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Le présent n'est-il qu'un moment de l'existence ?

Publié le 21/10/2010

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On reconnaît communément à l'homme ce privilège particulier, dans le règne du vivant, d'avoir conscience des trois sphères temporelles : passé, présent et avenir. C'est justement cette particularité, sur laquelle insistèrent les « philosophes de l'existence « (Kierkegaard, Heidegger, Sartre), qui permit à ce mouvement philosophique (la pensée de l'existence) de distinguer l' « existence « – proprement humaine puisque seul l'homme a conscience du temps – de la « vie « qui caractérise le règne animal et végétal.

Cependant, bien que l'évocation du temps passé est l'indice, chez l'homme, de sa conscience et de sa mémoire et que l'évocation du temps à venir prouve sa capacité à appréhender, spéculer et anticiper le futur, il n'en va de même pour le présent.

 

« Cependant Heidegger ne cherche pas, en tant que tel, à analyser le moment présent dans l'existence humaine.

Ilconsidère – c'est le sens et la portée de sa pensée spécifique – l'existant à la fois comme « être-jeté-là » (un êtrequi n'a pas choisi de naître au monde et qui est donc privé d'emblée du sens et de la connaissance de ses origines)et comme « être-en-projet ».

Le « Dasein » (c'est ainsi qu'il nomme tous les « être-là » que nous sommes) est doncun « projet-jeté », c'est-à-dire que le moment présent de l'homme porte fondamentalement cette double position : ilne se souvient pas de son origine, il ne l'a pas choisie (il est « jeté-là », jeté au monde), et il cherche toujours déjàà se connaître et à comprendre le monde qui l'entoure (« projet », ou « préoccupé »). Nous pourrions donc conclure que le présent est, pour Heidegger, la cristallisation d'un passé oublié et d'un avenirincertain.

En tant que tel le présent n'existe pas vraiment dans le sens heideggérien de la « temporalité propre duDasein ».Mais le présent est une sphère temporelle qui va beaucoup plus intéresser le penseur danois Kierkegaard, dans le cadre d'une pensée qui donne la primauté à l'individu concret.

Cette pensée, toute emprunte d'une réflexion sur les différentes étapes qui caractérisent l'existence concrète et singulière (chaque individu pris dans sa spécificité), nous donne à penser la foi comme le moteur du dernier « stade » (le plus profond et véritable selon l'auteur. Cf.

Étapes sur le chemin de la vie ) de l'existence. Si l'homme, dans les deux premiers stades (esthétique, éthique), ne conçoit le présent comme un moment de l'existence, c'est bien dans le dernier – dans le « saut absolu dans la foi » – qu'il comprend la nature véritable de l' « instant présent ».

C'est un véritable « atome d'éternité », nous dit Kierkegaard.

Selon l'auteur, en effet, l'homme est « synthèse de temporel et d'éternel portée par l'esprit ».

Or, l'esprit fait apparaître la « nature sensible [comme] pénétrée par la culpabilité, le péché ; il met en contact l'éternité dans l' instant », lequel n'est pas à proprement parler l'atome du temps, mais l'atome de l'éternité, le premier reflet de l'éternité dans le temps et pour ainsi dire sa première tentative de l'arrêter » (cf. La Reprise ). Avec Kierkegaard, donc, il n'y a pas de moment (forme vulgaire et commune de la compréhension de la temporalité)mais des instants présents, véritables révélateurs, pour un esprit éclairé par la véritable foi en Dieu, de l'éternité àlaquelle l'esprit de l'homme est convié ou, selon le degré de ses péchés, châtié (la culpabilité infinie !).

L'instantprésent est donc bien plus qu'un moment dans l'existence humaine, il est plutôt, à en croire le danois, une possibilitéofferte à l'esprit humain de s'engager dans la foi envers Dieu, le destin, l'avenir. Conclusion Le moment présent, parce qu'il est le propre d'une conscience humaine, est justement la possibilité offerte àl'homme de se saisir comme existant et donc d'affirmer la vérité de soi et du monde et ainsi, à la manière deDescartes, de s'engager dans la recherche des vérités à l'aide de celle-ci, première et indubitable.Mais l'analyse du présent, dans sa dimension profondément « existentielle », nous permet de dégager bien plusde cette sphère que l'idée simple et tronquée d'un « moment dans l'existence ».

Cet instant présent estl'occasion d'une saisie de son rapport fondamental au monde, au temps et suprêmement à l'Être (Heidegger),mais également le reflet d'une existence ambivalente, à la fois en prise à la finitude d'un temps terrestre limitéet investie par l'éternité spirituelle que seule la foi peut révéler à l'individu que je suis.. »

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