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Le mal est-il une puissance ?

Publié le 27/02/2008

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     Le mal vient du latin « malum », et signifie ou exprime une souffrance, c'est-à-dire tout ce qui moralement, physiquement ou encore psychiquement affecte une personne en le faisant souffrir ou en lui causant du tort. Et en ce sens, le mal est généralement l'objet, notamment en moral, de désapprobation. C'est pourquoi il est l'opposé du bien, du bonheur et de l'innocence. En ce sens, le mal semble entièrement négatif. Or c'est ainsi que se pose le problème de savoir s'il s'agit d'une puissance ou dans quelle manière. Si l'on définit la puissance comme une capacité, le développement d'une force, il semble alors que le mal en tant que souffrance et destruction ne soit pas une puissance, lui-même étant pure négation. Ceci serait donc la première définition de la puissance en tant que l'exercice d'une faculté ou le développement d'une capacité. Or le mal diminue justement la puissance d'agir. Mais si le mal ne sert à rien alors comment comprendre son existence ? Ou d'une autre manière pourquoi vouloir le mal si cela est possible ? S'il est pur négativité il n'a aucun sens ni pour celui qui en use ni pour celui qui en pâtit. Or le mal existe, n'est-ce pas alors en vertu d'autre chose que lui-même ? Il serait donc en puissance d'autre chose, c'est-à-dire potentialité d'un plus grand bien à venir, et cette potentialité serait alors la seconde définition de la puissance. Mais plus simplement ne peut-on pas dire que le mal est une puissance simplement parce que la puissance est l'exercice d'une énergie, ici destructrice avec le mal : c'est-à-dire aussi une pulsion ? Et il s'agit bien ici de la troisième définition de la puissance. On le remarque, parler de puissance à propos du mal ne va pas de soi ou du moins ne s'accorde pas avec tous les aspects que peut développer l'acception du terme de puissance et c'est bien dans le cadre d'une approche définitionnelle que se développera notre réflexion. Et cela suivant les trois moments que nous venons de mettre en exergue suivant les trois définitions possibles que nous avons esquissé. Il s'agira d'en étudier le sens, le fondement et la valeur.

« puissance » de quelque chose : en l'occurrence du Bien.

Et c'est pourquoi Leibniz dans son Essai de théodicée , plus exactement dans les réponses aux objections nous dit bien que si une bataille existe c'est bien en vue d'une paixfuture assurée, donc en vue d'un plus grand bien.

Or de ce point de vue, comme il le dira à la fin de l'ouvrage : lemal en tant que tel n'est rien.

Il ne s'agit que d'un point de vue restreint sur un ensemble plus vaste dans l'espacemais aussi dans le temps, comme on peut le voir dans un tableau si l'on ne s'accordait qu'à regarder qu'un seul détaildans un tableau au lieu de contempler la beauté de l'ensemble, c'est-à-dire pour Leibniz : la création de Dieu.c) Mais du point de vue humain, c'est-à-dire non plus cosmologique ou théologique, on peut dire aussi que le malest bien ce qui nous fait agir comme Leibniz le montre dans ses Nouveaux essais sur l'entendement humain . Cependant, si Leibniz ne parle du mal en particulier il parle tout de même de l'inquiétude, c'est-à-dire la peuréventuelle d'une douleur ou d'un mal.

Et en ce sens, on peut dire alors que le mal, même s'il s'agit d'une définitionplus souple et plus large, est bien ce que l'on cherche à éviter d'où l'inquiétude.

Il s'agit donc du pendant négatif dumal, et d'une certaine manière son développement psychologique ; et cela d'une façon anticipée.

Or si l'on agit envue d'éviter un mal, alors ce dernier est encore une puissance d'agir mais d'une manière négative et surtout enpuissance du bien.

Transition : Ainsi le mal existe bien mais il n'est pas exactement une puissance d'action, c'est-à-dire d'agir.

Plutôt il est enpuissance d'un bien, c'est-à-dire en vue d'un plus grand bien.

Cependant, nous pouvons voir dans le mal unepuissance dérivée dans la mesure où c'est pour l'éviter que nous sommes industrieux.

