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Le facteur social dans la formation de la personnalité. ?

Publié le 14/06/2009

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Introduction. — Pour l'École sociologique française (Durkheim), c'est à la société que nous devrions d'être des personnes. Contre cette conception, il était facile de faire valoir que la vie en société ne suffit pas à humaniser : les fourmis et les abeilles menaient, bien avant l'apparition de l'homme sur la terre, une vie collective qui fait l'admiration des entomologistes, cependant nous ne voyons pas que ce mode d'existence ait été plus favorable à leur développement individuel que le régime de vie plus indépendant des mammifères ou des oiseaux. On est bien obligé de reconnaître à l'homme une faculté ou un pouvoir congénital qui le différencie essentiellement de l'animal : ce pouvoir, c'est la raison. On l'attribue à l'esprit, dont la fonction essentielle est la pensée, alors que les animaux n'ont qu'une âme par laquelle ils vivent et sentent, mais ne peuvent prendre une conscience réfléchie de ce qu'ils éprouvent ou de ce qu'ils font. Il n'en reste pas moins vrai que la vie collective joue un rôle de première importance dans la formation de l'homme, dans l'apparition et le développement des facultés qui font de lui une personne. I. — PERSONNE ET PERSONNALITÉ Et d'abord, que faut-il entendre par les mots personne et personnalité ? Dans le théâtre romain, « persona « désignait le masque des acteurs. Ce masque servait à désigner la condition sociale ou même le caractère moral du personnage qui était en scène : esclave ou affranchi, ivrogne ou avare, veuve ou courtisane... C'est cette fonction du masque des acteurs romains qui a déterminé le sens du mot personne. Dans le langage courant, le mot « personne « est réservé aux êtres pensants et étendu avec le qualificatif de « moral « aux groupements humains : un syndicat ou une amicale ont une personnalité morale.

« des efforts, réprimant la tendance naturelle à la jouissance immédiate ou à la paresse : que d'ascétisme dans la vied'un étudiant qui prépare un concours ou dans celle d'un joueur s'entraînant pour un grand match ! Grâce à cesefforts que la société propose aux ambitieux, la volonté peu à peu s'affermit : l'individu qui, à l'origine, était l'esclavedu plaisir du moment, a acquis la maîtrise de soi-même.N'atteint-il pas le minimum de maîtrise de soi que la collectivité exige de ses membres, des sanctions lui font prendreconscience de sa responsabilité et, par suite, de la liberté que la responsabilité implique.

Durant la retraite, c'est lacrainte d'être fait prisonnier qui faisait découvrir au soldat exténué des réserves d'énergie qu'il n'aurait jamaissoupçonnées sans cette circonstance ; de même, la punition ou la menace d'une punition mène l'enfant à prendreconscience du pouvoir de choisir et à l'exercer à un âge où il est encore souple et facilement éducable.Ainsi la société accélère dans l'individu l'apparition des caractères qui en font une personne : la conscience et lamaîtrise de soi.

Elle les renforce : l'enfant élevé dans une société parvenue à un haut degré de civilisation seconnaît et se gouverne mieux que l'adulte d'une société primitive.

Si le facteur social ne crée pas les facultéscaractéristiques de la personne, il est une condition indispensable de leur développement. III.

- LE FACTEUR SOCIAL ET LA PERSONNALITÉ Ayant contribué à faire de l'individu une personne, la société agit ensuite sur lui de façon à préciser sa personnalitéet à lui donner des traits qui constitueront sa physionomie propre.

Son action se présente sous deux formesopposées : tantôt elle tend à une plus grande différenciation ; tantôt elle cherche, au contraire, l'unification ou,suivant le mot de Spencer, « intégration ». A.

La vie collective nous différencie les uns des autres d'abord en nous faisant naître dans un milieu déterminé.

Legenre de vie mené durant l'enfance, les réflexions enregistrées, les exemples dont on a été le témoin laissent uneempreinte profonde : le même enfant sera bien différent, parvenu à l'âge adulte, suivant qu'il aura été élevé par unefamille française ou par une famille allemande ; un petit Français fils d'un manoeuvre sans aucune culture aura,parvenu à l'âge mûr, une personnalité bien différente de celle d'un fils de famille élevé dans un milieu cultivé et quiaura bénéficié de tous les moyens de formation humaine que permet la fortune.Plus tard, la différenciation déjà acquise est fixée et en quelque sorte matérialisée par le choix d'une profession.

