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Le politique est-il en droit de faire abstraction de la morale ?

Publié le 22/03/2009

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droit

Le politique est-il en droit de faire abstraction de la morale ?

Bien définir les termes du sujet :

 

- « Le politique « : Le mot « politique « est utilisé au masculin, et non pas au féminin. Si la politique désigne la discussion toujours recommencée sur les choses communes à tous – et l’action qui en découle, elle a pour base le politique. Le politique désigne la conscience de l’existence d’un monde commun, d’une co-existence, d’un être ensemble. Le politique ne concerne donc pas l’exercice de la politique elle-même et toutes les actions qui en découlent, il ne concerne pas l’art de gouverner – cf. les discussions, les lois, les prises de décision, mais ce que supposent toutes ces actions. C’est le fond commun, ce qui permet de distinguer le politique du social, c’est ce qui concerne l’ensemble des citoyens et ce qui fait qu’ils vivent ensemble.

- « La morale « : contrairement à l’éthique, les principes devant régir l’action ne sont pas déterminés par le sujet individuellement, mais par un groupe qui les pose comme un ensemble de règles à suivre. Autrement dit, la morale constitue le code moral social, c’est l’ensemble des règles de conduite admises à une époque donnée dans un groupe ou une société donné.

- « Etre en droit de « : c’est ‘’avoir le droit de’’, c’est-à-dire avoir la possibilité, le pouvoir, l’autorisation, de faire d’ou accomplir quelque chose. C’est agir de façon légitime.

- « Faire abstraction de « : expression qui a pour synonyme ‘’ne pas rendre en compte’’ quelque chose, ici la morale.

 

Construction de la problématique.  

        

            Le sujet oppose deux domaines différents, le politique et la morale, et cherche à savoir s’ils peuvent exister l’un indépendamment de l’autre, voire même si dans certains cas ils s’opposent, se contredisent. Autrement dit, la réflexion semble ici avoir pour but de trouver les limites de l’intervention de chacun des domaines. Ces derniers disposent de leurs propres règles : le politique est régi par un certains types de lois, tandis que le domaine moral en est régi par d’autres.

         Se pose donc la question de savoir quelles sont les limites d’intervention du politique. En effet, chacun des deux domaines a ses propres règles, dans quelles mesures doivent-elles se prendre en compte l’une l’autre ?

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« ● C'est ce qu'explique Machiavel dans Le Prince.

Il met en avant deux caractéristiques : les hommes sontdes êtres individuels et autonomes qui ne vivent ensembles que si ils ont des lois qui les y oblige et qui règlent leursrapports.

Cette collection d'atomes individuels constitue le champ du politique, c'est un champ de forces.

L'Etat doitrassembler ces atomes individuels pour en faire une société ; mais les dissensions qui existent entre les individusmettent en péril la sauvegarde de l'Etat.

Le but du gouvernant, du Prince est donc de trouver tous les moyenspossibles pour sauvegarder l'Etat et donc l'ordre.

Cette manière de voir les choses et l'imprévisibilité structurelle dujeu politique implique que le pouvoir du prince soit celui d'une domination.

Machiavel donne donc quelques conseilsau prince pour lui permettre d'asseoir son pouvoir ; parmi eux, il indique qu'il est important de prendre en compte lecontexte politique, parce que c'est le seul moyen d'insérer une action politique qui soit cohérente et donc efficace.Autrement dit, la même action entreprise dans des contextes différents n'aboutira pas toujours au même résultat.Le but de toutes les actions est de sauvegarder l'Etat : lorsque viendra le moment de juger de la qualité du prince,les individus se réfèreront à son efficacité et sa capacité de maintenir la paix dans son empire et de le garder sonintégralité.

● En effet, le prince va être jugé selon son résultat, selon ses capacités à maintenir l'Etat en équilibre, etnon pas selon la douceur ou le charme de sa personne.

Le prince va être jugé d'après sa valeur à s'inscrire dans leschoses par son action.

On part donc de l'action pour juger des qualités, et cette action politique doit viser un ordrepolitique ; pour ce faire, elle doit s'imposer au cours des événements pour donner forme à la matière du réelpolitique.

Aucune considération extérieure ne doit venir entraver cette action, elle ne doit être politique, ne prendreen compte que des considérations politiques, et pas des considérations morales ou théologiques.

Machiavel prôneune a-moralité du politique ; cela signifie non pas que la politique doit être immorale, mais qu'elle n'a rien à voir avecla morale et qu'elle doit en être écartée.

Le politique est donc conçu pour lui-même, et ne doit pas être soumis à unidéal.