Mais jusqu'à présent nousavons pris le mal dans une acception quasi positive ou sans faire référence explicitement à sa valeur destructrice.Or n'est-ce pas justement en tant que force destructrice que le mal peut être considéré comme une puissance etremet aussi en cause, corrélativement, toute volonté de théodicée ? III – Puissance, force, violence & destruction : Thanatos a) En effet, de son point de vue destructeur, on peut dire que le Mal est bien une puissance : une puissancedestructrice notamment par l'emploi de la force qu'il suppose, que ce soit une violence physique, morale oupsychique.

Or c'est bien en ce que Gusdorf dans La vertu de la force nous dit : « Réduite à elle-même, la violence est absurdité pure, désespoir de l'humain.

Le légionnaire romain tue Archimède ; le milicien nazi massacre lesavant juif, l'artiste non conformiste […] La faiblesse de la violence nue est si évidente qu'elle doute de soi : chaquerégime de force cherche, par tous les moyens, au besoin en se mystifiant lui-même, à s'autoriser en se référant àune instance qui le dépasse.

» En ce sens, le mal, en tant que déploiement de la violence par la force est bien unepuissance : une puissance destructrice et absurde certes mais elle n'est reste pas moins une puissance.

Et c'estbien au second sens de puissance ici que nous avons affaire c'est-à-dire l'idée d'une énergie ou d'un pouvoir actif etefficace, c'est-à-dire tendant à produire des effets bien réels.b) Or l'existence de cette puissance en l'homme n'est pas un accident, mais plutôt constitutive de l'homme commel'a bien montré Freud .

En effet, dans Malaise dans la civilisation, il nous bien que l'homme n'est pas l'être débonnaire assoiffé d'amour mais au contraire, un être qui porte en lui une somme d'instincts d'agressivité.

Le prochain pour luin'est pas seulement un auxiliaire et un objet sexuel possibles, mais aussi un objet de tentation.

Tenté de satisfaireses besoins de violence : « Homo homini lupus : qui aurait le courage, en face de tous les enseignements de la vieet de l'histoire, de s'inscrire en faux contre cet adage ? ».

En ce sens, en l'homme, comme il le montre dans sonAbrégé de psychanalyse, il y a deux pulsions fondamentales : Eros & Thanatos, c'est-à-dire une puissance(tendance) de liaison, de conservation, et une autre, donc une pulsion de destruction ; en somme un pulsion demort.

Le mal en tant que puissance appartient bien à cette seconde pulsion et en développe tout le potentiel.

Etc'est bien ce que nous montre aussi l'examen de l'histoire semble-t-il.c) En effet, après la Second Guerre mondiale des penseurs comme Hans Jonas dans Le concept de Dieu après Auschwitz reposent justement la question du mal à l'aune de ce crime contre l'humanité.

Le mal est donc à prendre au sérieux : il est une puissance à juste titre c'est-à-dire une énergie négative et nous permet alors d'entrevoir lapossibilité d'un mal radical, c'est-à-dire une pure négativité.

Et c'est bien en ce sens qu'il s'agit d'un crimeimprescriptible, un crime contre l'essence de l'humanité : « L'extermination des juifs est le produit de la méchancetépure et de la méchanceté ontologique » […] Crime contre-nature […] Oublier ce crime gigantesque contre l'humanitéserait un nouveau crime contre le genre humain » ( Jankélévitch L'imprescriptible, Pardonner ? Dans l'honneur et la dignité ). Conclusion : Le mal est donc bien une puissance au sens où l'on peut entendre le terme de puissance comme l'idéed'une énergie ou d'un pouvoir actif et efficace, c'est-à-dire tendant à produire des effets bien réels.

Le mal esteffectivement une énergie, négative et destructrice, présence en l'homme, comme une pulsion : celle de mort,Thanatos.

Le mal n'est donc en vue d'autre chose que lui-même et ne peut recevoir de justification valable dansune théodicée.

Il est du seul fait de l'homme et doit nous amener à produire alors une anthropodicée.

Le mal n'estpas dérivé : il est radical.. »

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