Le pouvoir est-il corrupteur ?

« corrompu montrent en fait qu'ils considèrent le pouvoir comme essentiellement corrupteur .

C'est parce que le chef est toujours susceptible de devenir un tyran qu'il faut tant de précaution.

Mais toutes ces mesures de sécurité afinde garantir la liberté du peuple et la légitimité du pouvoir sont extérieures, elles ne visent pas à faire que le pouvoirne soit plus corrupteur en lui-même, mais à trouver des moyens pour que le pouvoir corrupteur ne corrompe pasl'Etat tout entier.

Mais alors, pourquoi le pouvoir est-il corrupteur ? III.

Le pouvoir tend à être corrupteur parce qu'il est toujours conventionnel et se donne néanmoins pournaturel A.

le pouvoir est « conventionnel », cela veut dire qu'il est décidé, que le chef n'est pas chef par nature, que le pouvoir du juge, du policier, du député, et même le pouvoir du père sur ses enfants n'est qu'un pouvoir établi parcertaines règles, codes, lois.

Ce n'est pas par nature que tel homme a le pouvoir, mais par sa fonction, et par le faitque cette fonction est reconnue à un certain moment comme étant porteuse de pouvoir.

Or, le pouvoir, pour avoirune véritable force se fait passer pour un pouvoir naturel, c'est-à-dire un pouvoir que la personne ne pourrait pasne pas avoir.

Cela est valable aussi bien sur le plan politique que sur un plan plus existentiel : l'adolescence, n'est-ce pas le moment où celui qui enfant croyait que le pouvoir de ses parents sur lui était naturel et nécessaire, prendconscience que ce pouvoir n'existe que parce qu'il accepte de le reconnaître ?B.

dans cette perspective, on pourrait dire que le pouvoir est corrupteur parce qu'il doit se faire passer pour naturel afin de gagner en force, et que par là même, celui qui l'exerce oublie qu'il n'est que conventionnel.

Discours sur la condition des Grands , de Pascal : il raconte une histoire afin de faire comprendre aux Grands (aux nobles, aux puissants) quelle est la véritable nature de leur condition.

Un homme s'était perdu en mer, et arrive sur une île, or,les habitants de cette île ont égaré leur roi, et comme le naufragé ressemble au roi, les habitants le prennent pourlui.

Le naufragé ne sait que faire, mais finit par accepter de se laisser traiter comme un roi, tout en sachant trèsbien au fond de lui que ce n'est que par hasard qu'il est roi, et que le royaume ne lui appartient pas vraiment.

Sonpouvoir n'a donc rien de naturel.

L'homme a ce que Pascal appelle une « double pensée », la première est celle selonlaquelle il agit envers ses sujets (il est roi), mais la seconde, qu'il garde pour lui, lui rappelle qu'il n'est roi que parhasard.

Ce que Pascal veut montrer, c'est que tous les pouvoirs sont toujours comme celui-là, ils naissent duhasard, ce sont des accidents et non des pouvoirs naturelsC.

le pouvoir devient corrupteur lorsque 1° celui qui l'exerce oublie que ce n'est qu'un pouvoir emprunté et en aucun cas un pouvoir naturel.

Il ne doit donc pas oublier sa nature vraie, et il ne doit pas abuser de ce pouvoircomme s'il relevait de son mérite personnel.

2° lorsque ceux qui lui obéissent ne se rendent pas compte que c'est unpouvoir conventionnel : ils ne doivent pas lui accorder de reconnaissance extrême, ni ne pas lui reconnaître ce qu'ilmérite.

Il est donc aussi inapproprié de vouloir estimer un prince (car il n'a rien fait pour être prince) que de refuserde lui reconnaître ce qui est dû à son rang : s'il est dit qu'il faut se mettre à genoux devant le roi, il faut vraiment lefaire, mais tout en sachant que c'est la fonction qu'on estime, et non l'homme.

On peut l'estimer en plus, mais cesera pour ses qualités personnelles.

Conclusion En conclusion, on peut dire que le pouvoir n'est pas corrupteur par nature, mais que néanmoins, si le pouvoir atendance à être corrupteur, c'est-à-dire à altérer aussi bien la nature de celui qui l'exerce que de celui qui s'ysoumet, c'est parce que le pouvoir se présente toujours comme naturel, alors qu'il n'est que conventionnel : il faitoublier la vraie nature du sujet.

Pour que le pouvoir ne corrompe pas, il faut d'une part un cadre politique qui limiteautant que possible cette corruption (par la séparation des pouvoirs et par le soucis de légitimité, de consentementpréalable), et d'autre part, il faut garder à l'esprit par une double pensée que le pouvoir n'est pas naturel, maisconventionnel.. »