Lavie collective, en effet, entraîne la division du travail, et une société évoluée propose à ses membres des fonctionstrès variées et qui exigent des aptitudes fort diverses.

Les individus de goûts semblables étant réunis par laprofession, il s'établit des relations nouvelles, au cours desquelles ces goûts se précisent et s'accentuent.

De plus,les occupations professionnelles remplissant la majorité des heures de notre vie consciente modifient insensiblementmais profondément et définitivement notre mentalité et même, dans certains cas, notre attitude et notre allurephysique : la profession se lit dans l'expression du visage, dans le port de tête ou dans le geste de certainsmilitaires ou de certains prêtres.Enfin, tout au long de la vie, la collectivité nous différencie par ses réactions à notre égard.

Notre aspect physiquecompterait beaucoup moins dans l'élaboration de notre personnalité si nous vivions seuls : une difformité comme lagibbosité, ou un avantage extérieur comme un beau teint n'auraient que leur importance physiologique, qui est fortmédiocre.

A plus forte raison, la collectivité agit-elle sur notre personnalité morale.

Nous ne pouvons pas ajouterune coudée à notre taille ou résorber une bosse ; mais nous pouvons modifier considérablement, suivant lesexigences ou les invitations de notre milieu, les manifestations de notre vie intérieure, et par là la vie intérieure elle-même ; l'humoriste ne s'est pas fait tout seul : c'est son entourage qui, en relevant le sel de certains de sespropos, l'a poussé à prendre toutes choses par le côté qui les rend piquantes ; en se faisant sa personnalité,l'humoriste a sans doute suivi une prédisposition naturelle, mais il a encore plus cédé à la suggestion de son milieu.En résumé, c'est la société qui nous Fait prendre conscience de notre position dans le milieu dans lequel nousvivons.

On pourrait dire, retournant une formule célèbre, qu'elle nous oppose et qu'en nous opposant elle nous pose. B.

ll ne faudrait pas croire, cependant, qu'elle vise à une opposition ou à une différenciation illimitée.

Elle unifieencore plus comme l'exige la vie collective.

On peut suivre cet effet d'unification en remontant les étapes que nousavons indiquées pour montrer comment la société nous différencie.Par ses réactions instinctives tout d'abord, la collectivité tend à réprimer toute manifestation sortant des cadresnormaux.

Le nouveau, l'extraordinaire, la choque ; elle est décontenancée, dirait-on, devant cette situationimprévue, et, ne pouvant porter un jugement justifié, elle prend le parti de condamner.

Ensuite, toute supérioritéhumilie ceux qui doivent la reconnaître : aussi voit-on la conscience collective accorder sa faveur à l'homme dont lavaleur ne dépasse guère la moyenne et qui par là même n'offusque personne, et la refuser à celui dont la grandeurécrase ceux qui la soupçonnent.

Ainsi, par une sorte de jeu de bascule, les caractères personnels que la viecollective avait contribué à révéler et à renforcer s'atténuent peu à peu et parfois s'effacent.Cet effacement résulte bien souvent de la formation ou plutôt de la déformation professionnelle.

Chez certains —c'est leur force, mais en même temps leur faiblesse -- les soucis du métier polarisent toute l'activité : on n'a plusaffaire au camarade de collège dont on avait connu et aimé l'originalité naturelle, ni même au jeune officier ouvert àtoutes les grandes préoccupations de son temps, mais à l'aviateur, qui ne voit que les records de vitesse, ou aufonctionnaire du 2– Bureau, pour qui l'humanité se divise en deux catégories : les espions et les espionnés.

Chezd'autres, la profession a exercé plus profondément son travail d'uniformisation : même dans le rôle qui leur estmarqué, ils jouent comme des automates, sans souci et sans pensée, et pour le reste végètent au jour le jour.Cependant c'est, semble-t-il, durant la période de formation que la collectivité exerce le plus activement surl'individu son action uniformisante.

Si notre famille nous différencie, elle nous uniformise encore plus, et le typefamilial ne nous quittera pas : notre accent, notre vocabulaire, notre tenue, les principes qui seront commel'armature de nos pensées personnelles, nous les devons à notre famille ; or, la famille est, dans une très largemesure, l'écho de la société plus large dans laquelle elle s'intègre.

Cette société, lorsque l'enfant commence à. »

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