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Le droit n'existe-t-il que par convention ?

Publié le 16/03/2009

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droit

Pour Aristote, la fin du droit est le juste. Or la nature a fixé de justes proportions, de justes rapports entre les choses. Il revient donc au droit en tant que science de découvrir ces rapports et à l'art juridique de les faire respecter. Ce respect est, par ailleurs, presque acquis puisque la sociabilité naturelle de l'homme l'incline à rechercher le bien commun et donc le juste.De son côté, Cicéron qui reprend les idées politiques des stoïciens, affirme qu'il y a une loi naturelle, éternelle et immuable, dont les principes sont les règles de la raison et qui nous porte au bien et nous détourne du mal : « Il existe une loi vraie, c'est la raison droite, conforme à la nature, répandue dans tous les êtres, toujours d'accord avec elle-même, éternelle, qui nous porte impérieusement à accomplir notre devoir, nous interdit la fraude et nous en détourne... Quiconque n'obéit pas à cette loi s'ignore lui-même et parce qu'il méprise sa nature d'homme, il subira le plus grand châtiment, même s'il échappe à tout ce qu'on appelle ordinairement supplice. « (« De la République.«, livre III). Cette raison s'impose aux hommes : de même qu'ils ne pourront jamais faire que la somme des trois angles d'un triangle ne soit pas égale à deux droits, ils ne pourront faire que le crime soit juste ou le vol honnête. Elle se présente comme une loi transcendante qui a existé bien avant l'apparition des peuples et des sociétés civiles.

* Convention: 1) Décision prise en commun sur certains points. 2) Ce qui résulte d'une convention au sens 1. 3) arbitraire.

* Arbitraire: a) Qui n'est pas fixé par les lois. b) Contingent. c) Conventionnel. d) Qui dépend d'une décision libre. e) Péjoratif; non motivé et par là abusif.

Il doit apparaître qu'il y a lieu de prendre en compte les différents sens sous lesquels on peut penser le terme "convention" ici si l'on veut instaurer une problématique rigoureuse.

* De quel droit s'agit-il ? Droit positif ? Droit naturel ? Droit fondé moralement ?

* Remarquer qu'il y a sans doute lieu de ne pas identifier - comme si cela allait de soit- "existence" et "origine".

* Ne pas oublier que le sujet précis posé est: le droit n'existe-t-il que par convention ?

 

  • I) Le droit est une institution sociale et historique.

a) Le droit est le résultat d'un contrat. b) L'expérience infirme l'hypothèse d'un droit naturel. c) Le droit est un produit de la culture.

  • II) Il existe un droit naturel, expression de la raison universelle.

a) Le droit ne peut pas être simplement positif. b) Il existe une loi vraie. c) Le droit naturel est juge du droit positif.

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droit

« contrat est caduque.

Il faut donc préciser qu'un contrat n'est valable qu'à condition que les parties veuillentlibrement et en connaissance de cause l'objet de la convention.En second lieu, un contrat est une convention, et cela à tous les sens du terme : une convention en cela queles parties conviennent du contrat, cad qu'il résulte d'elles et d'elles seules (à moins d'une clause illicite).Convention aussi en cela que le contrat n'existe pas antérieurement à l'association des volontéscontractantes.

Le contrat crée ex nihilo une règle singulière de droit, certes dans le respect des autres règleset des procédures, mais sans que cette règle soit « naturelle » et antérieure à l'acte juridique.

Aussi lecontrat est-il un moyen de créer artificiellement du droit, et non de déduire du droit de la nature.

Le contratest une fabrication, une production de droit.

La loi traditionnelle était bien plutôt imitation de la nature.

Nousdirions du droit traditionnel qu'il est mimétique et du droit contractuel qu'il est « poétique », activité deproduction.

On n'agit pas, dans le contrat, selon une règle qu'une autorité supérieure prescrit, mais selon larègle qu'on s'est donné.La règle ne précède pas le langage juridique, c'est la parole qui produit le droit.

Le contrat repose sur unengagement, la règle est avant tout parole donnée.

Passer un contrat est de la puissance même de la parole. L'expérience infirme l'hypothèse d'un droit naturelSi un droit naturel existait, on trouverait des lois constantes et universelles dans les juridictions desdifférents pays.

Or, un simple regard, nous montre le contraire.

Ce qui est autorisé ici et défendu là-bas.

Lerelativisme juridique est une évident.

