses règles.

Onpeut alors se demander si le souci du bonheur est un souci égoïste, ou si, au contraire, il ne porte pas en lui uncaractère d'universalité.Le plaisir, avec son aspect d'immédiateté, a comme horizon le moi individuel.

Sur le plan de la personne, le souci dubonheur est une méditation volontaire dans laquelle autrui prend nécessairement place, car si nous nousconnaissons comme personnes et non pas seulement comme individus, nous nous pensons comme relation etcommunication avec autrui.

Ceci est à la fois de l'ordre de la sensibilité et de l'ordre de la raison.

Le sentiment dubonheur, lorsque nous l'éprouvons, devient une tendance supérieure, une sorte d'exaltation de l'être.

Descartesmarque fortement que la vraie générosité empêche de mépriser les autres, et plus encore porte d'un mouvementnaturel à vouloir le bien des autres hommes ; qu'elle ne peut pas se limiter à soi.La notion de bonheur a sans cesse besoin d'être approfondie ; ainsi devient-elle, non pas une étrangère à laconscience morale, mais le lieu sensible et raisonnable où la vie morale poursuit son débat, et, en vérité, se vit.Alain dit dans ses Propos sur le Bonheur qu'il faut jurer d'être heureux.

Serment fait à soi-mêmes et à autrui, quicontient dans ses exigences et dans sa discipline de liberté, les aspects essentiels de la vie morale.

Dire que noussommes responsables de nous-mêmes, c'est dire que nous avons la charge de notre bonheur, et du même coup quenous prenons en charge notre humanité en nous-mêmes comme en autrui.

Le bonheur va toujours dans le sensd'une solitude vaincue.. »

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