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Le politique doit-il intervenir dans l'écriture de l'histoire ?

Publié le 03/09/2009

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histoire

En employant le terme « politique « au masculin, nous le rendons ambigu. En effet, un « politique « ou « le politique « sont des termes qui peuvent signifier au moins deux choses. Dans un premier sens, un politique est le mot qui désigne l’homme politique, c'est-à-dire l’individu qui s’occupe exclusivement des affaires touchant à l’organisation, à la gestion de la vie publique, et principalement au niveau le plus élevé : celui de la prise de décision. Mais dans un second sens, « le politique « désigne l’ensemble des activités, des domaines de pensée qui entrent dans la sphère de la politique, entendue comme la somme des connaissances et des procédés nécessaires à gouverner les hommes et à perpétuer le pouvoir exercé sur eux. Des phénomènes aussi distincts que les chansons, la littérature, la philosophie, les lieux de sociabilité peuvent donc être qualifiés de « politique « dès lors qu’ils sont liés d’une manière ou d’une autre à la vie publique.

Le mot « Histoire « désigne toute connaissance basée sur l’observation, la description de faits advenus dans le passé. Il y a lieu de distinguer entre l’histoire, récit véridique du passé, et l’Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l’avenir. Lorsque nous parlons d’écriture de l’histoire, nous faisons référence au processus de genèse de l’histoire comme discipline intellectuelle dont l’objet premier est l’étude du passé, ou, en d’autres termes, à ce dont s’occupent de manière privilégiée les historiens.

En posant la question « le politique doit-il intervenir dans l’écriture de l’histoire ? « nous devons garder à l’esprit les deux définitions du terme « politique «. Si nous parlons de l’homme politique, il pourra nous sembler que la réponse à la question qui nous occupe est négative : en effet, toute intervention d’un homme politique dans l’écriture de l’histoire risque de compromettre la qualité scientifique de cette dernière, c'est-à-dire sa vraisemblance et sa  valeur d’analyse objective des faits. Cependant, si nous parlons du politique comme l’ensemble des phénomènes politiques, nous changerons notre perspective en répondant par l’affirmative : il semble en effet que le politique ainsi entendu doit nécessairement intervenir dans l’écriture de l’histoire, à titre de facteur explicatif majeur des événements historiques. Néanmoins, nous verrons dans la dernière étape de notre réflexion que le politique ne doit nullement être considéré comme l’unique facteur explicatif devant intervenir dans l’écriture de l’histoire : les facteurs explicatifs économiques ainsi que les phénomènes littéraires artistiques doivent également intervenir dans l’écriture de l’histoire.

La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer dans quelle mesure le politique doit intervenir à titre de facteur explicatif dans l’écriture de l’histoire.

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« Le cas de l'homme politique intervenant dans le travail de l'historien : la compromission de l'œuvre de ce dernier b. Nous en viendrons à une conclusion comparable dans le cas de l'homme politique qui intervient indirectement dansl'écriture de l'histoire : il semble que dans ce cas précis également, le politique doit se garder d'une telle ingérence.Prenons l'exemple de Louis XIV et de ses rapports avec l''historien Mezeray, chargé d'écrire de son vivant l'histoiredu roi soleil.

L'historien ayant témoigné, sans doute sans le vouloir, des velléités d'indépendance dans l'appréciationdu passé, s'est vu supprimer la moitié de sa pension, et pourtant il «-portait ses feuilles à M.

Perrault qui étaitchargé de les censurer.

Un abbé Primi, Italien a été engagé à force de promesses à écrire une histoire de Louis XIV :le roi n'en a pas été davantage satisfait et a mis l'auteur à la Bastille ; la même situation advint dans le cas del'Anglais Burnet , auquel la même besogne fut demandée moyennant une pension et qui préféra se hâter de regagner son pays.

Cet exemple de l'ingérence de Louis XIV dans l'écriture de l'histoire de son propre règne est une preuve dufait que l'écriture de l'histoire doit se tenir à l'écart des politiques.

En effet, ces derniers sont tentés, à des finspersonnelles, de modifier le témoignage qui est tracé de leurs actes, compromettant la validité historique du travailde l'historien.

Ce dernier n'est plus digne du titre d'historien : il ne mérite plus que celui d'hagiographe ou depropagandiste.

Nous dirons donc que le politique ne doit nullement intervenir, ni directement, ni indirectement dansl'écriture de l'histoire, car son intervention détourne le travail de l'histoire de son objectif propre, qui est de livrerune réflexion objective et dépassionnée.

Louis XIV n'a pas eu d'historien véritable avant Voltaire et son « Siècle deLouis XIV », qui ne fut écrit qu'après sa mort. II.

Oui, le politique comme domaines associés à la politique doit intervenir dans l'écriture de l'histoire L'importance considérable du politique dans l'explication des évènements historiques a. Cependant, nous ne pouvons en rester à une thèse aussi critique pour le domaine du politique dans ses rapportsavec l'écriture de l'histoire.

En effet, comme nous l'avons montré en introduction, le terme « politique » estpolysémique et désigne dans un sens général l'ensemble des phénomènes qui ont trait à l'administration des rapportshumains dans la société.

A ce titre, et ainsi entendu, il semble bien que le politique doit nécessairement intervenirdans l'écriture de l'histoire.

En effet, ce sont bien les évènements politiques qui jalonnent l'histoire et qui décidentde son écriture.

Lisons à ce propos Rousseau qui reprochait aux événements catastrophiques dans l'ordre de lapolitique d'être les seuls à intéresser les historiens, l'écriture de l'histoire délaissant les peuples heureux pour ne seporter que vers ceux qui ont connu des changements majeurs dans l'ordre de la politique : « Un des grands vices de l'histoire est qu'elle peint beaucoup plus les hommes par leurs mauvais côtés que par lesbons : comme elle n'est intéressante que par les révolutions, les catastrophes, tant qu'un peuple croît et prospèredans le calme d'un paisible gouvernement, elle n'en dit rien ; elle ne commence à en parler que quand, ne pouvantplus se suffire à lui-même, il prend part aux affaires de ses voisions, ou les laisse prendre part aux siennes ; elle nel'illustre que quand il est déjà sur son déclin, toutes nos histoires commencent là où elles devraient finir ».

Emile , ou de l'éducation, Livre IV. Ce texte nous permet de voir que l'écriture de l'histoire est par définition une prise en compte de l'intervention dudomaine politique.

En effet, c'est parce que des changements interviennent dans ce domaine, « des révolutions »disait Rousseau avec une lucidité que l'on peut juger prémonitoire, que les historiens se trouvent avoir quelquechose à écrire dans leur récit du passé.

Nous dirons donc que non seulement le politique doit intervenir dansl'écriture de l'histoire, mais qu'en un sens plus profond, il est même la condition nécessaire de l'écriture de l'histoire. L'écriture de l'histoire se réduit-elle à une prise en compte de l'influence majeure du politiqu e b. Mais allant plus loin, nous pouvons nous demander si l'écriture de l'histoire ne se réduirait pas à une prise en comptede l'influence majeure du politique sur les événements.

En effet, si nous avons parlé en un sens général du politiquecomme de « l'ensemble des phénomènes qui ont trait à l'administration des rapports humains dans la société », c'estici le lieu de faire une rapide recension des formes diverses que le politique peut prendre.

Par politique, nouspouvons entendre l'ensemble des opinions exprimées à propos de l'état présent de l'organisation des rapportshumains dans une société, indépendamment des médiums pour ce faire : journaux, écrits politiques, romans,. »

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