Pascal dira: "Sur quoi [le souverain] la fondera-t-il, l'économie du monde qu'il veut gouverner ? Sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? Quelle confusion ! Sera-ce sur la justice? Il l'ignore.Certainement, s'il la connaissait, il n'aurait pas établi cette maxime, la plus générale de toutes celles qui sontparmi les hommes, que chacun suive les moeurs de son pays ; l'éclat de la véritable équité qui auraitassujetti tous les peuples, et les législateurs n'auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette justiceconstante, les fantaisies et les caprices des Perses et Allemands.

On la verrait plantée par tous les États dumonde et dans tous les temps, au lieu qu'on ne voit rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité enchangeant de climat [...].Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà.De cette confusion arrive que l'un dit que l'essence de la justice est l'autorité du législateur, l'autre lacommodité du souverain, l'autre la coutume présente ; et c'est le plus sûr : rien, suivant la seule raison,n'est juste de soi ; tout branle avec le temps.

La coutume fait toute l'équité, par cette seule raison qu'elleest reçue ; c'est le fondement mystique de son autorité.

Qui la ramène à son principe, l'anéantit." Ce texte de Pascal s'ouvre sur une question qui s'adresse à tout gouvernant d'un État : sur quel principecelui-ci doit-il fonder l'organisation (« l'économie ») de la société qu'il veut gouverner ?S'agit-il de fonder le droit sur « le caprice de chaque particulier» ? Pascal rejette cette solution qui ne peutaboutir qu'à une confusion, celle qui résulte des désirs changeants et contradictoires de chacun, où nulgouvernement ne peut trouver sa cohérence.S'agit-il de le fonder sur l'idée de la justice et de régler les lois sur ses exigences ? Or, pour Pascal, les princesignorent ce qu'est la justice universelle, et c'est cette thèse qu'il va tenter de démontrer dans ce texte.S'ils connaissaient une telle justice, en effet, ils n'auraient pas établi cette règle, « la plus générale de toutescelles qui sont parmi les hommes », qui consiste à affirmer que « chacun suive les moeurs de son pays » et laconception de la justice que les traditions développent chacune en particulier.

Descartes lui-même, dans leDiscours de la méthode, reprendra à son compte une telle règle, lorsqu'il adoptera une « morale provisoire »pour accompagner l'épreuve du doute : suivre les moeurs de son pays et les valeurs qu'elles établissent.Une telle règle, si communément admise, prouve que nul n'a pu déterminer la justice universelle, celle qui seserait imposée à tous les peuples avec l'évidence de la vérité.

Si une telle vérité existait, elle aurait soumistous les peuples, non par la contrainte qu'imposent les guerres, mais par la seule force de la reconnaissance «de la véritable équité ».

Celle-ci se serait imposée d'elle-même, enracinée (« plantée ») dans le coeur deshommes et dans leurs États, en tout lieu et en tout temps.Or, l'histoire nous montre une « relativité » des conceptions du juste et de l'injuste qui parle d'elle-même.

Cequi est juste ici est considéré comme blâmable là et réciproquement.

Ce qui est le bien en France (au-deçàdes Pyrénées) est une erreur ou un vice en Espagne (au-delà des Pyrénées).

Nous ne pouvons que nousmoquer alors d'une justice qui « change de qualité en changeant de climat », justice qui doit être davantageobjet de plaisanterie (« plaisante justice ») que de respect.

Pascal ne se contente pas ici de dénoncer l'incapacité de la raison à déterminer les principes de la justiceauthentique et universelle.

Sur cette impuissance, nous dit-il, les hommes tirent des conclusions sur la naturede la justice, contre lesquelles il s'oppose.

Les philosophes, en effet, au lieu de remettre en cause la relativitédes conceptions du juste et de l'injuste, ne trouvent rien de mieux que d'essayer de la légitimer, ajoutantencore plus à la confusion.L'un, confondant la justice de Dieu et le pouvoir du souverain, affirmera que « l'essence de la justice estl'autorité du législateur » et que c'est lui, qui du haut de l'arbitraire de son bon-vouloir, décide de ce qui doitêtre considéré comme juste ou injuste.

Tel autre affirmera que cette autorité repose sur « la commodité dusouverain », sur ce qui lui agrée et constitue son intérêt propre.

D'autres enfin soutiennent que la seuleautorité de la justice provient de la force de la coutume, le temps et l'usage ayant ainsi force de loi.

Cetteforme de scepticisme moral repose sur l'idée que la raison ne nous découvre aucune justice absolue.Or, ici, les philosophes établissent, selon Pascal, un faux lien causal et concluent abusivement, de. »

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