Etant donné ce que doit être l'action politique, les qualités du prince doivent être en décalage par rapport auxqualités qui définissent ordinairement l'humanité « il est nécessaire au prince de savoir bien pratiquer la bête etl'homme.

» XVIII.

Cela signifie que le politique requiert pour être dominé la loi (l'homme) et la force (la bête).

Il y a donc unedouble nature du prince mi-homme mi-bête : le prince est amoral, mais il doit cependant donner de lui une image àcoloration morale pour être bien vu de son peuple et de ses courtisans.

Il y a une amoralité du politique car le politique n'est que politique.

La question du juste ou du meilleur régimeperd de son sens, car elle implique une forme d'idéal qui préexisterait au réel politique.

L'action politique n'a donc pasde modèle.

III/ La raison d'Etat : Si le politique doit être absolument politique et ne pas prendre en compte des considérations morales, iln'en reste pas moins qu'en général, l'apparence de moralité est conservée.

Autrement dit, il est rare de voir l'Etatfaire quelque chose d'injuste ou de contraire au droit.

Mais cela arrive parfois, et c'est alors le concept de « Raisond'Etat » qui est mis en avant.

La raison d'Etat consiste en des considérations d'intérêt public par lesquelles onprétend justifier certaines mesures préjudiciables à des intérêts privés où à une personne et contraires à la justiceet à l'équité.

(Morfaux) Il est possible de se demander si il est dans ces cas là possible de remettre en cause l'Etat,et si ce dernier a le droit de faire abstraction de la morale.

● C'est ce que cherche à savoir Kant dans la Métaphysique des mœurs.

Pour l'auteur, si le domainepolitique est le domaine du droit, il n'en reste pas moins que le droit est lié à une habilité à contraindre ; lacontrainte est intérieure au concept de droit : « le droit et l'habilité à contraindre signifient donc une seule et mêmechose.

» $ E.

Ainsi, si le droit est la limitation réciproque des volontés sous une loi pratique rationnelle ; pour qu'ellesoit appliquée, il faut une contrainte.

Kant justifie donc la contrainte, et donne à l'Etat ce pouvoir de contraindre lesindividus à obéir aux lois et à respecter le droit.

Chez Kant, l'Etat est souverain et n'a que des droits envers sessujets, et pas de devoirs : le peuple lui doit une obéissance inconditionnelle, sans quoi il serait sans cesse endanger.

Si le régent procède contrairement aux lois, on peut se plaindre, mais il n'est pas possible de se révolter.

Sile régent invoque donc des « raisons d'Etat » pour justifier certains actes injustes et contraires au droit, le peuplene peut pas résister.

Rien ne peut lui imposer des bornes, pour que cela soit possible, il faudrait que celui qui limitela puissance de l'Etat soit aussi fort que lui, qu'il protège les sujets qui résistent, et puisse ordonner publiquement larésistance à ce n'est pas possible car si un tel être existait, il serait le souverain, ce qui est contradictoire.

« Contre le législateur suprême de l'Etat, il n'y a donc point d'opposition légale du peuple ; car un état juridique n'est possibleque par soumission à sa volonté législatrice universelle.

» II, I°section, remarque A.

à Pas le droit de sédition, de rébellion, sous prétexte d'abus de pouvoir d'attenter à la personne du monarque, haute trahison, et mort.

è Le politique peut donc faire abstraction de la morale sans avoir besoin de se justifier, et sans que ses actes soient remis en cause.

● C'est cette perspective que Max Weber adopte.

Il va encore plus loin que Kant en montrant que laviolence est l'apanage de l'Etat.

Ce dernier doit certes assurer la sécurité des individus, de la société qui l'a institué,mais il doit aussi assurer sa propre sécurité, sans quoi il y aurait anarchie.

La violence apparaît donc comme unecomposante inséparable de l'exercice de la souveraineté.

Pour justifier cette violence on parle de « raison d'Etat »,ce qui désigne l'impératif au nom duquel le pouvoir politique transgresse le droit ou la morale dans l'intérêt de l'Etat.Cette raison d'Etat apparaît comme justification supérieure au droit ou à la morale.

Autrement dit, dans certainesconditions, la sécurité de l'Etat justifierait un acte immoral ou illicite.

cf.

Le Savant et le Politique où Weber expliqueque l'Etat « revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique […].

Celui-ci passedonc pour l'unique source du « droit » à la violence.

» Il y aurait donc un droit de l'Etat qui lui permettrait de faire abstraction de la morale et de se situer au. »

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